L'OMS fait de la lutte anti malaria en RDC un cheval de bataille collectif

71 % des personnes qui meurent chaque année du paludisme dans le monde sont des enfants de moins de 5 ans et la malaria représente 10 à 13 % des causes de mortalité maternelle. L'Afrique compte 86% des victimes de cette maladie.
80 % des régions en crise politique majeure ou en conflit sont des foyers endémiques de la maladie en raison du fait que dans ces pays les mouvements massifs de population, la déliquescence ou l'absence des structures sanitaires, la malnutrition, la détérioration de l'environnement sont autant de facteurs qui accroissent les risques d'infection. En RDC, l'année dernière 200.000 personnes sont mortes de malaria.

L'OMS, vient de dépêcher à Kinshasa le Dr Richard Allan, coordonnateur du programme « Roll back malaria ». Ce programme consiste en un partenariat mondial qui a pour objectif de réduire de 50% le fardeau que constitue le paludisme dans le monde d'ici l'an 2010 à travers des interventions ciblées et le renforcement des systèmes de santé locaux. Cette stratégie a été mise sur pied par les gouvernements des pays impaludés, l'OMS, le PNUD, l'UNICEF et la Banque mondiale.

La démarche est essentiellement fondée sur la mise en place d'un réseau d'experts composé d'ONG intervenant sur le terrain, des ministères concernés, du secteur privé et des agences spécialisées des Nations Unies. La DRC fait partie des 16 pays retenus comme prioritaires pour ce plan d'action, et chacune des provinces devra concourir à une collecte nationale des données relatives à la chimio-sensibilité, aux diverses formes de résistance et aux réponses les plus valables. Les sites suggérés dans un premier temps - mais susceptibles de changement en fonction des propositions des Agences et ONG sur le terrain - sont Kinshasa, Kimpese (Bas-Congo), Kananga, Vanga (Bandundu), Lubumbashi, Kalima (Maniema) et Kirama (Equateur).

La réunion, organisée par OCHA sur demande de l'OMS, et qui rassemblait des ONG et partenaires divers, était destinée à entamer un partenariat entre toutes les instances actives sur les différents terrains de RDC, en vue d'accomplir d'ici fin novembre l'ensemble de la collecte de données. Les moyens nécessaires pour y parvenir se résument à la présence d'un médecin, d'un technicien de laboratoire très efficace, et de patients qui pourront être suivis pendant une série de consultations (environnement relativement stable pour quelques semaines). Le cas échéant, pour un contexte de grande volatilité, les patients se verront administrer des remèdes censés agir très rapidement. Egalement, sur demande, un spécialiste pourra être dépêché sur les lieux pour des cas particulièrement singuliers ou informatifs.

Par ailleurs, Dr Allan a fait part de l'existence de certaines mesures pour endiguer ce fléau . Ainsi , le traitement dès l'apparition des premiers symptômes réduirait le risque de mortalité de 50%, la combinaison des thérapies permettrait de retarder les effets de résistance au traitement, les moustiquaires prétraitées diminueraient la mortalité de 20 %. D'autres mesures spécifiques et innovatrices telles que des abris prétraités contre les moustiques et destines aux camps de réfugies ont aussi été évoquées.

En réponse à des réactions relatives au fait que la priorité actuellement en RDC pour les populations victimes de la guerre était l'accès à la nourriture et aux soins urgents, le Dr Allan a indiqué que les deux interventions n'étaient pas incompatibles ; Il reste possible même en période d'urgence de mener des actions de prévention et de traitement du paludisme dans le but de sauver des vies.

Au total, il est apparu évident que la réussite d'un tel programme dépendrait largement de la coopération de tous les partenaires engagés sur le terrain, et surtout d'une bonne intégration de ce programme dans le cadre prioritaire des interventions d'urgence.