Les enfants, premières victimes de la rougeole dans le sud-est de la RDC

2015, la de ces dernières années « Ma fille est morte dans mes bras, j’étais incapable de la sauver», Jeanne Nkulu, 37 ans, larmes chaudes aux yeux, explique que sa fille, 4 ans, est morte de la rougeole, avec une complication liée à l’anémie, à Mukebo, dans la Province du Tanganyika. Malheureusement, Jeanne n’est pas une exception, elle représente la triste réalité de nombreuses familles, certaines ayant perdu quatre enfants en l’espace de quelques semaines.

Au plus fort de cette épidémie qui frappe les Provinces du Haut Katanga, Tanganyika, Haut Lomami et Lualaba- l’ex Katanga -, trois enfants de moins de 5 ans meurent chaque semaine dans son village faute de soins médicaux. Des familles pauvres qui ne peuvent s’acheter les médicaments, même les plus élémentaires, des structures sanitaires éloignées et difficiles d’accès – certains parents parcourant 50 kms pour attendre le centre le plus proche - ou mal équipées en médicaments et en ressources humaines sont autant de facteurs contribuant à la propagation de cette maladie qui est devenue endémique dans les provinces minières. Des dysfonctionnements institutionnels liés au système sanitaire, tels le manque de chaîne de froid, ainsi que la résistance due aux traditions sont aussi à la racine de la persévérance de la maladie.

De janvier à mi-octobre, près de 32 000 cas de rougeole ont été enregistrés, 449 personnes en sont mortes, en grande majorité des enfants de moins de 5 ans. Le chiffre actuel représente autant de cas que les trois années précédentes réunies.

Aller au-delà de l’argent

En août, le Katanga a bénéficié de 2.4 millions de dollars US du Fonds commun humanitaire pour lutter contre l’épidémie. Grâce à ce financement, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et une poignée d’ONG nationales et internationales sont à pied d’œuvre contre la maladie qui a aussi atteint la province voisine du Maniema.

A court terme, la maladie sera contenue, disent les spécialistes sanitaires. Cependant le vrai défi est comment et que faire pour qu’à long terme la maladie, pour laquelle des campagnes de vaccination sont régulièrement organisées, ne soit pas autant dévastatrice.

« Le combat contre la rougeole au Katanga, qui est le même pour toutes les autres maladies épidémique du pays, doit passer par une action holistique touchant toute la chaîne du système sanitaire, tant en termes de ressources et allocations financiers, des ressources humaines, qu’en termes d’infrastructures médicales » a indiqué Dr Eric Mukomena, Médecin inspecteur provincial du Katanga, en faisant allusion à la chaîne de froid, élément essentiel dans la conversation du vaccin : une chaîne de froid défaillant signifie que le: vaccin qui a perdu toutes ses propriétés n’est plus un vaccin.

Jeanne garde encore l’espoir. Elle souhaite que les efforts soient multipliés pour endiguer ce fléau: « je souhaite que les efforts aillent au-delà de cette situation d’urgence, pour que nous ayons la chance de voir grandir nos enfants »