RD Congo : La foire en biens non alimentaires, le choix d'Abel et Pascal

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AKPA, 6 novembre 2009 (OCHA) Abel est un résident de Akpa, un village qu'il était obligé de quitter il y'a une dizaine d'années, pour échapper à la guerre. Il s'est déplacé dans les villages environnants, avant de se réfugier en Ouganda. Le périple n'était facile ni pour lui, ni pour sa femme. « Ma femme était enceinte quand nous fuyions le village. Elle a accouché d'un mort-né », a dit Abel. « Aujourd'hui nous avons trois enfants. Le dernier est âgé de trois ans », a-t-il ajouté.

Akpa est un village de la Collectivité Ndo-Okebo, située à 200 kilomètres au nord-est de Bunia, dans le district de l'Ituri en Province Orientale, en République Démocratique du Congo. A la fin des années 90, sa population avait fui les conflits communautaires dans la zone.

Fuyant la guerre, Abel a fait de longues heures de marche, ce qui a failli lui coûter l'usage de sa jambe. « J'ai commencé à sentir quelque chose au niveau de ma jambe et cela s'est aggpravé au fur et à mesure que je marchais », a dit Abel. « Cela a commencé en 1998, et a continué. Aujourd'hui je suis presque infirme », a-t-il ajouté.

Le 3 juillet, Abel devait se rendre à la foire en biens non alimentaires organisée à Tembo par l'ONG Solidarités, partenaire de l'UNICEF dans le cadre du Programme Elargi d'Assistance aux Retournés. A la foire, il comptait se procurer une machine à coudre afin d'éviter les travaux champêtres qui pourraient aggraver sa santé.

Entre octobre 2008 et septembre 2009, 99 854 personnes sont retournées dans leur village d'origine en Ituri. Dans le Groupement de Akpa, quelque 2 000 personnes sont revenues d'exil, certains depuis quelques mois seulement.

Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) de l'ONU a pour mission de mobiliser et de coordonner une action humanitaire efficace et guidée par des principes, en partenariat avec les acteurs nationaux et internationaux.

Comme Abel, Pascal est revenu à Akpa il y'a juste quelques mois avec sa femme et ses parents. Sa famille fait face à plusieurs besoins, mais à la foire, il a décidé d'acheter l'essentiel. « Je veux acheter des pièces de vélo, une bâche, des souliers, etc. », a listé Pascal. Sa femme, elle, veut une casserole, un ustensile de cuisine qu'elle n'a jamais possédé de toute sa vie.

Comme tous les bénéficiaires, Abel et Pascal ont été enregistrés à l'entrée de la foire. Ils ont remis leurs jetons et reçu leurs coupons avant de rejoindre les autres bénéficiaires à l'intérieur de la foire.

Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) de l'ONU a pour mission de mobiliser et de coordonner une action humanitaire efficace et guidée par des principes, en partenariat avec les acteurs nationaux et internationaux.

D'abord, l'ONG Solidarités leur a expliqué l'usage des coupons. Ensuite, ils ont suivi la sensibilisation sur l'usage de la moustiquaire imprégnée pour combattre la malaria, et le lavage des mains au savon avant les repas pour éviter les maladies notamment le cholera. Enfin, ils ont suivi l'ouverture officielle de la foire.

«La foire comme celle-ci, est meilleure qu'une distribution classique », a déclaré César Chuma, notable Ndo-Okebo. « Les bénéficiaires choisissent ce qu'ils veulent acheter et l'argent reste dans le milieu », a-t-il ajouté. Lors des distributions classiques, les bénéficiaires reçoivent un kit standardisé composé notamment d'ustensiles de cuisine, de bâche, de barres de savon, etc.

La foire en biens non-alimentaires est une approche d'assistance aux personnes vulnérables basée sur l'utilisation des coupons évalués à environ 65 dollars américains. Les partenaires de l'UNICEF, comme l'ONG Solidarités, ont été formés à cette approche novatrice par l'ONG Catholic Relief Services (CRS), dans le cadre du PEAR.

La foire en biens non-alimentaires est une foire fermée. Seuls les bénéficiaires ciblés y ont accès. Les communautés bénéficiaires ont alors contribué à ériger l'enclos. « Les communautés bénéficiaires ont amené des bambous et des sticks pour ériger cette clôture », a souligné Aziza K. Baguma, chargée de la sensibilisation et de la distribution à l'ONG Solidarités.

Le lendemain matin à Akpa, Abel et Pascal utilisent les biens qu'ils se sont procurés à la foire la veille. Le nouveau poste radio égaie le foyer d'Abel. « Mes enfants dormaient sur du carton, mais hier ils ont dormi paisiblement sur un matelas », a-t-il dit. « Le savon aussi nous est d'un apport considérable car il n'y en avait plus à la maison ».

Pascal est très content du choix qu'il a pu faire lors de la foire. « Je n'ai pas acheté des houes car j'en ai à la maison », a-t-il déclaré.

Abel comme Pascal, tous les deux préfèrent la foire à la distribution classique. « Avec la foire, tu achètes ce que tu veux alors qu'avec la distribution, on peut te donner des choses que tu as déjà », a dit Abel. « Je préfère la foire à la distribution car je suis très content des choses que je me suis achetées », a renchéri Pascal.

Les habitants de Akpa ont émis des griefs quant à la longue distance à parcourir pour arriver à la foire, et ont demandé que des efforts soient faits pour qu'à l'avenir, la foire se tienne non loin de leur village.

Steven Michel de l'UNICEF confirme que la plupart des bénéficiaires préfèrent la foire à la distribution classique. « Lors des différentes foires auxquelles j'ai assisté, la plupart des bénéficiaires avec qui j'ai parlé disent que l'aspect « choix » prime sur le reste », a conclu M. Michel.

Pour plus d'information, contactez :

Ndiaga Seck, Chargé de l'Information Publique Associé, seckn@un.org, +243 995 90 15 25
Maurizio Giuliano, Chargé de l'Information Publique et Plaidoyer, giuliano@un.org, tél +243-81 988 91 95

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