OCHA Burundi: Besoin impératif de faire face aux problèmes d'accès et de protection

Bujumbura, 12 juin, 2001
Besoin impératif de faire face aux problèmes d'accès et de protection - Il est préoccupant que le Burundi reste l'une des situations d'urgence les moins soutenues financièrement dans le monde. - Le Coordonnateur Assistant des Interventions d'Urgences et Directeur du Bureau de Coordination des Affaires Humanitaires (ocha) à Genève a accompli une mission de trois jours au Burundi.

Le Coordonnateur Assistant des Interventions d'Urgences et Directeur de ocha Genève a terminé une mission de trois jours au Burundi destinée à lui permettre d'évaluer la situation humanitaire actuelle. Au cours de sa visite, il a rencontré les membres du gouvernement, les représentants des agences des Nations Unies, le mouvement de la Croix Rouge et les Organisations Non Gouvernementales (ONG) ainsi que le corps diplomatique et la communauté des bailleurs de fonds. Monsieur Mountain a pu se forger une opinion sur la situation des personnes déplacées à l'intérieur du pays grâce à une visite des sites situés dans la province de Bubanza, ainsi que sur la crise nutritionnelle en visitant un centre nutritionnel thérapeutique à Bujumbura Rural.

«Les Nations Unies sont fortement préoccupées par la crise humanitaire qui sévit au Burundi. Le pays fait face actuellement à l'un des problèmes les plus graves de déplacement de population en Afrique», a déclaré monsieur Mountain. Sur une population de 6,65 millions habitants, quelques 380,000 personnes sont inscrites comme déplacées internes dans 210 sites situés à travers le pays. Quelques 200,000 personnes sont également dispersées dans des zones difficilement accessibles, ce qui les empêche de bénéficier de l'aide humanitaire. De plus, elles ne peuvent rentrer chez elles en raison de l'insécurité persistante. «Il est urgent d'accroître l'assistance apportée à ces populations, surtout aux femmes et aux enfants», a affirmé monsieur Mountain. «Il est d'une importance capitale que les provisions destinées aux personnes déplacées à court et long terme puissent leur être fournies à tout moment. »

Monsieur Mountain a déclaré que la signature, par le Ministre des droits de la personne humaine et le Coordonnateur humanitaire au Burundi, d'un Cadre Permanent de Concertation pour la Protection des Personnes Déplacées (CPC/PPD) internes a représenté un grand pas en avant pour ce qui concerne la protection des personnes déplacées. Il a ajouté qu'un forum conjoint sur les problèmes relatifs aux personnes déplacées, à l'accès et à la protection, a également été mis en place. Enfin, le Cadre permettra la mise en application les Principes Directeurs des Nations Unies sur les interventions humanitaires et le déplacement intérieur.

La malnutrition demeure un problème très préoccupant. En mars 2001, plus de 98 000 personnes ont en effet bénéficié de rations supplémentaires. En comparaison, on a inscrit en mars 2000, moins de 40 000 bénéficiaires dans des centres de nutrition thérapeutique. Le nombre de personnes souffrant de malnutrition grave, soit 4 298 personnes soignées dans les Centres de nutrition thérapeutique était deux fois plus élevé qu'en mars 2000. Les chiffres relatifs à l'épidémie de paludisme sont également alarmants. Près de 247 000 malades ont subi un traitement dans les hôpitaux et centres de santé en avril 2001, soit 150 000 de plus qu'en avril 2000.

Monsieur Mountain a constaté qu'il existe encore des carences à suppléer pour la fourniture de l'aide humanitaire et les services aux déplacés et autres groupes vulnérables. Il est nécessaire que les besoins relatifs à l'accès aux soins de santé, à la nutrition et à l'eau potable soient comblés dans l'immédiat. L'aide humanitaire devrait être fournie de manière intégrée tout en répondant aux besoins des communautés d'accueil qui ont été souvent appauvries par le conflit.

Monsieur Mountain a encouragé le gouvernement à déployer tous ses efforts pour assurer au personnel humanitaire un accès sécuritaire à tous les groupes de populations vulnérables, en particulier celles de Bujumbura Rural. Il a également souligné que tous les acteurs du conflit devraient respecter les principes de l'action humanitaire, y compris ceux d'impartialité, de neutralité et de non-discrimination. Le Burundi reste le pays qui reçoit le moins de financement dans toutes les situations d'urgence dans le monde. Au cours de l'année 2000, les Nations Unies ont reçu un quart seulement des fonds demandés. La réponse à l'Appel Consolidé inter agence des Nations Unies 2001, demandant 102 millions de dollar américain reste jusqu'ici décevante, avec seulement 15% des besoins couverts jusqu'en fin mai. Monsieur Mountain a exprimé sa préoccupation qu'un financement faible retarde une réponse efficace aux diverses crises que traverse le Burundi.

La révision de l'Appel Consolidé 2001 (CAP) prend en considération la crise dans les secteurs de la santé, de la nutrition et de l'agriculture. Les Nations Unies ont lancé un appel de fonds de 9,7 millions de dollars américains supplémentaires en vue de répondre efficacement aux besoins nouveaux.

Monsieur Mountain a encouragé la communauté des donateurs à renforcer leur soutien aux efforts humanitaires afin de fournir des services de base et de l'aide aux groupes vulnérables qui ont été les principales victimes du conflit. Une telle action devrait encourager le processus de réconciliation nationale et protéger la ressource naturelle la plus importante au Burundi, c'est-à-dire sa population.

NATIONS UNIES
Bureau de Coordination des Affaires Humanitaires au Burundi