Déclaration du Coordonnateur Humanitaire en République démocratique du Congo, David McLachlan-Karr, à la suite des articles publiés par The New Humanitarian

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Je suis profondément préoccupé par les allégations de fraude, de corruption, et d'exploitation et d'abus sexuels dans la fourniture de l'aide humanitaire dans l'Est de la République démocratique du Congo.

Je prends ces allégations très au sérieux. Il est inacceptable que l'aide soit détournée et n'atteigne pas les personnes auxquelles elle est destinée. L'exploitation et les abus sexuels ne peuvent jamais être tolérés.

Les organisations humanitaires opérant en RDC ont pris, et continueront de prendre, des mesures pour prévenir les malversations et les abus afin de s'assurer que nos opérations sont exemptes de fraude, de corruption et d'abus.

Des allégations de fraude en RDC ont été signalées pour la première fois en 2018. Depuis lors, la communauté humanitaire s'est mobilisée pour enquêter sur toutes les allégations dans un esprit de transparence et de responsabilité. La détection des cas de fraude a mis à l'épreuve notre capacité et notre détermination collectives à identifier et à corriger les faiblesses en notre sein et dans notre système.

À la suite de ces allégations, les Nations Unies et leurs partenaires ont pris des mesures décisives pour éradiquer la fraude et les abus. Ces mesures ont été prises à l’interne par des organisations lorsque des fraudes ont été découvertes, certaines ont été adoptées collectivement. Au nombre de ces mesures, on peut citer, entre autres :

• Des revues internes des procédures opérationnelles au niveau des agences pour identifier et corriger les faiblesses dans le contrôle et de gestion. Des mesures collectives ont été adoptées et mises en œuvre sur le terrain pour améliorer la triangulation des informations, analyser des données de ciblage par des équipes externes, et mener des audits et assurer une surveillance et un suivi plus rigoureux par les responsables d’organisations. Dans un souci de transparence, les partenaires utilisent de plus en plus des plateformes de données dotées de contrôles renforcés pour le partage et l’analyse des données ;

• Une Task Force Anti-Fraude a été mise en place, sous la direction de l'Equipe Humanitaire Pays, afin d'identifier et partager les meilleures pratiques et de définir et proposer collectivement des mesures correctives ;

• Une « Revue Opérationnelle », entreprise par des consultants externes à l'ensemble es opérations humanitaires et du système de distribution d’aide en RDC, a été commandée. L'objectif est d'établir les faits et de proposer des stratégies d'atténuation des risques de fraude, de corruption et d’abus. La version finale de la Revue est attendue en juillet 2020 et sera rendue publique.

De graves allégations d'exploitation et d'abus sexuels ont également été signalées dans le cadre de la fourniture de l'aide en RDC.

Les Nations unies appliquent une politique de « Tolérance Zéro » absolue en matière d'exploitation et d’abus sexuels. En tant que Coordonnateur Humanitaire, je suis déterminé à faire en sorte que nous adoptions des politiques rigoureuses pour éradiquer les abus et, s'ils sont découverts, pour enquêter rapidement et poursuivre les auteurs. Notre engagement pour la justice signifie que nous devons également aider efficacement les victimes et survivants/survivantes d'exploitation et de violence sexuelles.

Un mécanisme inter-agences de prévention des exploitations et abus sexuels est déjà mis en place. Il est conçu pour offrir aux victimes un espace sûr où elles peuvent signaler les abus.
Parallèlement, le réseau d’exploitation et d’abus sexuels s’efforcera d’améliorer la qualité de nos programmes par l'adoption des meilleures pratiques globales. Je m'efforcerai de faire en sorte que nous disposions des mécanismes nécessaires pour garantir notre redevabilité envers les populations que nous soutenons et servons.

Le New Humanitarian a également publié des allégations de fraude dans le cadre du fonctionnement du Fonds Humanitaire, y compris des pots-de-vin pour l'attribution de financements de projets. Ces allégations sont extrêmement graves et sont susceptibles de nuire à la confiance des donateurs du Fonds et les financements annexes.

En 2019, le Fonds a fait l'objet d'un réexamen de son fonctionnement. Le résultat de cet examen a été positif et nous a permis de renforcer nos cadres de responsabilité et de contrôle internes et d'améliorer la transparence de nos rapports aux donateurs. Néanmoins, je donne l'assurance que toute allégation de mauvaise pratique de la part d’un partenaire de mise en œuvre ou de tout membre du personnel travaillant pour le Fonds fera l'objet d'une enquête approfondie.

L'aide humanitaire est une entreprise collective et altruiste. Si nous partageons collectivement les succès, nous partageons aussi les échecs. Nous nous efforçons constamment d'améliorer nos systèmes afin de fournir la meilleure assistance possible et en temps opportun aux personnes dans le besoin.

Chaque année, les opérations humanitaires en RDC permettent de sauver des millions de vies.
Il est essentiel qu’elles continuent d’être menées efficacement. Dans ce contexte, nous reconnaissons que notre action ne peut se poursuivre que si les plus hauts niveaux de confiance existent entre les bénéficiaires, le gouvernement hôte, les agences humanitaires et nos donateurs. Nous sommes déterminés à faire tout notre possible pour maintenir cette confiance en luttant contre la fraude, la corruption et les abus à tous les niveaux.

Nous attendons avec impatience la publication du rapport final et nous examinerons attentivement toute recommandation faite pour améliorer les performances de l'aide humanitaire en RDC.