RD Congo : Note de plaidoyer sur les violences sexuelles au Sud Kivu

Bukavu le 23/11/2006 - Parler du phénomène des violences sexuelles au Congo d'une manière générale et au Sud Kivu en particulier, ne représente pas un fait nouveau tant la situation est connue et fait souvent l'objet de rapports et de discussions entre les acteurs concernés. Dans les territoires de la province, certaines structures sanitaires appuyées par les partenaires du secteur santé apportent un appui aux victimes des SGBV. A Bukavu, les statistiques obtenues de l'hôpital de Panzi, spécialisé dans les interventions chirurgicales des complications suite aux viols, parlent d'euxmêmes:

- 7519 VVS reçus de 1999 à 2006 dont l'âge varie entre 6 et plus de 60 ans.

- 4115 opérations chirurgicales effectuées dans la même période, dont 1225 réparations de fistules.

- Le taux des opérations réussies se situe à 83% en 2005.

- 5,26% des patientes sont testés positifs au VIH et 6,37% à la syphilis.

- 7% des patientes reçues ont contracté une grossesse durant le viol.

- 5% oint été abandonnées par leurs maris à la suite du viol.

- 5% ont vu leurs maris assassinés

- 1% des patientes sont des jeunes filles de moins de 12 ans.

La plupart des auteurs de ces viols sont identifiés comme étant des groupes armés. Malgré l'effort fourni par les acteurs dans la prise en charge des victimes et dans les actions de plaidoyer, le phénomène semble toujours prendre de l'ampleur dans toute l'étendue de la province.

Rien que dans le mois d'octobre 2005, près 50 nouveaux cas de viols ont été reportés dans l'aire de santé de Irangi au nord de Bunyakiri dans le territoire de Kalehe. Selon IMC qui a conduit une enquête dans la localité, 46 nouveaux cas de violences sexuelles ont été identifiés à Irangi dans le mois d'octobre sur 118 cas répertoriés parmi les IDPs sur l'ensemble du territoire. L'âge des victimes varie entre 18 et 47 ans. 36 d'entre elles auraient été abandonnées par leurs maris.

Dans le rapport qui nous a été communiqué, les auteurs se trouvent être encore des hommes en uniforme (probablement FDLR) pour la majorité.

Cela ne constitue pas une surprise, parce le Sud Kivu a abrité plus 20 factions de groupes armés dans les conflits armés successives qu'il a connu ces dernières années depuis le temps des rebellions jusqu'à nos jours. Le viol est utilisé comme une arme de guerre.

- Entre 1998 et 2003, le Coalition Contre les Violences Sexuelles a rapporté 41,225 cas de viols dans la province du Sud Kivu, dont une moyenne de 28 cas par jour

- Entre octobre 2002 et février 2003, les différents rapports ont montré que 5.000 femmes ont été violées dans la province avec en moyenne 40 femmes par jour.

- Pour l'année 2005, UNFPA a enregistré 43.025 victimes qui ont été assistées dans les centres de santé de la province dont 14.915 nouveaux cas (36%). Le nombre total des nouveaux cas en 2005 a atteint 40 par jour.

Les combattants hutus rwandais (FDLR et Rasta) auraient été particulièrement violents et continuent de l'être encore aujourd'hui dans les cas de viols, même si les forces locales FARDC) sont aussi concernées.

Au moment où la communauté Internationale célèbre la journée internationale contre les violences sexuelles le 25/11/06, il convient d'attirer l'attention des différents acteurs (Etat congolais, humanitaires et partenaires financiers) engagés dans la lutte contre les SGBV, sur la recrudescence du phénomène et la nécessité de redoubler d'effort pour enrailler le fléau.

Certes, beaucoup a été fait et continue d'être fait en aval surtout dans la prise en charge des victimes. Cependant il convient de traite cette question en amont de façon et durable. La sécurisation des populations civiles demeure une priorité dans le processus de lutte contre les violences sexuelles.

Lors de sa visite au Sud Kivu du 07 au 08 septembre 2006, le Secrétaire général Adjoint des Nations Unies chargé des Affaires Humanitaires, M. Jan Egeland a déclaré que les atrocités commises sur les populations civiles, constituent un cancer qui décime les populations congolaises. Il a aussi insisté sur la responsabilité des autorités congolaises qui ont le pouvoir et le devoir de mettre fin immédiatement à l'impunité qui entretient ces violences. « ... les femmes continuent d'être violées... La population... m'a hurlé son besoin de sécurité. Cette situation est intolérable. Je suis certain que nous pourrons contribuer à stabiliser la situation sécuritaire dans cette région » a til ajouté.

Les populations qui n'ont que trop souffert de ces cycles de violences, attendent l'accomplissement des engagements de tout les acteurs (nationaux et internationaux) pour vivre désormais dans un environnement sécurisé.

Contact:

Samuel Zoungrana
Email: mills@un.org
Tél.: +243 081 9889 155 OCHA Sud Kivu / Bukavu
http:/ / w w w .rdchumanitaire.net