Côte d'Ivoire: Le Coordinateur Humanitaire des Nations Unies déplore les heurts de Duékoué et appelle au calme et à la cohésion sociale

Abidjan, le 06 mai 2005 - Le vendredi 29 avril 2005, des heurts ont éclaté entre des Dioulas et des Guérés à Duékoué, ville située à 484km à l'Ouest d'Abidjan, et ont entraîné une vingtaine de personnes tuées et plus de 9000 personnes déplacées. Le conflit aurait commencé du fait que la communauté Guéré n'aurait pas suivi un appel à la grève lancé quelques jours plus tôt par la communauté Dioula pour dénoncer la montée de l'insécurité, les tracasseries routières par la police et les incidents de racket.

Cette incompréhension a vite dégénéré en trois jours affrontements violents qui ont duré, selon les agences humanitaires, du vendredi 29 avril au lundi 2 mai 2005 à travers lesquels machettes, fusils à feu et autres armes blanches ont été utilisés par des membres des deux communautés.

Ainsi les populations civiles de la ville de Duékoué, déjà affectées par plus de deux ans de crise, ont subi une nouvelle fois les affres d'une dispute entre deux communautés, intimement liées par la géographie et l'histoire.

Les agences humanitaires dénombrent actuellement 7,000 personnes déplacées à la paroisse catholique Sainte Thérèse de Duékoué. Tandis qu'on comptait près de 2,000 autres déplacés dans les locaux de la mairie de Duékoué en début de semaine, ce chiffre aurait baissé de moitié en date du vendredi 6 mai 2005. Un troisième groupe non-chiffré de déplacés serait dans des familles d'accueil à Duékoué ville. Ces populations civiles déplacées sont pour la grande majorité des femmes, des enfants et des personnes âgées.

Les agences humanitaires oeuvrent afin d'apporter l'assistance humanitaire adéquate. Le bureau de coordination des affaires humanitaires a conduit une mission d'évaluation du 3 au 4 mai dernier afin d'identifier les besoins des personnes déplacées. Les besoins se résument notamment en termes d'accès à l'eau potable, d'hygiène, de médicaments, de vivres et non-vivres, et de protection physique tant dans les sites de déplacement que dans leurs zones de résidence habituelle. Des médicaments et un appui médical ont été apportes à l'hôpital de Duékoué.

Le coordonnateur Humanitaire saisit cette douloureuse occasion pour saluer l'abnégation, t l'esprit de sacerdoce, et de réaction rapide des acteurs humanitaires oeuvrant sur le terrain et lance un appel a la communauté des bailleurs des fonds pour un financement encore plus accéléré de l'action humanitaire en Cote d'Ivoire.

Le jeudi 5 mai, l'adjoint du représentant spécial des Nations Unies, M. Alan Doss, le chef de bureau du Bureau de coordination des affaires humanitaires et le chef de la division des Droits de l'Homme de l'ONUCI ont séjourné à Duékoué pour réconforter les populations, donner un signal fort que les Nations Unies condamnent ces actes qui perturbent la vie des populations paisibles et prennent le contre-pied des récentes avancées politiques et rassurer les populations que l'ONUCI, dans la mesure de ces moyens et dans le cadre de son mandat, veillera t à la protection des populations civiles.

Le Coordinateur Humanitaire déplore les évènements survenus à Duékoué entre le 29 avril et 2 mai qui ont entraîné des pertes en vies humaines et le déplacement de milliers de personnes.

L'Ouest ivoirien demeure la région la plus instable du pays. Elle nécessite un concert d'efforts nationaux et internationaux, tant financiers qu'en ressources humaines, pour atténuer les heurts et autres conflits qui sont en passe de devenir.

Le Coordinateur humanitaire invite le Gouvernement de Réconciliation Nationale, les autorités civiles et militaires, et les chefs religieux et traditionnels, à prendre toutes les mesures adéquates afin de favoriser le retour rapide de ces populations déplacées dans leurs zones habituelles de résidence.

Il appelle le gouvernement de réconciliation nationale, les partenaires extérieures et toutes les forces vives, notamment les populations civiles elles-même, à travailler de concert afin de promouvoir un programme de cohésion sociale visant tout le territoire ivoirien, notamment l'Ouest, qui permettra de détruire les murs de méfiance qui se dressent entre communautés.

Mr. Abdoulaye Mar Dieye
Coordonnateur Humanitaire des Nations Unies

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Pierre Marie N'Goré, Chargé de communication et plaidoyer OCHA
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