« Sans financement supplémentaire, nous risquons une dégradation sérieuse de la situation humanitaire dans la région du Lac Tchad», avertit le Coordonnateur Humanitaire Régional pour le Sahel

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(Dakar -N’Djamena, le 27 août 2015) – Le Sous-Secrétaire Général des Nations-Unies et Coordonnateur Humanitaire Régional pour le Sahel, M. Toby Lanzer, vient d’effectuer une visite de quatre jours au Tchad durant laquelle il s’est notamment rendu dans la région du Lac Tchad pour y constater l’impact humanitaire de la crise dans le bassin du lac Tchad. Au terme de sa visite, Toby Lanzer a exhorté la communauté internationale à se mobiliser davantage face aux multiples défis humanitaires qui touchent le pays. « Le Tchad est le septième pays qui accueille le plus de réfugiés au monde. La communauté internationale doit urgemment renforcer son soutien à l’action humanitaire, en particulier en faveur des déplacés dans la région du Lac affectés par la crise » a-t-il souligné. « Avant la crise récente, un quart de la population– soit 3 millions de personnes – avait déjà besoin d’assistance ».

Le contexte sécuritaire dans la région du Lac a forcé plus de 41 000 personnes à fuir les îles pour s’installer dans des zones plus sécurisées à l’intérieur des terres au cours du dernier mois. « Les communautés rencontrées ont été témoins d’une horreur et d’une violence indicible. Des familles entières se trouvent dans une situation humanitaire préoccupante. Beaucoup ont fui sans rien emporter. Elles manquent d’eau potable et de nourriture, sont exposées aux risques de maladies, et dorment sous les arbres», a déploré Toby Lanzer.

La crise exerce une pression supplémentaire sur les ressources alimentaires et les moyens de subsistance déjà limités des personnes déplacées, mais aussi des communautés hôtes vulnérables. A l’approche de la saison de récolte -un moment clé pour la subsistance au Sahel- beaucoup d’agriculteurs n’ont plus accès leurs champs des causes de l’insécurité. « Certains ont dû fuir quelques semaines seulement après avoir planté la terre. La fermeture de la frontière entre le Tchad et le Nigéria perturbe aussi les échanges commerciaux ainsi que les circuits de migrations des éleveurs et du bétail. Les pêcheurs se retrouvent également sans activité génératrice de revenu pour assurer leur survie », a expliqué Toby Lanzer. « Plus encore que les autres années, la sécurité alimentaire des familles de la région est en péril. Ces communautés, pourtant parmi les plus résilientes au monde, craignent aujourd’hui de ne plus pouvoir se nourrir».

Pour répondre aux besoins vitaux dans la région du Lac, les acteurs humanitaires sont sur le terrain, en partenariat avec les autorités Tchadiennes. Cependant la situation sécuritaire et la volatilité des mouvements de population constituent un défi majeur. En plus des nouveaux déplacés répartis sur une vingtaine de sites spontanés et dans des familles d’accueil, la communauté humanitaire doit poursuivre l’assistance pour 34 000 personnes arrivées au cours des dernières semaines.

L’appel de fonds pour la réponse humanitaire au Tchad en 2015 est le plus élevé des neufs pays du Sahel. A ce jour, seulement 35% des 572 millions de dollars américains requis ont été reçus. Selon Toby Lanzer, «sans financement supplémentaire urgent, nous risquons une dégradation générale de la situation humanitaire au Tchad».

En 2015, le Tchad accueille plus de 750 000 personnes déplacées, dont une majorité de réfugiés et de retournés Tchadiens venus de la Centrafrique, de la Lybie, du Nigéria et du Soudan. Quelque 2.4 millions de personnes sont en insécurité alimentaire, et 350 000 cas de malnutrition aiguë globale sont attendus d’ici la fin de l’année. Le pays est aussi affecté par des urgences sanitaires telles que la forte prévalence du paludisme, le risque d’épidémie de choléra ou de rougeole, et un taux de mortalité maternelle parmi les plus élevés au monde. Par ailleurs, des catastrophes naturelles comme les sécheresses et les inondations frappent régulièrement le Tchad, et avaient ainsi touché près d’un million de personnes en 2014.

Pour obtenir des informations supplémentaires, veuillez contacter :
Mayanne Munan, OCHA Tchad, munan@un.org, +235 62 93 48 26
Berenice Van Den Driessche, OCHA, vandendriessche@un.org, +221 77 333 91 95 (Dakar)

Pour en savoir plus sur les besoins humanitaires au Sahel et sur la réponse en cours, visitez: www.unocha.org/sahel2015