RD Congo : Chef des affaires humanitaires de l'ONU - "Des histoires qui dépassent l'imagination"

Kinshasa/New York, 6 septembre, 2007

  • Dans la province du Sud Kivu, en République Démocratique du Congo, le Sous Secrétaire Général aux Affaires Humanitaires et Coordonnateur des Urgences des Nations Unies, M. John Holmes, a visité Nyamarhege, où il a rencontré des personnes récemment déplacées internes et des organisations non gouvernementales.

Depuis le début de l'année 2007, 63 attaques ont été perpétrées contre des civils par le groupe rebelle FDLR/Rasta dans une zone proche de celle où des assaillants ont massacré, en mai dernier, 18 civils dont des femmes et des enfants, blessé 27 personnes et enlevé 10 personnes dans deux villages près de Kaniola. Suite à des attaques telles que celles-ci, il y a 60 000 personnes déplacées internes dans la région de Nyamarhege. Dans certains villages, plus de 80% de la population est déplacée et hébergée par des familles d'accueil. L'insécurité et la peur poussent la population à se déplacer de nuit, se dirigeant vers des zones plus sécurisées où sont situées l'armée de la RDC ou la Mission de l'Organisation des Nations Unies en République Démocratique du Congo (MONUC).

Parallèlement, les agences humanitaires, dont l'ONU et les organisations non gouvernementales, mettent en place des programmes pour répondre aux besoins humanitaires de la zone. Les déplacés ont expliqué au Coordonnateur des Urgences que leur souhait le plus cher est un retour à la paix, qui leur permettrait de subvenir à leurs besoins à nouveau.

M. Holmes s'est ensuite rendu à l'Hôpital de Panzi, situé à 20 kilomètres au sud de Bukavu dans le Sud Kivu. Ce centre de santé à but non lucratif est particulièrement actif dans l'amélioration de la qualité des soins médicaux offerts à la population, la réduction de la mortalité des femmes en couches et des nouveau-nés, et la provision de soins aux victimes de violences sexuelles. Depuis son ouverture en 1999, cet hôpital a procuré des soins à 15 000 personnes.

Dr. Denis Mukwege, le directeur de l'hôpital, a indiqué au Coordonnateur des Urgences que des femmes viennent maintenant trouver asile à Panzi, dans le but d'échapper aux viols. Il a également remarqué que le taux de mortalité parmi les enfants nés de victimes de viols est substantiellement plus élevé que pour le reste de la population. Les victimes sont fréquemment violées de manière collective - jusqu'à sept assaillants - devant leur famille et leur communauté. Un tiers des survivants est fusillé ou poignardé aux niveau des parties génitales, et nécessite en conséquence des soins chirurgicaux complexes. Au cours des six premiers mois de l'année, dans la seule province du Sud Kivu, 4 500 cas de violences sexuelles ont été rapportés. Le nombre réel est beaucoup plus élevé.

Lors de ses entretiens avec les patients de l'hôpital, M. Holmes a souligné qu'il est d'une importance primordiale de porter assistance à ceux et celles qui ont été violés de manière aussi brutale, et de punir ceux qui ont commis ces crimes aussi monstrueux, de manière à ce que l'impunité n'encourage plus une telle violence.

« Les violences sexuelles », a-t-il dit, « sont le cancer de la société, et ceux qui les perpètrent, en affaiblissant les femmes, affaiblissent tout le tissu social et économique de l'Est de la RDC. Plus important encore, » a-t-il ajouté, « est de prévenir l'occurrence de ces crimes, de façon à ce que d'autres ne subissent pas un sort similaire. Je ne peux pas faire de miracles, » a dit M. Holmes, « mais je peux être la voix de ceux qui n'ont pas la parole ».

Le Coordonnateur des Urgences a aussi rendu hommage, dans ce contexte de violence effrayant, au courage tant des survivants qu'à celui des employés de l'hôpital.

«Je ne suis plus la même personne maintenant que lorsque je suis arrivé ici - j'ai entendu des histoires qui dépassent l'imagination, » a dit M. Holmes. « Je ne peux trouver les mots pour décrire ce que j'ai entendu aujourd'hui. La seule chose que je peux dire est 'plus jamais ça'. Je me rappellerai de ces témoignages pour le restant de ma vie ».

Sur le chemin de retour à Bukavu, M. Holmes doit visiter un centre de réhabilitation pour enfant soldats, et rencontrera le vice-president de la province. Le 07 Septembre, il est prévu que le Coordonnateur des Urgences se rende dans la province du Nord Kivu, où les affrontements ont provoqué le déplacement de plus de 10 000 depuis le 27 Août 2007. Depuis décembre 2006, la province du Nord Kivu en République Démocratique du Congo est en proie à de violents combats qui ont entraînés le déplacement de plus de 224 000 personnes.

Pour plus d'informations, veuillez contacter:

Kinshasa : Christophe illemassene, illemassene@un.org, +243 81 988 9191
New York : Stephanie Bunker, bunker@un.org, +1 917 367 5126
Nairobi: Luluwa Ali, ali19@un.org, +254 727 532144
Geneva: Elizabeth Byrs, byrs@un.org, +41 79 473 45 70

Les communiqués de presse OCHA sont disponibles sur : http://ochaonline.un.org ou www.reliefweb.int ou www.rdc-humanitaire.net