RDC: Accepter les différences, première étape d'un retour pacifié

Dans le but de promouvoir la pacification sociale à l'occasion du retour des déplacés internes, une vaste campagne de sensibilisation des populations dans les localités d'origine vient d'être menée dans le district du Tanganyika, dans le sud-est de la République Démocratique du Congo (RDC).
Cette initiative menée conjointement par les autorités locales, Caritas, la Commission Diocésaine et Paix et OCHA s'inscrit dans le cadre d'un projet pilote visant le retour et la réinstallation de 3000 déplacés actuellement répartis dans les quatre camps situés autour de Kalemie. Cette initiative sera soutenue par le Programme Alimentaire Mondial (PAM) et la l'Organisation pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO) à travers des distributions de vivres pour trois mois et de semences au moment du retour.

Sur les trois axes de retour identifiés (Kalemie / Bendera, Kalemie / Nyunzi, et Kalemie / Moba) 15 séances de sensibilisation ont été ainsi conduites jusqu'au 24 octobre. Ont été évoqués la pacification sociale, les principes directeurs au retour, la participation communautaire aux travaux de reconstruction des villages, l'interdiction de marginaliser la femme et la nécessité dans certains cas de restaurer sa dignité et enfin la prévention du recrutement d'enfants dans les groupes armés.

Ces séances ont également été l'occasion pour les acteurs humanitaires d'évaluer les besoins et la sécurité dans les zones. Cette dernière semble s'être considérablement améliorée depuis le début du brassage des éléments Mayï-Mayï au sein de la nouvelle armée unifiée. Des affrontements entre certaines factions sont cependant encore rapportés sur l'axe de Bendera qui est de surcroît difficilement praticable. Vers Kampulu au nord de Nyunzu, des exactions sur la population sont également commises par quelques uns d'entre eux après avoir décidé de se retirer du processus de brassage. Des négociations entre les militaires sont toutefois en cours afin de les persuader de réintégrer les FARDC.

Les besoins en assistance humanitaire sont vastes dans les zones de retour. Les domaines de la santé, de l'éducation, de l'eau et de la nutrition sont notamment concernés.

Dans le prolongement de la mission, un plan définitif de retour sera défini. Ce travail inclura la participation d'organisations spécialisées dans le déminage. Les zones de Kabalo et de Nyunzi seraient en effet polluées selon une ONG internationale.

Les projets multisectoriels et communautaires que Caritas mettra en oeuvre en initiant dans les zones de retour la construction d'écoles, de centres de santé, l'aménagement de sources mériteront des applications plus larges de manière à répondre à toutes les personnes vulnérables.

A terme, les 7156 personnes recensées dans ces sites devraient bénéficier de cette assistance au retour. Ils ne représentent toutefois que 20% de l'ensemble des populations déplacées dans ce district. Certaines ont été accueillies dans des familles d'accueil, d'autres vivent dans la forêt.

D'un retour préparé dépend une cohabitation pacifique à long terme. La sensibilisation des populations concernées participe à cet effort et devra se poursuivre afin d'aplanir d'éventuelles divergences. La réhabilitation d'installations bénéficiant à l'ensemble de la communauté répond également à cet objectif. L'ambition d'organiser un retour des déplacés dans de bonnes conditions et promouvoir ainsi une stabilité durable nécessitera une multitude d'actions en aval, au cours et en amont de ces opérations. Les initiatives de la communauté humanitaire dans le district du Tanganyika en sont un exemple mais devront être renforcées étant donné le faible engagement des partenaires humanitaires dans cette région.