RD Congo : Lancement du Plan d'Action Humanitaire 2007 - "Une question de justice et de prospérité partagée"

Kinshasa, le 5 décembre 2006 - C'est en ces termes que le vice-président de la République Démocratique du Congo, Azarias Ruberwa Manywa, a lancé aujourd'hui, 5 décembre 2006, le Plan d'Action Humanitaire 2007, en présence de la communauté humanitaire, des bailleurs de fonds et des représentants du gouvernement congolais. Ce lancement coïncide avec la fin de la transition dans ce pays dévasté par les conflits, et le début de la troisième République.

Le vice-président de la République a indiqué que « l'aide humanitaire reste encore indispensable » et « ne doit pas être considérée comme une œuvre de charité en faveur des bénéficiaires, mais au contraire, un devoir d'humanité qui doit redonner le sens et retourner la dignité à ce que nous sommes tous : des êtres humains ». Cependant, a-t-il souligné, « les apports d'ordre humanitaire ne doivent pas supplanter définitivement ou pour longtemps encore la coopération structurelle souhaitée à large échelle pour aider l'Etat congolais à rétablir, une fois pour toutes, les équilibres rompus depuis de longues années et à se lancer vers un développement durable ».

Pour le Coordonnateur Humanitaire des Nations Unies en RDC, « Un pays ne peut être construit qu'avec des citoyens en bonne santé, bien nourris, avec leur dignité intégrale et un espoir pour l'avenir. » Ross Mountain a indiqué que grâce aux ressources mobilisées dans le cadre du Plan d'Action Humanitaire (PAH) 2006, quelque 500.000 personnes ont reçu une assistance en eau et assainissement tandis que 350.000 autres ont gagné l'accès de manière permanente à l'eau potable ; plus de 182.000 enfants ont été soignés dans les centres nutritionnels avec un taux de récupération de 86% ; 130.000 personnes ont été soutenues dans des programmes nutritionnels ; environ 1.600.000 enfants ont été vaccinés, soit 95% des prévisions indiquées dans le Plan d'Action ; 720.000 Congolais ont reçu des vivres et des biens non alimentaires ; 2.000 tonnes de vivres et biens humanitaires ont pu être transportés sur plus de 3.000 km chaque mois entre le Katanga, la Province Orientale et le Maniema. »

Par ailleurs, selon Ross Mountain, les efforts conjugués du Gouvernement, de la MONUC et des acteurs humanitaires ont non seulement accru la protection des civils et élargi l'espace humanitaire mais également facilité le retour de 500.000 déplacés, réduisant leur nombre de 1,6 à 1,1 million de personnes. En sus de ces efforts, il faut noter la mise en place réussie de plusieurs initiatives de la réforme humanitaire, avec de nouveaux outils de coordination, des mécanismes de financement et un code de bonne conduite pour les donateurs (GHD). En effet, le Fonds commun (Pooled Fund), est une caisse dans laquelle les donateurs mettent à la disposition du Coordonnateur Humanitaire des ressources pour répondre aux besoins prioritaires. En 2006, cette caisse - dont les bailleurs sont le Royaume-Uni, les Pays-Bas, la Suède, la Norvège, le Canada et la Belgique - est devenue la source principale de financement des activités humanitaires en RDC. Le Congo a également pu avoir accès au nouveau CERF (Fonds central pour les réponses d'urgence), réservé aux crises sous financées, avec un apport de USD 38 millions, alloués à 30 projets prioritaires. Au troisième trimestre, les ressources combinées du Pooled Fund et du CERF ont permis de débourser plus de USD 120 millions et de financer 151 projets inscrits dans le Plan d'Action. Le Mécanisme de Réponse Rapide (RRM), destiné à répondre aux urgences aiguës, a couvert les besoins d'assistance de 85.000 personnes par mois, soit une hausse d'intervention de 140 % par rapport à l'année dernière.

Cependant, le Coordonnateur humanitaire a souligné que de nombreux défis restaient à relever. Pour y parvenir, les partenaires à travers le Plan d'Action Humanitaire 2007, se sont fixés deux objectifs principaux, à savoir : 1) la réponse d'urgence aux crises, pour réduire la mortalité et la morbidité en assurant une réponse d'urgence aux crises humanitaires aiguës, une protection contre les violences sexuelles lors de mouvements de populations causés par les conflits armés, ou lors des épidémies ou des catastrophes naturelles;

2) l'appui au retour à une autosuffisance, qui a pour but d'assurer la protection et la réinsertion communautaire pour les personnes et groupes vulnérables affectés par les conflits, les urgences humanitaires et la violence, et de faciliter le retour volontaire dans la sécurité et la dignité des déplacés et réfugiés des conflits. Cet objectif vise à permettre à l'ensemble de la communauté d'avoir accès aux services de base essentiels et aux moyens de subsistance, et de prévenir des crises humanitaires ultérieures.

Pour atteindre ces deux objectifs du PAH 2007, la communauté humanitaire recherche USD 687 millions. Les interventions cibleront l'ensemble des provinces de la RDC.

Dans son intervention, le représentant des ONG s'est réjoui de constater que « pour la première fois, les ONG congolaises sont éligibles à certains financements à travers le Plan d'Action Humanitaire, plus précisément sur les contributions du Pooled Fund ». Le docteur Bruno Miteyo de la Caritas a souligné que « près de 90% de la dernière allocation du Pooled Fund ont été alloués aux ONG, qui » selon lui, « ont une meilleure connaissance des réalités locales et restent aux côtés des populations affectées à toutes les étapes des crises humanitaires. Auparavant ce rapport était de 70% des financements du fonds commun en faveur des agences des Nations Unies et 30% aux ONG ».

L'ambassadeur de la Grande-Bretagne, Andy Sparkes, a noté que « l'engagement actif des ONG dans le développement et la mise en œuvre du Plan d'Action a été particulièrement bénéfique. Pour le représentant des donateurs, « les bailleurs de fonds seront particulièrement attentifs à certaines souffrances et injustices », que sont les violences sexuelles et l'impunité qui gangrènent la vie des victimes les plus faibles, les femmes et les enfants.

En 2007, a-t-il promis, « les bailleurs mettront un accent particulier sur le soutien aux retournés. La gestion de la transition de l'assistance humanitaire au soutien pour le développement sera cruciale, afin d'aider les autorités nouvellement élues à jouer un rôle approprié ».

S'adressant aux bailleurs de fonds, le vice-président Ruberwa a conclu ainsi : « mon plaidoyer consiste à vous sensibiliser, en poussant un cri d'alarme, pour que les compatriotes dont le maintien en vie ne peut plus attendre les performances du prochain gouvernement, ni l'achèvement du programme avec les bailleurs de fonds - le Fonds Monétaire International et la Banque Mondiale - encore moins le programme quinquennal, que ces compatriotes soient rapidement secourus, à partir de maintenant ». Et de noter que « le Gouvernement doit régler davantage les questions liées aux tracasseries commises par des agents de l'Etat pour que l'assistance humanitaire n'arrive pas en retard auprès des nécessiteux... »

Le Plan d'Action Humanitaire 2007 peut être consulté sur le site : www.rdc-humanitaire.net