Communiqué sur la situation alimentaire au Burkina Faso

Ouagadougou - 29 août 2005 - Contexte Le Burkina Faso, à l'instar des autres pays du Sahel, est confronté à des difficultés alimentaires consécutives à l'invasion acridienne et, surtout, à l'arrêt précoce des pluies au cours de la campagne agricole 2004 - 2005. En effet, malgré un excédent céréalier réalisé au cours de la campagne passée, les populations de certaines localités font face à des difficultés alimentaires. Dans les sept provinces les plus vulnérables identifiées par plusieurs missions successives et conjointes Gouvernement/SNU/ONG, ces difficultés se sont traduites par a) des problèmes de disponibilité au niveau familial, et d'accessibilité au niveau des marchés, généralement bien approvisionnés, b) une détérioration des termes de l'échange bétail/céréales au détriment des ménages d'économie pastorale et agropastorale, et c) le recours à des stratégies d'adaptation et de survie. Par exemple à Dori, dans la province du Séno, (Région du Sahel) le sac de 100 kg de petit mil coûtait 24,400 cfa au 14 Août contre une moyenne de 14,500 cfa pour la même période les années antérieures.

Face à ces difficultés alimentaires, le gouvernement, avec l'aide de partenaires au développement, avait dès novembre 2004 initié différentes opérations d'assistance alimentaire d'urgence à travers des ventes à prix social, l'approvisionnement des banques de céréales, la distribution de semences couplée à l'aide alimentaire dans le cadre d'une stratégie de « protection des semences ». D'autres part, les partenaires habituellement impliqués dans des actions de sécurité alimentaire ont intensifié leurs programmes de développement, principalement dans les domaines de l'alimentation scolaire, de l'alimentation supplémentaire, etc. Les agences du Système des Nations Unies ont accompagné le Burkina dès le début des difficultés à travers l'action du PAM, de la FAO, de l'UNICEF, du PNUD et de l'OMS avec l'appui de OCHA pour les activités de coordination.

La situation actuelle

Grâce aux effets positifs conjugués de l'existence de stocks céréaliers, de la très productive campagne agricole 2003 - 2004 et dans une moindre mesure, de celle de 2004 - 2005, de la gestion compétente du Stock National de Sécurité, qui a permis la distribution des aides précoces, et du ciblage efficace des zones les plus vulnérables, les conséquences de la crise ont pu être amoindries. Le Burkina Faso ne connaît donc pas, actuellement, de situation de crise alimentaire généralisée. Cependant, au regard du caractère aléatoire de la pluviométrie dans ce pays sahélien et de l'existence de poches de difficultés alimentaires, le Système des Nations Unies au Burkina préconise le maintien de la vigilance et la poursuite d'actions ciblées en étroite coordination avec le Gouvernement et les ONG. Des missions conjointes d'évaluation sont actuellement sur le terrain dans l'objectif d'affiner le ciblage de ces poches pour une meilleure efficacité de l'assistance alimentaire. En tout, grâce à l'action du Gouvernement mais aussi de celles de ses partenaires comme les agences du Système des Nations Unies et les ONG environ 36.000 tonnes de céréales seront distribuées jusqu'aux prochaines récoltes.

Les perspectives à moyen et long termes

Face à cette situation en voie de normalisation, le Système des Nations Unies au Burkina appelle à la poursuite des efforts déployés pour la gestion des problèmes chroniques de l'insécurité alimentaire et de la malnutrition en vue de renforcer les capacités des populations à affronter les chocs alimentaires par le biais d'actions comme : a) un plan intégré pour la prévention, l'identification et la prise en charge appropriée des problèmes de malnutrition, b) la reconstitution du Stock National de Sécurité et la mise en place d'une stratégie de gestion des stocks céréaliers sur une base sous régionale en collaboration avec les Etats voisins du Burkina et les institutions à vocation sous régionale, et, c) l'amélioration de la gestion des ressources en eau et le développement d'une irrigation tournée vers la diversification des productions agricoles et à la promotion des cultures de contre saison.