République Centrafricaine: la communauté humanitaire s’inquiète de la décision du gouvernement de fermer le site de déplacés de l’aéroport de M’Poko au 15 septembre

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(Bangui, 02 septembre, 2015): Le 28 aout dernier, au cours d’une réunion convoquée par la Ministre des Affaires sociales, de la Promotion du genre et de l’Action humanitaire, en présence du Ministre des Transports et de l’Aviation civile, le Bureau de la Coordination des Affaires Humanitaires (OCHA) et de l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), le Gouvernement a fait part de sa décision de procéder à la fermeture du site de M’Poko à la date du 15 septembre, la raison invoquée étant le démarrage des travaux du mur de clôture de l’aéroport.

Au cours de sa réunion tenue le 1er Septembre, l’équipe humanitaire pays a débattu de la question et tient à rappeler sa position, qui se présente comme suit :

  • Tout en reconnaissant la responsabilité du Gouvernement dans la sécurisation d’un lieu public comme l’aéroport international de M’Poko, la communauté humanitaire tient une fois de plus à encourager le Gouvernement à privilégier le retour volontaire des populations installées sur le site plutôt que de procéder à une éviction par la force. C’est sur cette base que la communauté humanitaire s’est engagée à travailler avec le gouvernement pour la mise en œuvre d’une solution de retour appuyée par un « paquet d’assistance ». Plusieurs actions ont été entreprises au cours des derniers mois : recensement des ménages (y compris les personnes les plus vulnérables), identification de la solution de retour préférée, recherche de financements, et définition d’un « paquet de retour » qui consiste en un appui en argent, une ration alimentaire d’une durée de deux mois et des équipements non-alimentaires comme des moustiquaires imprégnés et des bâches.

  • La solution préférée par l’écrasante majorité des déplacés de M’Poko était le retour, soit dans les quartiers où ils résidaient, soit dans les quartiers où ils estiment être en sécurité. Comme la sécurité est apparue comme une des préoccupations les plus importantes, la communauté humanitaire a entrepris auprès du gouvernement et de la MINUSCA un plaidoyer en faveur de l’amélioration de la sécurité dans les zones choisies pour le retour.

  • Dans ses activités de recensement, la communauté humanitaire a aussi identifié des personnes dont la vulnérabilité requiert une attention particulière et pour lesquelles les actions vont porter dans le cadre de l’intensification du mouvement de retour. Parmi celles-ci, on note des enfants séparés, des enfants en charge de ménage, des personnes handicapées, des malades chroniques et des personnes âgées.

  • La communauté humanitaire tient aussi à rappeler les conséquences graves qu’une éviction forcée pourrait avoir, notamment sur la détérioration de la situation sécuritaire déjà très fragile autour de M’Poko et dans la ville de Bangui.

  • Au-delà des aspects liés à la sécurité, la communauté humanitaire tient aussi à rappeler les conséquences désastreuses qu’une éviction forcée pourrait avoir sur l’accroissement de la vulnérabilité des personnes déplacées, et tient à rappeler l’obligation du gouvernement centrafricain vis à vis des principes de la Convention de Kampala relative aux droits des personnes déplacées.

  • La communauté humanitaire en appelle au sens du dialogue de tous les acteurs impliqués (gouvernement, partenaires bi et multilatéraux, et représentants de la communauté des déplacés) afin de parvenir à une solution qui garantisse la protection et la dignité des personnes déplacées, tout en maintenant la sécurité du site de M’Poko et des quartiers de retours.