Déclaration à la presse sur la RDC de l'est par Mme. Valerie Amos, Secrétaire générale adjointe chargée des affaires humanitaires et Coordonnatrice des secours d'urgence, 9 mars 2011, Goma

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Je suis arrivée à Goma aujourd'hui. J'ai survolé le beau paysage de cette province et j'ai été confrontée, dès mon atterrissage, à la dure et extrême réalité que vivent les gens sur le terrain.

Presque chaque semaine, des hommes armés attaquent des villages dans le Nord-Kivu - souvent en commettant des pillages, viols, mutilations, meurtres, enlèvements, et en incendiant les villages avant de s'en aller. Ces atrocités forcent des communautés entières à fuir, parfois plusieurs fois, en s'appuyant sur l'aide humanitaire pour leur survie.

Environ 1,3 millions de personnes, qui ont fui ces atrocités, sont actuellement déplacées dans le Nord et le Sud Kivu et font quotidiennement face à la peur. Il n'est pas surprenant que la plupart des terres fertiles ne soient pas cultivées.

La violence sexuelle systématique et continue est un aspect de la crise. Elle détruit la dignité des victimes et des familles ainsi que des communautés entières. Les responsables doivent être traduits en justice.

Cesser les abus contre les civils est essentiel, non seulement pour leur bien-être fondamental, mais aussi pour prévenir d'autres déplacements et leur permettre de rentrer chez eux. L'assistance humanitaire peut sauver des vies et soulager la souffrance, mais les causes profondes de cette crise doivent avant tout être abordées. Le conflit doit prendre fin.

Bien que le gouvernement soit responsable de la protection de ses citoyens, la communauté internationale vient compléter ces efforts. Les travailleurs humanitaires contribuent de manière significative à la protection des civils à travers leur présence - qui peut avoir un effet dissuasif contre les attaques - et à travers le plaidoyer énergique. Alors que nous faisons déjà beaucoup, nous devons en faire davantage.

La stabilité régionale est une condition essentielle pour la paix en RDC et la poursuite du conflit ainsi que l'insécurité en RDC peut contribuer à l'instabilité au-delà de ses frontières.

La crise au Kivu est une menace pour la paix, la sécurité et la prospérité en Afrique centrale et au-delà. Nous pouvons continuer à sauver des vies en fournissant une aide humanitaire, mais pour la prospérité future de ce pays et son peuple, une solution politique est nécessaire.

Q: Vous avez parlé de l'aide humanitaire que fournit la communauté internationale aux déplacés et vous avez souligné que la crise au Congo a des causes profondes et que ces causes doivent être abordées avant tout. Selon vous comment les causes doivent elles être abordées ? Vous avez également souligné que la crise aux Kivus est une menace pour la paix. Quelle est, selon vous, la solution politique à apporter ?

R: La crise en RDC a une dimension régionale. Les relations entre la RDC et ses pays voisins sont au cœur de la crise, ajouté à cela les énormes ressources du pays, les liens forts entre les habitants de la RDC et ceux des pays voisins et la présence des groupes armés opérant dans les Kivus. Tous ces facteurs ont un impact sur la situation sécuritaire en RDC. S'il n'y a pas de solution politique entre les pays voisins, l'instabilité se poursuivra.

Q: On rapporte constamment les abus de violences sexuelles perpétrés par les FDLR ainsi que le fait que les autorités n'ont pas encore pris leurs responsabilités quant à la protection des populations. Il faut qu'il y ait un appui considérable de la part de la communauté internationale pour remédier à la situation. Qu'en dites-vous ?

R: Tout d'abord, les violences sexuelles ne sont pas seulement perpétrées par les FDLR mais par tous les autres groupes armés et des acteurs étatiques à travers le pays. L'État a la responsabilité de s'assurer que les auteurs de viols soient traduits en justice. J'ai été heureuse de voir que récemment, un certain nombre de cas ont été portés devant les tribunaux. Le viol utilisé comme arme de guerre est totalement inacceptable.

Q: Vous êtes venue prendre la mesure des besoins de la communauté humanitaire par rapport à ce qui a été fait et ce qui doit être fait, et nous avons conscience des problèmes que rencontrent les bailleurs, cependant est-ce que cette année les Nations unies sauront répondre aux préoccupations des humanitaires pour faire face à leurs besoins particuliers s'agissant de la question du budget ?

R: J'aimerais voir davantage de fonds à travers la RDC. Nous ferons tout notre possible pour obtenir des financements complémentaires. Il est important que la crise au Congo ne soit pas oubliée et que les Congolais ne soient pas oubliés. Nous ferons tout notre possible pour continuer à améliorer notre travail.

Q: S'agissant de la problématique de la protection, quelle est votre évaluation quant à la protection des civils et des humanitaires ? Etes-vous rassurée ou non ?

R: L'augmentation des attaques sur les ONG et les partenaires humanitaires qui tentent d'aider les gens et de sauver des vies est clairement une tendance inquiétante. Nous allons essayer de tout faire pour la résoudre. La question de la protection des civils et la protection des acteurs humanitaires est au cœur de tout ce que nous faisons, mais nous reconnaissons également que nous travaillons dans un climat d'insécurité et critique, cependant la façon dont les acteurs humanitaires sont pris pour cible et la façon dont les populations continuent d'être victimes des conflits armés est quelque chose que nous trouvons totalement inacceptable.

Q: Vous avez mentionné qu'il y aura une solution politique à la situation, mais certains disent que la solution politique a été trouvée il y a quelques années et qu'il n'y a plus d'urgence dans les Kivus. Que pensez-vous de cette solution politique et le fait que le rôle et les activités de l'ONU pourraient diminuer dans le pays?

R: Il faut distinguer entre le conflit qui est une situation d'urgence immédiate et le conflit qui est un conflit humanitaire. Il y a en RDC 1,3 millions de personnes déplacées, on rapporte constamment des violences sexuelles basées sur le genre et il y a des populations de réfugiés qui ont besoin d'être renvoyés dans leur pays. En termes de solutions qui doivent être trouvées, toutes les solutions doivent être mises en œuvre pour sortir de la phase humanitaire et passer à une phase plus stable en termes d'impact sur les gens qui se trouvent sur le terrain. Il est nécessaire de poursuivre les discussions, notamment en ce qui concerne la RDC et ses voisins immédiats. Le Gouvernement doit travailler avec la communauté internationale, ce qui augmentera sa capacité. De mon point de vue, si la situation humanitaire arrive à son terme en RDC, j'en serais ravie. Cela voudra dire que la situation se sera améliorée pour les populations en RDC.

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