Discours de M. Stephen Tull, Coordonnateur Résident du Système des Nations Unies et Coordonnateur Humanitaire au Tchad, à l’occasion du Forum Humanitaire et Développement - 18 mars 2019

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Excellence, Monsieur le Ministre de l’Economie et de la Planification du développement,

Excellences, Mesdames et Messieurs les Représentants du Gouvernement,

Excellences, Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs et Représentants du Corps Diplomatique,

Mesdames et messieurs les représentants des organisations internationales et des organisations non-gouvernementales,

Chers collègues,

Je vous souhaite la bienvenue à ce Forum humanitaire et développement aux côtés du Ministre de l’Economie. Je tiens une fois de plus à vous renouveler mes remerciements pour votre engagement en faveur de la « Nouvelle Façon de travailler » au Tchad qui vise à opérationnaliser le nexus humanitaire, développement et paix. Je remercie le gouvernement, ainsi que les autorités locales dont les représentants de certaines Provinces sont ici aujourd’hui, qui contribuent à cette approche intégrée.

Pour rappel, c’est la troisième fois que le Gouvernement, les représentations diplomatiques, les bailleurs et les acteurs humanitaire et de développement se réunissent depuis 2017. Je me réjouis de cette opportunité d’échanges renouvelés entre un large éventail de partenaires de différents domaines d’intervention en vue d’optimiser nos efforts pour améliorer les conditions de vie des populations tchadiennes.

Nous nous réunissons aujourd’hui à l’occasion du lancement du plan de réponse humanitaire et plan de réponse national aux réfugiés. Je salue les efforts de l’ensemble des partenaires qui ont contribué à l’élaboration de ces deux documents conjoints. Basé sur une analyse commune des besoins humanitaires et des opportunités pour le développement. Ils représentent des outils essentiels pour notre action conjointe. Cela nous permet d’orienter notre action vers les besoins prioritaires, et de maximiser l’impact des interventions et des ressources.

En effet, la situation de millions de personnes au Tchad demeure critique.
Affectées par l’insécurité alimentaire et la malnutrition, touchées par des urgences sanitaires ou victimes de déplacements, elles ne peuvent pas ou, très difficilement, subvenir à leurs besoins essentiels.

En raison de l’insécurité dans les zones frontalières du Tchad, de nombreuses personnes sont contraintes de fuir leur pays d’origine posant avec acuité les questions d’intégrations locales et de solutions durables pour les populations déplacées, réfugiées ou hôtes. Si la province du Lac demeure largement touchée par des déplacements internes, l’Est et le Sud du pays continuent d’accueillir un nombre important de réfugiés et retournés.

Du fait de ce contexte d’urgences multiples, 4,3 millions de personnes, soit près d’un tiers de la population du pays, continuent d’avoir besoin d’assistance humanitaire en 2019. Ces personnes sont souvent piégées dans un cycle de vulnérabilité qui est devenu chronique et qui nécessite des interventions à plus long terme. En effet, ces besoins chroniques se transforment en situations d’urgence pour lesquelles une réponse immédiate est nécessaire.

Mesdames et Messieurs,

La chronicité des crises requiert plus que jamais à la nouvelle façon de travailler associant interventions humanitaires, de développement et de paix. Nous avons adopté cette approche depuis 2016 et je me réjouis de la mise en œuvre progressive des premières interventions qui en sont le reflet dans plusieurs localités du pays.

A ce sujet, je suis heureux de constater que nous avons amorcé un changement d’état d’esprit, comme vu dans les projets DIZA de l’Union européenne et PARCA de la Banque Mondiale qui seront présentés ensuite. Ces projets illustrent les avancées significatives réalisées afin d’associer les interventions humanitaires et de développement, souvent dans un esprit de consolidation de la paix, en partenariat avec l’Etat.

La mise en place d’interventions concrètes et intégrées qui maximisent l’impact des ressources disponibles dans l’humanitaire et le développement doit donc rester notre priorité à tous : gouvernement, société civile tchadienne et communauté internationale. Il est essentiel que les bailleurs soutiennent ces efforts et cette approche avec des engagements financiers humanitaires pluriannuels, et des investissements de développement orientés notamment dans les zones de convergence.

Sans financements adéquats de ces plans, la situation humanitaire risque de se détériorer davantage et limitera, encore plus, toute perspective de développement durable. Face aux besoins en augmentation, les financements demeurent largement insuffisants. En 2018, le plan de réponse humanitaire du Tchad n’a été financé qu’à 53% et le taux d’investissement dans le Plan National de Développement reste très faible. J’appelle donc à un soutien accru des partenaires financiers en 2019.

Egalement, je souhaiterais saisir cette occasion pour rappeler l’importance de l’engagement continu de toutes les parties prenantes, qui doivent mettre toute leur énergie dans cette approche. Sans une volonté collective de tous, le processus engagé depuis 2016 risque d’être stoppé (net alors même que le pays est cité en exemple et comme précurseur dans ce domaine de la Nouvelle Façon de Travailler). En 2018, plusieurs hauts dignitaires des Nations Unies, dont la Vice-Secrétaire-Générale, sont venus au Tchad pour constater l’avancée et les progrès dans la mise en œuvre de la nouvelle façon de travailler. Il nous faut donc absolument maintenir le cap en 2019.

En conclusion, je tiens à souligner qu’il est particulièrement d’actualité aujourd’hui dans ce contexte de continuer à réfléchir collectivement à des solutions innovantes pour répondre aux besoins humanitaires tout en réduisant les vulnérabilités chroniques, et ce, en faveur du développement durable du pays et au bénéfice de ses habitants.

Je vous remercie.