Propos liminaire de David Gressly, Coordonnateur de l’ONU pour la réponse d’urgence à l’épidémie d’Ebola - Conférence de presse Beni (Nord-Kivu) – Kinshasa / 20 juin 2019

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Seul le prononcé fait foi

Mesdames et Messieurs, je vous souhaite le bonjour depuis Beni et je vous remercie de vous être déplacés en nombre aujourd’hui à Kinshasa afin de participer à ce point de presse.

Une épidémie dont l’épicentre se trouve à 2 000 km de l’endroit où vous vous trouvez n’attire pas toujours l’attention médiatique qu’elle mérite.

Cela fait maintenant 11 mois que l’épidémie à virus Ebola sévit dans une partie des provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri. A ce jour, nous savons qu’il s’agit de l’épisode le plus meurtrier des 10 épisodes à virus Ebola qu’a connus la République démocratique du Congo, puisque le virus a déjà tué près de 1 500 personnes.

Tant que nous ne serons pas parvenus à zéro cas sur un grand laps de temps, le risque que le virus se propage demeure bien réel.

Comme vous le savez, le nombre de nouveaux cas a augmenté de façon dramatique chaque semaine entre mars et mai. Et nous voyons plus de douze nouveaux cas par jour, ce qui demeure un niveau dangereux.

Mais il y a aussi de bonnes nouvelles. La première est qu’avec le soutien de l’Organisation mondiale de la santé et d’autres partenaires en première ligne, le Gouvernement a les outils de santé publique nécessaires pour vaincre Ebola, y compris un vaccin sûr et efficace. Nous devons aussi rendre hommage aux ONG et aux communautés pour leur précieuse contribution à la réponse.

Mais la riposte continue de faire face à de nombreux obstacles.

Cela signifie que les actions pour mettre fin à l’épidémie sont retardées a minima de plusieurs jours.

Ces actions incluent la détection rapide, l’isolement et le traitement des cas d’Ebola ainsi que la vaccination des contacts à haut risque. Chaque pause dans la réponse donne de l’espace au virus pour survivre, ce qui entraîne encore plus d’infections et de décès.

Mon ami, le Docteur Fall, vous donnera plus de détails sur la réponse de santé publique.

De mon côté, je voulais partager ce que nous faisons pour surmonter les obstacles à la réponse. Ces obstacles comprennent les combats entre groupes armés, les attaques directes contre les personnels de santé et les centres de traitement, les grèves, les manifestations et le non-paiement des salaires.

Cette situation se nourrit également de la méfiance des communautés envers les étrangers et les autorités nationales. La décision de reporter les élections dans les villes affectées par le virus Ebola a aussi exacerbé cette situation.

Surmonter ces défis est extrêmement difficile mais ce n’est pas impossible.

La deuxième bonne nouvelle est la décision prise en mai par le Secrétaire général de renforcer la coordination et le soutien à la réponse par une approche à l’échelle du système des Nations Unies, ce qui va grandement contribuer à ces efforts.

En tant que Coordonnateur de l’ONU pour la réponse d’urgence à l’épidémie d’Ebola, je coordonne le soutien international et travaille à garantir un environnement propice, particulièrement du point de vue sécuritaire et politique, pour que le Gouvernement, l’OMS et les autres partenaires de santé publique puissent travailler.

Nous mettons en place un système dense, organisé et coordonné pour une réponse rapide et adaptée.

Notre objectif est de passer de la chasse au virus à l’anticipation des endroits où il pourrait trouver refuge. Nous réalisons une cartographie des zones où nous manquons d’informations. Nous travaillons à définir comment garantir la surveillance du virus et surmonter tous les obstacles qui peuvent entraver l’accès aux zones dans lesquels le virus pourrait se cacher.

En même temps, nous travaillons avec la Banque mondiale afin de s’assurer que les ressources mises à la disposition de la riposte soient utilisées de façon responsable à l’endroit et au moment où elles sont nécessaires.

Sous la direction de l’UNICEF, nous renforçons notre engagement avec les communautés notamment en étant à l’écoute de l’ensemble des préoccupations des personnes vivant dans les zones affectées et en donnant des réponses appropriées à ces mêmes préoccupations.

L’engagement des communautés les plus menacées par le virus est essentiel pour la riposte car si les personnes n’ont pas confiance, elles ne feront pas le nécessaire pour se protéger et protéger leur famille et le virus continuera à se propager.

Nous devons aussi faire en sorte que les efforts de préparation soient soutenus et renforcés à la fois en RDC et dans les pays à risque de la région. Nous renforçons la coordination entre les pays, vous en avez vu un bon exemple récemment avec les cas détectés en Ouganda.

Socé vous parlera plus en détail de la lutte sur le terrain notamment la récente augmentation des cas à Mabalako qui fait partie du triangle Beni, Bunia, Butembo où le virus a circulé en tourbillon.

Troisième bonne nouvelle : Nous avons une opportunité aujourd’hui avec la réduction sur la longueur des nouveaux cas dans ce qui était l’épicentre de l’épidémie, Butembo et Katwa. Mais pour réussir nous devons maintenir le pied sur la pédale d’accélérateur dans nos actions aujourd’hui afin de consolider les progrès que nous avons vus autour de Butembo et Katwa et de vaincre le virus dans les zones où il a prospéré.

Si nous ne maintenons pas ce rythme, le virus persistera et finira par s’étendre à de nouvelles zones.

Je répondrai avec plaisir à vos questions après l’intervention du Dr Fall.