Burkina Faso: Aperçu des Besoins Humanitaires 2024 (mars 2024)

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Contexte de la crise

La crise multidimensionnelle au Burkina Faso continue de s’intensifier au vu d’une extension géographique des incidents de sécurité touchant la population civile, de nouveaux déplacements de populations et de violations accrues des droits humains, engendrant l’impact le plus dévastateur sur les populations civiles depuis ces cinq dernières années. La population du Burkina Faso fait face à une grave crise due à une insécurité généralisée qui compromet leur accès aux services sociaux de base et aux moyens de subsistance, ainsi que le respect de leurs droits humains fondamentaux et l’application effective du droit international humanitaire.

Démographie et facteurs socio-culturels

• Population : estimée à 23,3 millions de personne (projection en 2024)

• Augmentation de la population +3 %/ an ⇒ croissance démographique une des plus élevée des pays de la région du Sahel (après le Niger et le Tchad)

• Caractérisée par sa jeunesse : + 77,9 % de la population a moins de 35 ans et 45,3 % de moins de 15 ans.

• Population majoritairement rurale (73,9 %) mais d’urbanisation rapide à cause des mouvements liés à l’insécurité

• Augmentation d’urbanisation : 22,7 % en 2006 ⇒ 31 % en 2021

• Près de 59,3 % des Personnes Déplacées Internes (PDI) sont accueillies dans les zones urbaines

• Plus de 71 % des personnes nouvellement déplacées entre janvier et octobre 2023 sont enregistrées dans les zones urbaines

• Taille ménage : 5,2 personnes

• Personnes vivant avec un handicap : 15 %

Économie et Moyens d’existence Le Burkina Faso étant l’un des pays les plus pauvres du monde, les différentes formes d’inégalités augmentent et impactent la vulnérabilité des populations. L’Indice de pauvreté multidimensionnelle (IPM) en 2023 estime que 86,3 % de la population est en situation de pauvreté multidimensionnelle dont 66,5 % avec une intensité de privation. Le pays est classé 184ème sur 191 pays par l’Indice de Développement Humain (IDH) en 2021 et 7,3 millions de personnes vivent toujours en dessous du seuil de pauvreté. Une baisse des moyens de subsistance liée à la crise sécuritaire est observée. Considérant que les deux principaux moyens de subsistance des populations dans le pays sont l’agriculture et l’élevage, et que 56,2 % de la population en emploi sont des agriculteurs, ceux-ci sont particulièrement affectés par la crise sécuritaire. De plus, 47 conflits entre agriculteurs et éleveurs ont été enregistrés en 2022, généralement liés à la question foncière.

Selon l’évaluation multisectorielle des besoins MSNA (Multi-Sectoral Needs Assessment) en 2023, presque un tiers (29 %) des ménages ont rapporté une diminution de leurs revenus, et parmi eux 52 % ont rapporté que cela était dû à des difficultés d’exercer leurs emplois en raison de l’insécurité. Avec un taux de chômage de 10 % en milieu urbain et 5,1 % en milieu rural, le Burkina Faso a enregistré un taux d’inflation de 14,3 % en 2022 contre 3,7 % l’année précédente, couplé à une baisse de la croissance de 2,7 % en 2022 contre 6,9 % en 2021. Ce niveau d’inflation est considéré comme le plus élevé parmi les membres de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA). L’inflation des articles de sécurité alimentaire a particulièrement augmenté avec une hausse qui a atteint les 30 % en 2022, ainsi que les prix des hydrocarbures (18,34 % de hausse en mai 2022), cette situation a aussi un impact significatif sur les opérations humanitaires au vu de l’utilisation croissante des hélicoptères de UNHAS.

L’insécurité entrave considérablement l’accès humanitaire dans plusieurs localités du pays (la reconquête du territoire national reste la principale priorité du Gouvernement de transition) notamment dans les régions frontalières avec le Niger et au Mali.

L’accès est l’un des plus grands défis de la réponse humanitaire. Le volume des échanges commerciaux avec le Mali et le Niger s’est considérablement réduit à cause de la situation sécuritaire. Selon le Score de Fonctionnalité des Marchés (SFM), les dimensions liées aux circuits d’approvisionnement (capacité des commerçants à renouveler leurs stocks), à l’accessibilité des routes d’accès aux marchés ainsi qu’à la disponibilité des produits sont celles qui expliquent le plus les dysfonctionnements des marchés.