Le Fonds central d'intervention d'urgence (CERF) alloue 3,5 millions de dollars pour aider 40 000 personnes dans la région du Lac au Tchad

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(N'djamena, le 19 mai 2017): Le Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, M. Stephen O’Brien, a approuvé l’attribution de 3,5 millions de dollars américains issus du Fonds central d'intervention d'urgence (CERF) pour une réponse rapide dans la région du Lac Tchad. Ces fonds permettront d’apporter une assistance humanitaire vitale, afin de répondre aux besoins de 40 000 personnes, en grande majorité des anciens déplacés retournés dans leurs villages d’origine, dans les zones insulaires et les villages au sud du canton de Bol.

La crise du bassin du Lac Tchad affecte près de 345 000 personnes dans la région du Lac dont 127 000 personnes déplacées. Ces déplacements ont eu un impact négatif sur les capacités de subsistance des populations hôtes et l'accès déjà limité aux services essentiels de base. La fermeture de la frontière avec le Nigeria dès le début de la crise en 2015 et l’application continue des mesures de l’état d’urgence ont affecté les moyens d’existence des populations subissant déjà les effets du faible développement de la région et aggravant ainsi leur niveau de vulnérabilité. Depuis plusieurs mois, des dynamiques de retour de populations déplacées sont observées au sud du canton de Bol, dans la région du Lac. Ces zones étaient précédemment considérées vides suite aux évacuations du fait des opérations militaires. Suite à une évaluation des besoins dans la zone, un plan de réponse a été développé par la communauté humanitaire pour répondre spécifiquement aux besoins des 40 000 personnes dans ces zones de retour. La mise en œuvre de ce plan requiert 16,6 millions de dollars, dont 495 400 sont déjà mobilisés, et 3,5 millions sont désormais financés par le CERF, laissant un besoin financier non couvert de 12,6 millions de dollars.

Selon les acteurs humanitaires, il est essentiel d’assurer un accompagnement de ces retours volontaires pour faciliter la réintégration et la reconstruction des moyens d’existence des retournés dans la dignité et la sécurité. La situation est inquiétante en raison du manque total d’infrastructures dans ces zones de retour alors que la période de soudure et le début de la saison des pluies pourraient encore aggraver les vulnérabilités.

Face à cette situation, M. Florent Méhaule, Chef du Bureau des Nations Unies pour la Coordination des Affaires humanitaires (OCHA) au Tchad, a déclaré : « Notre priorité à travers ces fonds CERF, c’est d’apporter une aide d’urgence aux retournés dont les activités de subsistance - pêche, agriculture et élevage – ont été affectées par l’insécurité et le déplacement. Au-delà des retournés, et plus de deux ans après le début de la crise dans la région du Lac, il est également essentiel de favoriser l’autosuffisance des populations et le renforcement des capacités locales et des services de base à travers nos interventions afin de contrer la détérioration des indicateurs humanitaires dans les zones de retour et de déplacement ».

Les quatre projets approuvés par le CERF seront mis en œuvre dans les six prochains mois par les agences des Nations Unies en partenariat avec les ONG et les services étatiques, et permettront d’améliorer les conditions de vie des plus vulnérables. L’assistance multisectorielle d’urgence apportée permettra de renforcer la sécurité alimentaire et les moyens d’existence des communautés, l’accès à l’eau potable et aux services d’hygiène et assainissement de base, l’accès aux soins de santé d’urgence, et la prise en charge des personnes victimes d’incidents de protection. Les agences récipiendaires, qui travailleront conjointement avec des partenaires opérationnels, sont l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), le Programme alimentaire mondial (PAM), le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA), le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF) et le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR).

Selon M. Stephen Tull, Coordonnateur humanitaire au Tchad, « La région du Lac est une zone affectée par des vulnérabilités multiples qui nécessitent une approche intégrée humanitaire-développement. Il est essentiel que d’autres bailleurs de fonds s’engagent, notamment de développement, car ce financement CERF ne couvrira qu’une fraction des besoins immenses dans la région. Face à des dynamiques de retour, il est primordial d’encourager des projets permettant de renforcer la résilience des populations, de proposer des solutions durables et de promouvoir le développement local dans les zones de retour. Au-delà de ce financement CERF, il est également indispensable de consolider la réponse dans les zones de déplacement pour celles et ceux qui ne souhaitent pas encore rentrer. Enfin, il ne faut pas négliger le fait que les besoins humanitaires vont bien au-delà de la région du Lac : au Tchad, 4,7 millions de personnes, soit une personne sur trois, ont besoin d’assistance humanitaire».
En 2017, les partenaires humanitaires au Tchad ont besoin de 121 millions de dollars américains afin de sauver et améliorer les vies des 233 000 personnes les plus vulnérables dans la région du Lac. Jusqu’à présent, moins de trois pour cent de ces fonds nécessaires ont été reçus. En 2016, seule la moitié des besoins en matière de financement avaient été reçus.

Note aux éditeurs : Mis en place par l’Assemblée générale des Nations Unies en 2006, le CERF est un mécanisme de financement humanitaire géré par OCHA, qui permet une réponse plus rapide et efficace aux besoins vitaux des populations touchées par des catastrophes naturelles, des conflits armés, ou des crises sous financées.