Côte d'Ivoire: "Laissons les enfants aller à l'école!"

(Abidjan, le 14 mai 2004) - La crise socio-politique qui perdure depuis le 19 septembre 2002 ne cesse d'aggraver chaque jour les conditions de survie et de développement des enfants vivant en Côte d'Ivoire qui, comme tous les enfants du monde, doivent jouir intégralement de tous leurs droits, en particulier du droit fondamental à une éducation de base de qualité.
Il y a lieu de rappeler que, depuis le début de cette année, près d'un million d'enfants d'âge scolaire ne peuvent pleinement jouir d'une scolarité normale, en particulier dans les zones ouest et nord de la Côte d'Ivoire, du fait des conséquences du conflit des adultes. L'insécurité avec son triste cortège de violences physiques, morales et psychiques d'une part, le redéploiement extrêmement limité des personnels enseignants d'autre part, sont autant de facteurs directement liés à la crise et qui privent aujourd'hui des milliers d'enfants de ce droit inaliénable qu'est le droit à l'éducation.

Il a été noté que les derniers et regrettables événements du mois de mars ont eu un fort impact sur la scolarité des enfants dans la capitale économique, avec la fermeture des écoles durant deux jours, de sérieux traumatismes ont pu être observés sur de nombreux enfants voire des membres du corps enseignant et des parents d'élèves, notamment dans des quartiers aux populations particulièrement vulnérables comme Abobo, Rio d'Anyama et Koumassi, comme en témoignent des enquêtes.

Ce 13 mai 2004, suite à certaines déclarations menaçantes enregistrées au cours des derniers jours, des centaines d'élèves à Abidjan, se sont vu, sous la menace, refuser l'accès aux écoles, et, bon nombre d'entre eux, ont dû marcher et faire ensuite le siège, sous le soleil durant plusieurs heures, victimes d'une implication indirecte dans une cause allant au delà de leurs capacités d'analyse et de choix.

Il faut rappeler, avec force et foi à la communauté nationale que, " refuser ou empêcher, directement ou indirectement, l'accès à l'école à un enfant " est en violation flagrante de la Convention relative aux Droits de l'Enfant que la Côte d'Ivoire a ratifiée et signée le 11 février 1991, et que, quels que soient le contexte et les circonstances, quelles que soient leurs origines sociales, culturelles, religieuses et géographiques, les enfants ne sauraient en aucun cas être les victimes ou les otages de toute action ou situation relevant de conflit militaire, politique, ethnique ou social.

C'est pourquoi le Système des Nations Unies, à travers ce communiqué, lance un appel solennel et pressant aux autorités politiques, militaires et religieuses, aux membres de la société civile, en l'occurrence les personnels enseignants, les dirigeants syndicaux, les parents d'élèves, les responsables d'associations de toutes sortes, et les représentants des communautés pour qu'ils se mobilisent en vue de défendre, de préserver et de protéger tous les droits de tous les enfants de la Côte d'Ivoire, en l'occurrence le droit à l'éducation et de conserver les écoles comme des espaces de paix !

La communauté internationale ne ménagera aucun effort pour apporter son soutien au Gouvernement de réconciliation nationale et à la société civile pour prévenir et empêcher l'inacceptable : " que l'on puisse porter atteinte à l'intégrité physique et morale des enfants et que des enfants d'âge scolaire puissent être maintenus en dehors des écoles " !

Mar Dieye
Le Coordonnateur Humanitaire par intérim
Bureau OCHA Côte d'ivoire