Les chefs des agences humanitaires lancent un appel pour un financement et une attention accrus en faveur de la Centrafrique

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Bangui, le 28 avril 2017 - Les chefs des agences humanitaires des Nations Unies ont lancé un appel urgent à la communauté internationale à ne pas négliger la République centrafricaine (RCA), où le conflit et les fréquents pics de violence ont contraint 884 276 personnes soit un cinquième de la population à des déplacements forcés, augmenté la faim et la malnutrition et empêché les personnes les plus vulnérables d’accéder l'aide humanitaire.

«Le peuple centrafricain a besoin de notre soutien maintenant», a déclaré Najat Rochdi, Coordonnateur humanitaire pour la RCA. «L'indifférence et la négligence ne sont pas des choix possibles car la paix est en jeu. Nous ne pouvons pas prendre le risque de voir ce pays retomber dans une crise de grande envergure dont les effets seront ressentis bien au-delà des frontières de la RCA».

Cet appel couronne une visite de quatre jours en RCA des représentants régionaux d'agences des Nations Unies et d'organisations non gouvernementales. Elle leur a donné l’occasion de s’entretenir avec les communautés affectées, la société civile, les bailleurs, les acteurs humanitaires et les autorités nationales à Bangui ainsi que de visiter la préfecture de l'Ouham Pendé au Nord-Ouest du pays. Cette région a été récemment touchée par un pic de violence. Leur appel en faveur d’un financement et d’une attention accrus revêt une importance particulière après une recrudescence de la violence dans l'Est et le Nord-Ouest du pays qui avait déclenché de nouveaux déplacements. Dans le même temps, le sous-financement de l’aide a forcé de nombreuses organisations humanitaires et d’aide au développement à réduire l’ampleur de leur présence et parfois à se retirer complétement.

«Il est encourageant de voir comment les communautés peuvent se relever si elles ont les outils et le soutien adéquats», a déclaré Abdou Dieng, Directeur régional du Programme alimentaire mondial pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre. «J'ai vu comment les gens sont prêts à transformer une page très sombre dans leur vie et à avancer ».

«Répondre aux causes profondes de la violence intercommunautaire est essentiel pour promouvoir la sécurité et permettre aux communautés et aux services gouvernementaux de se redéployer. Cela est d’autant plus réussi lorsque le gouvernement, la société civile et les agences d'aide au développement travaillent ensemble», a ajouté Richard Danziger, Directeur pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre de l’OIM.

De grands défis demeurent cependant. Une recrudescence de la violence en octobre 2016 a obligé des dizaines de milliers de personnes à fuir leurs maisons et a contraint les travailleurs humanitaires à opérer dans des conditions encore plus dangereuses. La RCA détient un des taux les plus élevés d'attaques contre les humanitaires au monde. Six ont été tués en 2016 seulement.

Près de la moitié de la population - soit 2,2 millions de personnes - dépend de l'aide humanitaire pour survivre. En raison de l’absence de l’autorité et des services de l’Etat dans la plupart des régions, les acteurs humanitaires fournissent environ 50% des services sociaux de base. Le sous-financement chronique est tout aussi inquiétant dans la mesure où il menace l’existence d’une aide vitale. Le Plan de réponse humanitaire de 399,5 millions de dollars pour la RCA en 2017 – pour venir en aide à 1,6 million de personnes – n’est financé qu’à 10% seulement. Le plan de réponse de 2016 d’un montant de 531,5 millions de dollars avait été financé à moins de 40%. Dans plusieurs régions, le départ de partenaires humanitaires faute d’un financement suffisant accroit la vulnérabilité des populations. Dans ces zones, ils étaient souvent les seuls à procurer des services sociaux de base à la population.

«Les partenaires internationaux et nationaux doivent mutualiser leurs efforts pour une réponse humanitaire concertée et rapide en vue de construire une République centrafricaine paisible et prospère", a expliqué Yves Habumugisha, Directeur de l’ONG World Vision pour l'Afrique de l'Ouest. «Ne pas agir maintenant signifierait augmenter les souffrances et hypothéquer les efforts visant à atténuer les conséquences économiques et sociales».

«Lentement mais sûrement des progrès ont été réalisés. Avec les Centrafricains, nous devons maintenant adapter notre récit à cette évolution et bâtir sur les développements encourageants qui ont été observés. Par exemple, il est prometteur de voir que les réfugiés dans les pays voisins ont commencé à revenir même si le mouvement de retour est encore timide » a ajouté Anne-Marie Deutschlander, Directrice adjointe pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre du HCR.

«Nous avons vu des signes de progrès et des opportunités que nous devons capitaliser; Nous devons sortir des sentiers battus », a déclaré Allegra Baiocchi, Représentante pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA). «Nous devons offrir des solutions tangibles aux Centrafricains. Cela implique que les acteurs humanitaires et du développement travaillent à la réalisation d’objectifs communs, qui coordonnés avec l'action du gouvernement, peuvent offrir un véritable changement. Pour cela, nous appelons de tous nos vœux une sécurité accrue, mais nous avons surtout désespérément besoin de ressources financières. Nous ne pouvons pas laisser tomber la Centrafrique ».

Pour plus d’informations, veuillez contacter OCHA RCA

Yaye Nabo Séne, Cheffe de section, Information publique + 236 70 08 75 65, seney@un.org
Eve Sabbagh, Chargée d’Information publique, OCHA (Dakar): +221 77 56 99 654, sabbaghe@un.org

Les communiqués de presses d’OCHA sont disponibles sur www.unocha.org ou www.reliefweb.int