Les Nations Unies et les ONG appellent au renforcement urgent de la protection des populations civiles au Sahel

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Dakar, le 11 juin – Les agences humanitaires des Nations unies et les organisations non gouvernementales se félicitent de l’organisation d’une réunion ministérielle sur le Sahel le 12 juin, faisant suite à l’établissement de la Coalition pour le Sahel et du Partenariat pour la Sécurité et la Stabilité au Sahel (P3S).

En effet, la situation sécuritaire dans les pays du G5 Sahel s’est considérablement dégradée ces derniers mois, entrainant des déplacements forcés et des conséquences humanitaires sans précédent et générant un besoin de protection des populations civiles. Cette situation est aujourd’hui exacerbée par la propagation du COVID-19 à travers la région.

Le Sahel est confronté à un contexte d’insécurité croissante, marqué par la prolifération des groupes armés, les violences inter et intra-communautaires, les incidents liés aux Engins Explosifs Improvisés (EEI), la criminalité transnationale et la multiplication des violations de droits humains par les différentes parties au conflit. Les attaques perpétrées contre les civils augmentent, y compris dans les zones d’accueil de personnes déplacées internes et réfugiés à Mentao et Dori au Burkina Faso, Intikane, Tahoua, Tillabéri au Niger et dans le nord du Mali. L'insécurité et les attaques entravent l’accès aux services sociaux de base, notamment aux centres de soins de santé et aux écoles, et aux biens de premières nécessités comme l’eau et la nourriture.

L’accès limité aux services sociaux et l’absence de perspectives socio-économiques pour la grande majorité de la population, y compris les jeunes, les vulnérabilités chroniques et la faiblesse des systèmes nationaux sont des facteurs aggravant la situation dans la région. Les crises humanitaires et de développement cumulées risquent de dévaster la région et d’entrainer davantage une crise de la protection.

De nombreux rapports préoccupants font état d’une recrudescence de violations graves des droits de l’homme commises par les différents belligérants. Les organisations humanitaires s’inquiètent des exécutions extrajudiciaires, du recrutement forcé, notamment des enfants, des enlèvements et prises d’otage, des viols ainsi que de la stigmatisation grandissante et la discrimination à l’encontre de certains groupes soupçonnés d’être de connivence avec des groupes armés.

Face à ce contexte, nous appelons au renforcement urgent de la protection des populations civiles dans la région. Une action concertée et renforcée s’impose d’urgence pour venir en aide aux plus vulnérables, et endiguer la propagation de la crise. Si nous n'agissons pas maintenant, la crise causera encore plus de souffrance et de déplacements forcés, coûtera encore plus de vies, dévastera des communautés et se propagera dans de nouvelles régions.
Les organisations humanitaires recommandent aux Etats membres du G5-Sahel, de la coalition, et à l’ensemble des acteurs armés de :

  1. S’engager à respecter leurs obligations internationales en matière de droits humains et de droit international humanitaire.

  2. Garantir un accès humanitaire sans entrave aux populations déplacées de force, à leurs communautés hôtes et aux populations civiles dans leur ensemble.

  3. Promouvoir la distinction entre militaires et humanitaires. En raison de la situation volatile au Sahel, les acteurs militaires et humanitaires opèrent sur le même territoire, rendant la coordination civilo-militaire cruciale. Pour assurer le fonctionnement de ces mécanismes, il est essentiel de garantir la représentativité des forces de sécurité dans les forums de coordination civilo-militaire. Etant donné la détérioration rapide de la situation sécuritaire, ainsi que la multiplicité des acteurs militaires, le besoin de United Nations Nations Unies lignes de conduites claires sur les relations civilo-militaires dans le respect des principes humanitaires et des mandats de chacun est essentiel.

  4. Garantir la protection des civils, notamment des personnes déplacées et des réfugiés, des femmes, filles, personnes âgées ou personnes ayant des besoins spécifiques et de renforcer les actions de prévention des violences basées sur le genre. Dans le centre et l’est du Mali, dans le nord du Burkina Faso et dans l’ouest du Niger, l’accès de la population aux services administratifs, aux écoles, aux centres de santé et à d’autres structures sociales est limité suite au retrait de personnel et de fonctionnaires. Le retrait ou désengagement des autorités administratives, judiciaires et policières de certaines zones vulnérabilise les populations qui se retrouvent sans protection étatique.

  5. Condamner les violations de droits humains, de lutter contre l’impunité, de garantir l’accès à la justice des victimes et de s’engager à l’application des peines et du respect de l’Etat de droit.

  6. Promouvoir une solution politique basée sur la cohésion sociale, la réconciliation et la gouvernance locale. La nature prolongée des crises et des déplacements exige une plus grande mobilisation pour la mise en œuvre d’approches nouvelles, notamment à travers le renforcement de la résilience des populations affectées.

Les Directeurs Régionaux du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), du Programme alimentaire mondial (PAM), de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaire (OCHA), d’Action contre la Faim (ACF), et du Conseil Norvégien pour les réfugiés (NRC).