Un grand moment d’espoir menacé par un manque critique de ressources

(Bangui / Genève / New York, 6 mars 2012) « La République Centrafricaine (RCA) fait face à un des plus forts déficits de financement humanitaire dans le monde, et ce malgré une situation humanitaire qui continue à se détériorer » a alerté le Directeur des Urgences du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), M. John Ging, à la fin d’une mission de trois jours dans le pays.

« La Commission Européenne décrit la RCA comme le second pays le plus vulnérable après la Somalie » a dit M. Ging. « En clair, sans financement approprié nous échouons dans notre obligation d’assistance envers le peuple, et en particulier envers les enfants de la République Centrafricaine. »

Durant sa visite du 29 février au 2 mars, M. Ging a directement constaté les conditions humanitaires terribles dans lesquelles vivent des dizaines des milliers des personnes victimes de conflit, de déplacement et de pauvreté.

Plus de 1,9 millions de personnes, presque la moitié de la population totale, a besoin d’une aide humanitaire alors que 94,000 d’entre elles sont encore déplacées à l’intérieur du pays. En RCA, les deux tiers de la population n’ont pas accès à l’eau potable ou aux structures de santés, qui comptent un personnel médical pour 7,000 personnes. Plus d’un tiers des enfants n’ont pas accès à l’éducation primaire tandis que les autres sont entassés dans des classes de 95 élèves pour un enseignant.

« Des financements pour répondre aux besoins de bases sont requis de toute urgence » at-il-dit. « Malheureusement, au lieu d’une augmentation de financement pour répondre à des besoins toujours plus grands, nous affrontons aujourd’hui une réduction critique de ces financements. »

Une diminution drastique des financements depuis trois ans met aujourd’hui en cause notre capacité à venir en aide aux gens dans une situation désespérée. Les organisations humanitaires qui travaillent dans le pays ont reçu en 2011 moins de la moitié des financements requis pour fournir une aide d’urgence et un soutien à plus long terme. Jusqu’ici, seulement 5 pourcent des 134 millions de dollars américains nécessaires pour 2012 ont été reçus.

Pendant sa mission, M. Ging a voyagé dans le nord de la RCA où de multiples conflits et la violence qui les accompagne ont provoqué le déplacement de plus de 14,000 personnes ces derniers mois. Il a rencontré des gens qui essayent aujourd’hui de se réinstaller dans leurs villages et qui ont urgemment besoin de soutien pour reconstruire leur vie. « Il y a pourtant un réel espoir avec les milliers de personnes déplacées qui rentrent aujourd’hui dans leurs villages pour reconstruire leur vie » a-t-il-dit. « Mais le courage seul – et il y en a en abondance – ne suffit pas pour motiver un retour à grande échelle ni pour assurer que ce retour soit durable. »

À Bangui, M. Ging a eu des rencontres avec des membres du gouvernement, des agences des Nations Unies et des organisations humanitaires, pour discuter du manque de ressources mais aussi des moyens d’améliorer l’accès humanitaire et la protection des populations les plus vulnérables dans le pays. Le Ministre des Affaires Etrangères, le Général Antoine Gambi, et le Ministre Délégué à la Défense Nationale Jean-Francis Bozizé ont tous deux exprimé leur reconnaissance et leur soutien au travail de la communauté humanitaire dans le pays et ont réitéré leur engagement dans le partenariat avec les agences des Nations Unies et les ONGs.

« Présents partout sur le terrain, les travailleurs humanitaires sauvent chaque jour des vies au sein de cette crise oubliée et trop souvent dangereuse » a dit M. Ging. « Avec les cessez-le-feu récemment obtenus dans les zones de conflits, nous avons aujourd’hui une opportunité réelle de soutenir un relèvement durable en RCA, mais cette opportunité est menacée par le manque critique de financement humanitaire. Nous devons faire tout notre possible pour convaincre la communauté des bailleurs de fonds de se réengager dans le pays. »