La protection des civils, priorité urgente de la grave crise humanitaire affectant des milliers de personnes en Côte d'Ivoire

(Abidjan, le 3 avril 2011) - La Côte d'Ivoire connait une crise majeure aux lourdes conséquences humanitaires. Les combats qui se déroulent depuis plusieurs jours ont compromis gravement la sécurité des personnes à Abidjan, dans l'Ouest et le Centre du pays où des massacres ont eu lieu. Des centaines de personnes ont été tuées à Duékoué et Guiglo, et les investigations en cours rapportent d'autres lieux d'exactions et de tueries.

A Abidjan, la situation sécuritaire s'est gravement détériorée ces dernières 48 heures, empêchant les populations de se mettre à l'abri, entrainant la suspension de l'assistance en cours auprès de plus de 90000 personnes déjà déplacées, et rendant pour l'heure presque impossible toute assistance aux nouvelles victimes.

« De graves violations des droits de l'homme ont été commises ces derniers jours. La protection des civils demeure une priorité urgente. Les agences humanitaires des Nations Unies et les organisations nongouvernementales nationales et internationales exhortent les parties en présence à tout faire pour éviter de nouvelles violences, garantir le respect du droit international, assurer la sécurité des populations, et permettre aux acteurs humanitaires d'accéder aux populations en détresse », a déclaré aujourd'hui M. Ndolamb Ngokwey, le Coordonateur humanitaire en Côte d'Ivoire.

Les services de base ne sont plus assurés dans une grande partie du pays, alors que des milliers de déplacés, plus de 500 000 selon le Haut Commissariat aux Réfugiés, ont quitté Abidjan les derniers jours pour trouver refuge dans d'autres régions. A Duékoué et dans plusieurs villes de l'Ouest, les déplacés ont fui soit dans les forêts avoisinantes, soit se sont refugiés sur des sites ou dans des familles d'accueil, elles-mêmes déjà fragilisées par la situation. Plus de 30 000 personnes vivent sur deux sites d'accueil à Duékoué, tandis que de nombreux corps sans vie jonchent les rues de la ville, augmentant les risques d'épidémie. On estime à plus de 250 le nombre d'enfants refugiés dans les forêts avoisinantes que les soldats de la mission de paix tentent de secourir depuis lors. Près de 10 000 personnes qui ont fui la localité de Péhé et ses environs sont totalement démunies. Des investigations sont en cours pour permettre une évaluation approfondie de la situation et des besoins.

Les populations déplacées, composées majoritairement de femmes et d'enfants, ont besoin de vivres, de nonvivres, d'abri, de soins de santé et de mesure d'hygiène et d'assainissement.., Les organisations humanitaires ont commencé à distribuer des vivres, améliorer les services d'assainissement, fournir des soins de santé et assurer l'approvisionnement en médicaments, tandis que l'identification d'autres sites pouvant accueillir les déplacés est en cours.

« Nous sommes face à une grave crise humanitaire, comportant de sérieux défis de protection. Nous sommes prêts a apporter l'assistance nécessaire mais ne pouvons le faire sous la menace des armes ni en l'absence d'ordre et de droit. Nous appelons les parties au conflit à cesser le feu, afin d'épargner les civils et nous permettre de secourir les vies », a déclaré a Abidjan M. Ngokwey.