RD Congo : Situation humanitaire dans la province du Sud-Kivu (15 mai 2024)

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Ce rapport est produit par OCHA RDC en collaboration avec les partenaires humanitaires. Il couvre la période du 1er au 30 avril2024.

FAITS MAJEURS

• Plus de 48 000 personnes déplacées des sites autour de Minova reçoivent des vivres et des articles ménagers essentiels (AME) du CICR

• Assistance en espèces pour la sécurité alimentaire à plus de 6 750 ménages déplacés dans le territoire de Kalehe

• Besoins d’assistance en éducation pour 94 000 enfants déplacés arrivés à Minova entre décembre 2023 et avril 2024

APERÇU DE LA SITUATION

Territoire de Kalehe

Les affrontements armés en cours dans la province du Nord-Kivu continuent d’impacter le contexte sécuritaire et la situation humanitaire de la province du SudKivu. Au cours du mois d’avril, environ 47 000 personnes déplacées en provenance des zones de combat dans le Nord-Kivu sont arrivées dans les zones de santé de Minova, Bunyakiri et Kalonge. En outre, le contexte sécuritaire reste très instable du fait de fréquentes détonations d’armes dans les collines surplombant la cité de Minova.

Le 15 avril, quatre bombes larguées depuis les fronts de combat sont tombées sur Minova, blessant une personne. Le 30 avril, une autre bombe est tombée près d'un bateau transportant de l’aide alimentaire, sans faire de dégâts. Ces menaces sécuritaires autour de Minova ont incité certains partenaires humanitaires à se redéployer temporairement vers des localités plus sûres. Cependant, plusieurs autres partenaires ont poursuivi leur déploiement à Minova depuis Bukavu et Goma, Dans la nuit du 17 au 18 avril, des acteurs armés sont entrés dans un centre collectif hébergeant des personnes déplacées dans la cité de Minova, exigeant que leurs familles reçoivent également de l’aide alimentaire. Bien que cet incident ait été maîtrisé Situation humanitaire dans la province du Sud-Kivu | 2 grâce à l'intervention des autorités locales, les partenaires humanitaires continuent de craindre pour leur sécurité.

Ce contexte d’instabilité sécuritaire impacte grandement l’éducation des enfants. Les acteurs du secteur de l’éducation ont rapporté que 43 écoles (445 salles de classe) sont utilisées comme abris et hébergent des familles déplacées. En outre, plus de 94 000 enfants déplacés âgés de 3 à 17 ans sont arrivés dans la zone de santé de Minova en provenance de Masisi, de décembre 2023 à avril 2024. Les acteurs de l’éducation rapportent également qu’au moins six écoles primaires sont totalement fermées depuis février à ce jour. Ces écoles sont hors d’usage en raison des destructions importantes causées par les déplacées qui ont utilisé les salles de classe comme abris.

L'ONG AIDES, partenaire du HCR, a annoncé qu'elle dispose de 686 kits d'abris d'urgence destinés aux personnes déplacées hébergées dans les sites de Kitembo et Muchibwe à Minova, mais la distribution de ces kits est retardée en raison du manque de terrain disponible pour la construction des abris. Territoires de Fizi, Mwenga , Uvira et Walungu Entre mars et avril, des pluies orageuses ont arrosé plusieurs territoires du Sud-Kivu, causant des inondations et des milliers de ménages sinistrés.

Territoire de Fizi: Plus de 6 000 ménages sont sinistrés dans le groupement de Babungwe Nord, avec plusieurs habitations, latrines, points d'eau et champs endommagés. Les villages de l'aire de santé de Kenya sont les plus touchés, avec plus de 460 ménages affectés. Les sinistrés ont en urgence besoin d'abris, de l'eau potable, des latrines d'urgence, de la nourriture, des semences et des outils agricoles, du cash pour les moyens de subsistance, des soins de santé. Le centre de santé de Kenya a besoin d’un appui en médicaments et intrants médicaux pour répondre aux besoins urgents des sinistrés.

Dans la ville de Baraka et ses environs, près de 35 000 personnes sont affectées par les inondations. Plusieurs maisons sont détruites, des latrines inondées et plusieurs milliers d’hectares de champs sont sous l’eau. Territoire de Mwenga: La zone de santé de Kimbi-Lulenge est coupée du reste du territoire depuis début avril, en raison de fortes pluies qui ont causé l’effondrement du pont sur la rivière Mukolochi, perturbant ainsi l'acheminement de l'assistance humanitaire pour plus de 14 000 personnes.

Territoire de Walungu: Le 27 avril, des pluies orageuses survenues dans la zone de santé de Mubumbano ont provoqué des inondations, causant quatre décès et plus de 1 500 personnes sans-abris. Plusieurs centaines de maisons et d’hectares de champs ont été détruits et de nombreux animaux ont été perdus.

Territoire d’Uvira : Des pluies orageuses survenues le 8 avril dans la plaine de la Ruzizi ont causé l'effondrement du pont de déviation sur la rivière Kakenge à Sange. Cet incident a entraîné la coupure momentanée de la route nationale 5. Les eaux ont également provoqué un éboulement, rendant impossible le passage à gué des véhicules. En conséquence, la circulation est bloquée de part et d'autre de la rivière.

Selon les acteurs de l’éducation, au moins 13 000 enfants n’ont plus accès à leurs écoles dans le territoire d’Uvira. Ces écoles sont totalement inondées par la crue de la rivière Nyangara et du lac Tanganyika. Ces inondations ont touché 40 écoles, rendant 264 salles de classe non fonctionnelles ou complètement détruites. Parmi ces salles de classe rendues non fonctionnelles, 189 sont dans des écoles primaires et 75 dans des écoles secondaires.

L'accès aux zones touchées est difficile en raison des dommages sur les routes et les ponts. Un soutien accru est nécessaire pour restaurer l’accès physique et répondre aux besoins humanitaires urgents, notamment en abris, eau potable, assainissement, nourriture et moyens de subsistance.

*Territoire d’Uvira* Dans la plaine de Ruzizi, la situation sécuritaire et le contexte de protection restent précaires. De nombreux cas d'abus sexuels et d'enlèvements sont attribués aux groupes armés. Ces groupes armés ciblent les lieux d'approvisionnement en denrées alimentaires, les points d'eau, les champs, les pâturages et les forêts.

Selon des sources locales, quatre femmes ont été violées le 29 avril dans la forêt de Migobe, alors qu'elles travaillaient dans leurs champs. Ces survivantes ont été accueillies dans une structure locale de santé pour recevoir des soins médicaux appropriés, selon les mêmes sources.

Depuis le début de l'année, des groupes armés suspectés d’origine étrangère se seraient installées dans la forêt en bordure de la rivière Ruzizi, d'après des sources locales. Cette situation soulève d’importants défis sécuritaires dans la région. Les groupes armés continuent d’entraver la libre circulation des civils dans la région des Moyens Plateaux d'Uvira. Les femmes sont particulièrement ciblées lors de leurs activités quotidiennes.