Cartographie des intervenants, interventions et des besoins non couverts dans la prévention et la réponse aux violences sexuelles dans cinq provinces de la RDC Equateur, Maniema, Province Orientale, Nord Kivu, Sud-Kivu

Objectifs :

Pour pouvoir dégager les disparités éventuelles existant en termes de prévention et/ou de réponses aux violences sexuelles, la Belgique, le Canada et leurs partenaires avaient assigné 3 objectifs spécifiques à l'étude, à savoir :

élaborer une cartographie des interventions et des intervenants dans la lutte contre les violences sexuelles dans les provinces ciblées ;

identifier les zones de faible présence d'intervenants dans la lutte contre les violences sexuelles ;

identifier les zones présentant des écarts entre l'ampleur des violences sexuelles et les mesures de prévention et de réponse apportée.

Introduction

Entre 2003, l'année de la création de l'Initiative Conjointe de lutte contre les La guerre qu'a connu la RDC depuis 1996 a, en plus des morts qu'elle a occasionné, exacerbé le phénomène des violences sexuelles. Les principaux auteurs de ces actes étaient des hommes en uniforme durant cette période, particulièrement dans les zones en guerre. D'après Human Rights Watch (2002), les violences sexuelles ont été utilisées, par la plupart des forces impliquées dans les conflits comme une arme de guerre contre les femmes et les jeunes filles à l'Est du Congo2.

Le rapport semestriel des incidents des violences sexuelles fait état de 7042 cas des violences sexuelles au Sud-Kivu et de 2660 cas au Nord-Kivu entre janvier et juin 2006 (UNFPA, 2007).

Les récentes études ont par ailleurs révélé que les hommes en uniforme ne sont pas les seuls auteurs des violences sexuelles. Ces actes sont perpétrés aussi par les civils. D'après les données de l'enquête publiée en 2007 par l'Initiative Conjointe sur l'ampleur, le profil des victimes et des auteurs, entre 2004 et 2006, près de 14 % des auteurs des agressions sexuelles étaient des civils.

En 2007, environ 50 % des cas de violences sexuelles étaient imputés aux civils. Pour ainsi lutter contre ces fléaux et apporter une réponse multisectorielle aux violences sexuelles, à travers des projets spécifiques des différents intervenants, il a été mis en place un cadre de coordination des actions, autrefois disparates de plusieurs intervenants dans ce domaine.

Dénommé « Initiative Conjointe (IC) de lutte contre les violences sexuelles faites aux femmes, aux hommes, aux jeunes et aux enfants en République du Congo », ce cadre regroupe un certain nombre des agences du système des Nations Unies4 ; les structures gouvernementales, plus précisément les ministères : du Genre, famille et enfants ; Ministères de la Santé Publique et desAffaires sociales ; les ONG nationales et internationales (Groupe Technique de Coordination SGBV, 2004). Plusieurs partenaires bilatéraux appuient la lutte contre les violences sexuelles avec d'importantes contributions. Il s'agit notamment de la Belgique, du Canada, de l'Allemagne, de la Suède, de la Nouvelle Zélande, de la Norvège, de l'Espagne ; ... Les financements de projets dans le cadre du Pooled Fund et du CERF ont aussi soutenu cette lutte.

Les Projets Conjoints exécutés dans le cadre de l'Initiative Conjointe sont mis en œuvre en Province Orientale, Maniema, Équateur, Nord-Kivu et Sud-Kivu. Même dans ces provinces, ces projets ne les couvrent cependant pas dans leur entièreté. Les interventions ne ciblent que certaines zones de santé. Dans le cadre du Projet Conjoint financé par la Belgique dans la Province Orientale, du Maniema et de l'Equateur, 10 zones de santé seulement sur 150 sont couvertes. Au Nord et Sud-Kivu, dans le cadre du projet financé par le Canada, 5% seulement des zones de santé sont couvertes.

Etant donné que les contextes sécuritaires et environnementaux évoluent d'une manière rapide par rapport au phénomène des violences sexuelles ainsi qu'aux intervenants dans le domaine,il s'avère nécessaire de réévaluer la couverture des interventions et identifier les zones où les besoins en termes de prévention et de réponse aux violences sexuelles sont les plus forts.

Cette réévaluation permettra de définir les zones prioritaires pour de nouvelles interventions et permettre une meilleure orientation des bailleurs souhaitant financer les actions de lutte contre les violences sexuelles dans ces cinq provinces.

Cette étude a été initiée par l'Etat Congolais, à travers les Ministères du Genre, Famille et Enfant et celui de la santé Publique avec le concours du BNUDH-MONUC de l'UNICEF et de l'UNFPA, les trois agences du Système des Nations Unies qui œuvrent ensemble dans la lutte contre les violences sexuelles ainsi que des gouvernements Belge et Canadiens. L'étude vise à disponibiliser les informations sur les intervenants, les interventions et les besoins non couverts dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu, du Maniema, de l'Equateur et de la province Orientale.

Dans sa structure, ce rapport comprend six chapitres, outre l'introduction, la conclusion, les recommandations et les annexes. Le premier chapitre présente la méthodologie adoptée pour la collecte des données et leur traitement. Les résultats de l'étude sont présentés dans les 5 chapitres qui suivent. Le chapitre 2 est consacré à la province du Maniema. Les données des provinces de l'Equateur, Orientale, du Nord et Sud-Kivu sont successivement analysées dans les chapitres 3, 4, 5 et 6. Chacun de ces chapitres se structure aussi en 5 points, à savoir : la couverture géographique de l'enquête, le niveau de connaissances de la population sur les violences sexuelles, les intervenants, interventions et les besoins non couverts dans le domaine des violences sexuelles.