Communiqué de presse du Coordonnateur Humanitaire en Côte d'Ivoire, 27 avril 2006

Le Pr Walter Kalin, Représentant du Secrétaire Général de l'ONU pour les Droits de l'Homme des Personnes Déplacées vient d'effectuer une mission de cinq jours en Côte d'Ivoire au cours de laquelle il a souligné la nécessité de traiter de manière plus approfondie et structurée la problématique du déplacement interne en Côte d'Ivoire.

Le Coordonnateur Humanitaire saisit cette occasion pour partager les informations suivantes sur cette importante question.

  • Les acteurs humanitaires en Côte d'ivoire sont profondément conscients de la situation critique vécue par les déplacés, tant concernant leur protection que pour la satisfaction de leurs besoins vitaux. Ils se sont totalement investis depuis le début de la crise pour répondre à ces besoins, avec la mise en œuvre de projets dans les secteurs de l'eau et de l'assainissement, de la santé primaire, de la sécurité alimentaire, de l'éducation, du développement communautaire, de la protection et de la cohésion sociale, et ce sur l'ensemble du territoire, en ciblant les personnes les plus vulnérables.

  • Les acteurs humanitaires ont fait preuve d'une réactivité immédiate et d'une mobilisation de tous les instants pour apporter une assistance d'urgence auprès de dizaines de milliers de déplacés, suite aux affrontements et conflits inter -communautaires qui ont éclaté de façon récurrente dans certaines zones du pays, au cours des trois dernières années.

  • La question des déplacés internes a fait l'objet d'une attention particulière dans le « Cadre d'Analyse des Besoins » qui a servi à établir le Plan d'Action Humanitaire Commun du Processus d'Appel Consolidé (CAP Cote d'Ivoire 2005 et 2006) élaboré par l'ensemble des acteurs humanitaires, en consultation avec le Gouvernement.

  • En 2005 les membres du IAHCC (Comité de Coordination Humanitaire Inter-Agences) ont commandité une étude sur les conditions de vie des personnes déplacées d'où il ressort notamment, que :

    - Le nombre de déplacés en situation de grande vulnérabilité est actuellement estimé à près de 700 000 personnes sur cinq zones, à savoir Abidjan, Daloa, Duekouè, Toulepleu et Yamoussoukro,

    - Plus de 90 % des déplacés ont été pris en charge par des familles d'accueil,

    - Les familles ont accueilli en moyenne six déplacés, avec comme conséquence une forte pression sur leurs ressources et pour certaines un début de paupérisation grandissante,

    - 50 % des déplacés indiquent avoir vu leur santé se dégrader,

    - 30 % des enfants déplacés n'ont pas les moyens d'aller à l'école,

Ces informations sont une bonne base pour l'élaboration d'une stratégie globale pour renforcer la réponse aux besoins des déplacés internes.

D'ores et déjà, face à l'urgence des besoins et à l'impérieuse nécessité d'y répondre de façon pratique et concertée, les Agences du Système des Nations Unies, en relation avec des partenaires au développement, ont pris, entre autres, les initiatives suivantes :

i. La rédaction, en 2005, d'aide-mémoire co-signés par les agences et les partenaires au développement, pour interpeller le Gouvernement et obtenir son engagement sur les cinq priorités humanitaires que sont : «l'impératif de protection, l'accès à l'eau potable, la disponibilité des soins de santé de base, le droit à l'éducation, et le redéploiement de l'administration et des services sociaux ».

ii. Un plaidoyer continu sur les « Principes Directeurs relatifs au déplacement interne » avec un accent particulier sur les aspects de protection et des droits fondamentaux.

iii. Le lancement du CAP Côte d'Ivoire 2006 par le Secrétaire Général de l'ONU, à la tribune des Nations Unies, le 30 novembre 2006, à New York, pour optimiser la visibilité de la crise et la mobilisation de ressources.

iv. L'accès au CERF (Fonds Central d'Intervention d'Urgence) pour des activités d'urgence en réponse aux besoins des populations déplacées à l'ouest.

En cette période d'intenses négociations pour sortir de la crise que traverse le pays, le Coordonnateur Humanitaire lance un appel au Gouvernement et aux partenaires, pour répondre au défi que constitue la satisfaction d'une manière plus complète des besoins des déplacés et leur retour dans des conditions de sécurité et de vie acceptables.

A cet effet le Coordonnateur Humanitaire exhorte toutes les parties impliquées dans la résolution de la crise, de tout mettre en œuvre pour que cet objectif soit réalisé au plutôt. Cette sortie de crise est en effet la condition essentielle pour la reprise économique et partant, la réduction de la pauvreté au sein des populations, et en particulier les déplacées et les communautés d'accueil.

Abdoulaye Mar DIEYE