Déclaration Conjointe du Ministre des Affaires Sociales et de la Réconciliation Nationale et du Coordonnateur Humanitaire sur la situation humanitaire en Centrafrique

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Bangui, le 25 mai 2017 – La violence a encore frappé la ville de Bria, au Centre de la République centrafricaine. Entre le 15 et le 18 mai, à cause d’affrontements d’une violence inouïe entre groupes armés rivaux, la ville s’est vidée de sa population. Sur les 47 500 habitants que compte Bria, 41 409 ont subi un déplacement forcé. En l’espace de quelques jours, en quête de sécurité, la population a afflué dans un flot ininterrompu vers sept sites. Parmi eux, le site spontané créé aux environs de la Force internationale est le plus étendu et abrite à ce jour 23 969 personnes. Ils viennent s’ajouter aux 3 000 personnes que le site comptait déjà suite aux violences du 21 novembre 2016. Depuis décembre 2013, la République centrafricaine n’avait plus connu un déplacement de population aussi massif.

Devant cette situation préoccupante, le ministre des Affaires sociales et de la réconciliation nationale, Virginie Baïkoua, et le Coordonnateur humanitaire en République centrafricaine, Najat Rochdi, expriment leur inquiétude face à « cette nouvelle flambée de violence dont les civils paient le plus lourd tribut ». Avec la coloration religieuse prise par les affrontements, des centaines de maisons ont été brulées, des biens pillés et saccagés.

Confrontée à la détresse de ceux qui ont tout laissé derrière eux et qui à présent manquent de tout, la communauté humanitaire a déroulé une réponse dans les premiers jours qui ont suivi les affrontements mais en raison du très grand nombre de déplacés, les stocks ont été vite épuisés. Sur les sites, en pleine saison pluvieuse, le besoin le plus urgent est la disponibilité des abris. Les denrées alimentaires font également partie des urgences. Depuis Bangui et Bambari, des bâches et des rations alimentaires sont en cours d’acheminement depuis Bria mais l’insécurité et la vétusté des axes routiers ont retardé leur arrivée à bonne date. La communauté humanitaire est également à pied d’œuvre pour répondre aux besoins en termes d’approvisionnement en eau potable et d’assainissement. En effet, la promiscuité et une hygiène défaillante sont des facteurs favorisant la propagation de maladies. C’est par exemple, le cas de l’Hôpital de Bria, où les déplacés sont en contact avec des maladies contagieuses au quotidien. Tous les quartiers de Bria n’ont pas été saccagés mais dans le climat d’insécurité qui prévaut dans la ville, la crainte des violences et des représailles force les déplacés à rester dans l’environnement hostile des sites.

Conscients de la gravité de la situation à Bria, Virginie Baikoua et Najat Rochdi se sont déjà engagées dans un plaidoyer pour la sécurisation des quartiers qui n’ont pas été pillés afin de favoriser le retour des déplacés et de désengorger les sites. Ce plaidoyer inclut une protection accrue des communautés à risque spécifiquement ciblées par la violence.

Etant donné l’ampleur de la crise et l’étendue des conséquences humanitaires à Bria le ministre des Affaires sociales et le Coordonnateur humanitaire ont alerté sur les dangers d’une propagation de la violence. « La résurgence des derniers foyers de tensions au cours des deux dernières semaines a fait environ 100 000 nouveaux déplacés, 200 blessés et 300 morts. A ce bilan s’ajoutent les maisons incendiées, les réserves alimentaires pillées et les biens saccagés soit autant de besoins nouveaux auxquels la communauté humanitaire devra répondre alors que les ressources financières stagnent » ont-elles rappelé.

Outre les violences observées au cours des deux dernières semaines, depuis janvier 2017, le nombre de déplacés suit une tendance à la hausse, passant de 402 240 personnes à 440 000 entre mars et avril. Si cette tendance se confirme, la République centrafricaine pourrait atteindre la barre des 500 000 déplacés à la fin du mois de mai. Un déplacement de population aussi massif n’avait plus été observé depuis décembre 2013 au plus fort de la crise.

Cette urgence arrive à un moment où la communauté humanitaire est en train de répondre à d’autres crises tel qu’à Bangassou ou Alindao où respectivement 14 814 et 14 293 déplacés dépendent plus que jamais de l’assistance humanitaire. Virginie Baikoua et Najat Rochdi ont signalé « qu’une multiplication des foyers de tension et des besoins pourrait mener vers une crise de grande envergure dont les conséquences pourraient être plus graves qu’en 2013 car la réponse humanitaire en RCA reste encore largement sous-financée ». Arrivé à la moitié de l’année, le financement du Plan de réponse humanitaire de 399,5 millions de dollars n’atteint que 64,8 millions.

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