RD Congo : Un enchaînement complexe de besoins humanitaires, 1er Mai 2020

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Au début du mois de mars, la République démocratique du Congo a rejoint la longue liste de pays confrontés au COVID-19. Cette nouvelle crise de santé publique vient s'ajouter à une crise humanitaire complexe et prolongée qui risque d'être oubliée en raison de l’attention sur le COVID-19. Il est essentiel de maintenir l'attention et le financement pour répondre aux besoins essentiels identifiés dans le Plan de Réponse Humanitaire 2020 (US$1.82 milliard) afin de sauver des vies. Une détérioration de la situation humanitaire globale aurait un impact catastrophique sur la capacité du pays à répondre à la COVID-19. Voici des faits clés sur la crise humanitaire et la réponse en RDC.

Deuxième pays au monde avec le plus grand nombre de personnes souffrant de malnutrition

Les organisations spécialisées estiment que 15,6 millions de personnes sont en situation d'insécurité alimentaire sévère, dont 4,7 millions souffrant de malnutrition aiguë. Dans la région du Kasaï, les dernières statistiques conjointes du Gouvernement et du Programme Alimentaire Mondial indiquent que jusqu'à 85 pour cent des communautés déplacées et celles qui sont retournées chez elles ces derniers mois souffrent de malnutrition. En RDC, l'insécurité alimentaire et la malnutrition sont les conséquences d'une conjonction de facteurs, dont l'insécurité qui entraîne l'abandon des champs et le manque d'opportunités économiques. La moitié du budget du Plan de Réponse Humanitaire 2020 est consacrée à la sécurité alimentaire et à la nutrition.

Le plus grand nombre de personnes déplacées en Afrique

Chaque semaine, de nombreuses personnes sont contraintes de quitter leur domicile, fuyant l'insécurité et les violences armées. On estime que 5,5 millions de personnes sont actuellement déplacées à l’intérieur du pays, faisant de la RDC l'un des pays les plus touchés par les déplacements internes au monde. Les déplacements bouleversent la vie des familles, entraînant la perte des revenues, la déscolarisation des enfants, entre autres. Bien que les acteurs humanitaires s’activent à répondre aux conséquences de ces déplacements, la seule solution durable est de s’attaquer aux causes profondes via le rétablissement de la paix et la sécurité.

Lutter contre la plus longue et la plus meurtrière des épidémies de rougeole de son histoire

Depuis janvier 2019, la rougeole a déjà tué plus de 6 600 personnes en RDC, dont en grande majorité des enfants. Dans une course pour mettre fin à l'épidémie, les autorités sanitaires congolaises et les partenaires internationaux ont vacciné à ce jour plus de 24 millions d'enfants âgés de 6 à 59 mois. Malgré l'immense effort fourni, il reste encore des millions d'autres à vacciner.

Sa plus longue épidémie d'Ebola

Depuis juin 2018, des équipes pluridisciplinaires luttent contre la dixième épidémie d'Ebola dans le pays. Les espoirs de déclarer la fin de l'épidémie à la mi-avril ont été anéantis lorsque plusieurs nouveaux cas ont été découverts à Beni.

Des milliers de familles sans assistance

Le mauvais état des routes - qui deviennent impraticables pendant la saison des pluies - et l'insécurité persistante dans certaines régions ont fait que des milliers de personnes sont régulièrement coupés d’assistance humanitaire. Dans la province du Sud-Kivu, par exemple, on estime que 400 000 personnes sont sans assistance depuis la fin de l'année 2019 dans les régions de Bijombo, Fizi et Itombwe. Les femmes, les enfants et les personnes âgées ont payé un lourd tribut en termes de santé, d'accès à la nourriture et de protection.

1,82 milliard de dollars US étaient nécessaires pour fournir une aide à 8,1 millions de personnes.

Le 28 février, à Kinshasa, le Gouvernement Congolais et la communauté humanitaire ont lancé un appel de 1,82 milliard de dollars, reflétant la crise humanitaire prolongée et complexe qui continue de perturber des millions de vies ainsi que le développement du pays. Dans le contexte actuel où toute l'attention est portée sur le Covid-19, la communauté internationale et les donateurs ne doivent pas négliger les besoins humanitaires aigus du pays.