RDC: De la préparation du retour à la pacification sociale

Les derniers développements à Uvira ont montré avec une acuité particulière les difficultés sous-jacentes liées à la réintégration dans la société congolaise des populations rapatriées mais aussi par extension des familles retournées à la suite d'un déplacement interne, et des soldats démobilisés.
Ces premières vagues de retour sont annonciatrices d'un mouvement plus important. Un rapatriement massif des réfugiés congolais en RDC en vue des élections programmées en juin 2005 est d'ores et déjà annoncé. Une amélioration de la situation sécuritaire pourrait de la même manière accentuer les mouvements de retour des personnes déplacées vers leurs lieux d'origine alors que la mise en oeuvre du Programme National de Désarmement, Démobilisation et Réintégration allongera la liste des personnes susceptibles de revenir chez elles.

Rapatriés, retournés, démobilisés font souvent face aux mêmes réalités au moment du retour : rejet par leur communauté d'origine, actes de vengeance personnelle, spoliation ou destruction de leurs biens, occupation de postes professionnels par d'autres personnes.

Face à ce phénomène, une synergie des efforts de tous les acteurs impliqués dans chacun des domaines d'intervention est souhaitable de manière à créer les conditions favorables à une réintégration pacifique et durable de ces différents groupes. Une coordination des initiatives menées dans le cadre du rapatriement des réfugiés, du retour des déplacés, et des plans intérimaires de désarmement -avant la mise en oeuvre du Plan National de Désarmement, Démobilisation et Réintégration-, maximiserait de surcroît l'efficacité des réponses apportées par la communauté internationale.

Ces dernières sont multiples et ont été mises en exergue à Uvira, lors d'une réunion entre la délégation du gouvernement de Transition, les autorités provinciales, la MONUC et la délégation humanitaire conduite par OCHA. L'assistance humanitaire délivrée dans une zone de retour devra bénéficier équitablement aux retournés et à ceux qui sont restés afin d'éviter les tensions sociales. Il sera important aussi de développer des projets à haute intensité de main d'oeuvre. Ces projets présentent un double avantage. Le recours à une masse de main d'oeuvre importante incluant les personnes revenues favorise la réconciliation autour d'un objectif commun qui est la construction ou la réhabilitation d'un ouvrage d'intérêt public. Ces initiatives et celles liées de manière plus générale à la relance des outils de production contribueront ensuite à endiguer le chômage et les risques d'exclusion sociale dont les conséquences peuvent être dramatiques.

Ces réalisations ne pourront cependant trouver d'application concrète sans la manifestation d'une volonté politique internationale et du soutien des bailleurs de fonds à ces activités.

Ce panel d'activités ne doit cependant pas occulter la responsabilité première du gouvernement d'assurer assistance et protection à ses propres populations.

Le dialogue aussi, entre les différents groupes ethniques et politiques s'avèrera essentiel pour le rapprochement des communautés. Le développement de "Barzas" inter-communautaires, ces lieux d'échange populaire, devraient s'inscrire dans cette dynamique.

A la veille de ces retours prévisibles, une volonté politique ferme est indispensable afin d'assurer le succès de ces opérations. Une implication des autorités nationales mais aussi locales, qu'elles soient administratives, coutumières, religieuses ou policières sera ainsi essentielle pour éviter les tensions entre les différents groupes. Elles devront sensibiliser dans un premier temps les populations autochtones à ces retours. Leurs rôles respectifs seront ensuite primordiaux dans la résolution des litiges notamment fonciers ou professionnels ainsi que dans la prévention de règlements de compte.

En complément à ces interventions, une diffusion massive des principes applicable au retour des populations et un plaidoyer actif en faveur de la réconciliation participeront à la pacification sociale du pays.