RDC: Communiqué de presse 3 décembre 2004

Le Bureau de Coordination des Affaires Humanitaires (OCHA) en République Démocratique du Congo (RDC) exprime ses inquiétudes quant aux conséquences humanitaires qui pourraient découler de l'opération militaire menée dans le Nord Kivu depuis le 24 novembre.
Les activités militaires dans le nord-ouest du territoire de Walikale et au sud du territoire de Lubero ont entraîné le déplacement de milliers de civils, selon des témoignages recueillis auprès des personnes déplacées. L'instabilité régnant dans la zone ne permet pas à cette heure de chiffrer avec exactitude leur nombre. Une ONG estime cependant que 46.000 personnes se cacheraient dans les forêts de Pinga et Walikale. Environ 2000 personnes seraient arrivées à Miriki à l'est de Kanyabayonga, selon la MONUC. Les 5000 habitants de Bunyatenge (nord-ouest de Kanyabayonga) auraient fui dans la forêt et se dirigeraient vers Kayna.

Plusieurs localités auraient également été pillées puis incendiées lors de ces opérations dans le groupement d'Ikobo, dans le territoire de Walikale, selon les déplacés. Des morts et des blessés parmi les civils auraient été signalés, toujours selon eux. Ces derniers attribuent ces exactions à des troupes de l'armée rwandaise venues déloger les éléments des Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR), un groupe rebelle rwandais, opérant à l'est de la RDC.

« Nous avons entendu des tirs. Les Interahamwe ont fui et les militaires tuaient la population. Des cadavres ne sont pas encore enterrés. Ils pillaient le village avant de l'incendier. Nous avons fui dans la forêt », a affirmé un déplacé.

Un autre témoignage évoque des exactions perpétrées par les FDLR à Buleusa, dans le groupement d'Ikobo. « Les Interahamwe étaient tous armés, jusqu'aux plus petits enfants. Ils vivaient des pillages et faisaient la formation dans le village ».

Des Mayï-Mayï, à la suite de craintes d'une offensive rwandaise, auraient également attaqué et pillé les populations civiles de Bitonga, dans le sud du territoire de Masisi.

Pour Jahal de Méritens, chef d'OCHA en RDC, il convient de prendre ces informations avec beaucoup de précautions. « La Communauté Humanitaire évolue dans un contexte très sensible. Une dynamique est en cours et ses conséquences sont difficilement mesurables à l'heure actuelle. Des équipes ont été déployées sur le terrain aujourd'hui. Des informations plus amples nous parviendrons dans les prochains jours ».

OCHA constate par ailleurs, en dehors de ces zones de combats, la multiplication des exactions sur les populations civiles et les organisations humanitaires par des éléments armés tirant avantage de ce contexte troublé.