Note d’informations générales sur les violences sexuelles basées sur le genre au Katanga

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Depuis le début de l’année 2015, la province du Katanga n’a reçu que très peu de financements pour lutter contre les violences sexuelles basées sur le genre. Début avril, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) a reçu, via le Fonds central d’intervention d’urgences (CERF), plus de 58 700 dollars US pour prendre en charge 250 survivantes des violences sexuelles dans les territoires de Manono et Mitwaba. Ce financement servira à fournir, entre autres, des biens essentiels et une assistance psychosociale et médicale de ces victimes.

Les fonds reçus par UNICEF ne représentent qu’une fraction des 2 millions dollars que les acteurs estiment qu’ils ont besoin pour continuer les activités en cours.
Une grande partie ciblerait Kalemie, Malemba Nkulu, Manono et autres territoires en proie à des conflits. Ces fonds permettraient, entre autres, d’approvisionner les structures médicales en matériel approprié; renforcer le système judiciaire ; renforcer la réinsertion socioéconomique des survivantes. La lutte contre les violences sexuelles demeure l’un des « parents pauvres » de l’aide humanitaire en RDC.

Plus de 600 cas de violences sexuelles basées sur le genre (SGBV), dont 35% dans le seul district du Tanganyika, ont été rapportés durant les trois premiers mois de 2015. Selon la Division provinciale du genre et famille du Katanga, le viol représente plus de 65% des cas. Les mutilations sexuelles, la prostitution juvénile, l’incitation des mineurs à la débauche représentent les autres types de violence régulièrement recensés. Près de 52 % des victimes sont des déplacés et retournés ; 35% sont des résidents dans les zones en conflits – Malemba Nkulu,
Manono, Mitwaba, Nyunzu et Pweto- et les 13% autres sont reparties dans les zones hors conflit. La majorité de ces actes est perpétrée par les civils (48%), suivis des miliciens et des groupes armés (43%) et des forces de l’ordre (9%).

Grâce à un financement de 800 000 dollars US reçu en 2014 de l’Office d’aide humanitaire pour la Commission de l’Union européenne (ECHO) et le Département britannique pour le développement international (DFID) ainsi que d’autres mécanismes traditionnels, une poignée de projets sont en cours. D’autres acteurs mènent des projets sur leurs fonds propres dans les territoires de Kalemie, Malemba Nkulu, Manono, Moba et Pweto. La majorité de ce financement est affectée à la prise en charge psychosociale et médicale. Une partie moins importante sert à organiser des sensibilisations au sein des communautés, à la formation des prestataires et à la réinsertion socioéconomique.

Du 01 janvier au 31 mars, près de 40 cartons de kits prophylaxie post-exposition (PEP) –un carton de kit PEP peut servir 50 personnes- ont été pré-positionnés dans les centres de santé du District de Tanganyika et dans les territoires de Bukama, Malemba Nkulu, Mitwaba et Pweto. Des formations ont été également organisées à l’intention des policiers et militaires sur leur implication dans la protection des droits humains et des civils. Le Kit PEP est un traitement médical préventif qui doit commencer immédiatement après l’exposition à un virus afin de prévenir l’infection. Dans les cas des violences sexuelles, le traitement doit se faire avant 72 heures pour prévenir les maladies ou grossesses

Cependant, ces femmes victimes de viols ont besoin d’un suivi psychologique et médical, car leur état actuel nécessite une bonne prise en charge ainsi qu’un soutien pour leur réintégration sociale.
Plusieurs raisons expliquent cette faible prise en charge des victimes des violences sexuelles dans la Province du Katanga : stigma associé au viol et aux autres influences coutumières ; manque de médicament et de structures ; personnel soignant insuffisant; capacité limitée des acteurs.
En 2014, plus de 2 910 cas ont été enregistrés dans la province. Par manque de moyens financiers, seulement 29% des victimes des violences sexuelles ont bénéficié d’une prise en charge médicale. Le pourcentage des femmes qui ont reçu une assistance psychosociale ou qui ont bénéficie d’une assistance juridique n’a pas dépassé les 30 pourcent. Seulement 2% des auteurs de ces actes ont fait l’objet d'une condamnation.

Entre 2011 et 2013, le Katanga a enregistré 6 582 cas de violences sexuelles basées sur le genre au Katanga