Besoin urgent de renforcer l’aide humanitaire en Côte d’Ivoire

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(New York/Abidjan/Dakar 27 avril 2011): La crise postélectorale est à l’origine de besoins humanitaires énormes pour des milliers de personnes qui ont été contraintes au déplacement, ou qui ont perdu des biens importants y compris leurs moyens de subsistance. La vulnérabilité de ces personnes est aggravée par l’insécurité à certains endroits ainsi que les difficultés d’accès aux services essentiels tels que la santé, l’éducation et l’hygiène.

«Une bonne partie de la population a été directement ou indirectement touchée par la crise qui a commencé en fin 2010. Ces populations ont besoin d’être assistées sans délai pour retrouver des conditions de vie acceptables et leur dignité» a déclaré le Coordonnateur Humanitaire, M. Ndolamb Ngokwey.

Pour appuyer les structures gouvernementales et les acteurs humanitaires à identifier rapidement les besoins des personnes les plus vulnérables, les Nations Unies ont déployé des membres de l’équipe chargée de l’évaluation et de la coordination en cas de catastrophe (UNDAC) à Abidjan et à l’ouest du pays depuis le 19 avril.

A l’ouest du pays, l’équipe de l’UNDAC, en étroite collaboration avec les agences des Nations Unies, a mené des évaluations. Il est ressorti de ces évaluations que des besoins humanitaires aigus persistent dans les secteurs des abris, de la nourriture, des soins médicaux, des services d’eau et d’assainissement, de l’accès à l’éducation et de la protection.

Des villages partiellement détruits et un déplacement important de populations ont été constatés sur plusieurs axes dans les régions du Moyen Cavally et des Montagnes. La situation sécuritaire reste précaire dans le triangle Zouan Hounien, Toulepleu-frontière, Bloléquin, zone totalement sinistrée et qui mérite une attention particulière.

Les distributions de bâches, d’ustensiles de cuisine, de nattes et autres produits non-vivres sont essentielles afin de permettre à la population de retrouver des conditions de vie meilleure. La situation sécuritaire incertaine crée des craintes et empêche les populations d’envisager un retour dans l’immédiat. La présence d’armes et les risques d’abus sexuels requièrent une réponse importante au niveau de la protection.

Par ailleurs, les besoins de nourriture, ainsi que des soins médicaux se sont accrus. Malgré les pillages des centres de santé, des pharmacies et des maternités, le personnel médical commence à regagner leurs postes. Il y a une nécessité d’accélérer le redémarrage des campagnes de vaccination des enfants.

La désinfection des points d’eau et la réparation des pompes manuelles, ainsi que la promotion de pratiques d’hygiène essentielles sont d’une grande nécessité.

A Abidjan, des équipes conjointes composées des agences des Nations Unies, de l’Organisation Internationale des Migrations (IOM) et de l’Agence Adventiste d'Aide et de Développement (ADRA) ont participé avec l’UNDAC à des visites d’évaluation rapide de la situation humanitaire dans les quartiers d’Abobo, Anyama, Adjamé, Koumassi, Port Bouët et Grand-Bassam entre le 19 et le 22 avril.

Les résultats de ces évaluations ont révélé des besoins importants de soutien aux efforts du gouvernement dans les domaines de la protection des civils, de la santé, de l’éducation et de l’hygiène publique.

Dans le domaine de la santé, il faut urgemment désengorger les structures hospitalières de référence, qui sont actuellement débordées, faute de dispensaires ou structures communautaires opérationnelles. Un appui ponctuel sous forme de cliniques mobiles, de fourniture de médicaments et consommables est nécessaire et a d’ailleurs été initié par plusieurs organisations humanitaires.

‘’Avec la saison des pluies imminente, des travaux de curage des canalisations, de déblaiement des égouts, de nettoyages des marchés et autres lieux publiques s’avèrent essentiels pour la prévention de maladies à caractère épidémique comme le choléra.’’ a déclaré M. Laurent Dufour, chef de l’équipe UNDAC en Côte d’Ivoire.

La rentrée scolaire, le 26 avril, n’a pas pu être effective dans toutes les écoles au vu de l’ampleur des pillages des écoles et du manque d’enseignants. Le recrutement d’enseignants bénévoles est en cours pour couvrir une partie des besoins.

Les personnes déplacées à l’ouest de la Côte d’Ivoire sont en ce moment estimées à 150 000 tandis que pour Abidjan, il resterait environ 10 000 personnes hébergées dans des églises ou écoles, principalement à Yopougon. Ce chiffre ne comprend cependant pas les dizaines de milliers de personnes qui sont encore dans des familles d’accueil ou dans leurs villages d’origine.

L’appel de fonds d’urgence pour la Côte d’Ivoire et les pays voisins –Liberia, Ghana, Guinée, Togo- d’un montant de 160 millions de dollars est financé à hauteur de 20%; soit 32 millions de dollars mobilisés à ce jour.