RDC: Des besoins humanitaires urgents au Nord Kivu sur l'axe Butembo / Manguredjipa

Kinshasa 15/11/04 - Les populations vivant sur l'axe Butembo / Manguredjipa font face à une situation humanitaire critique appelant une assistance rapide dans tous les domaines d'intervention, ont rapporté les membres d'une mission inter agences d'évaluation après s'être rendue sur les lieux le 8 novembre 2004.
Cette partie du territoire à l'est de la République Démocratique du Congo (RDC) dans le territoire de Lubero (Nord Kivu) est demeurée enclavée depuis la première guerre dite de Libération du Congo en 1996. L'insécurité prévalant dans cette zone minière en raison de la présence d'une multitude de factions Mayï Mayï avait empêché depuis, tout accès humanitaire aux personnes vulnérables, victimes des pillages et des exactions de ces éléments. Par ailleurs, l'opération des Forces Armées de la RDC (FARDC) visant à restaurer la sécurité sur cet axe, au début du mois d'octobre, a contribué à aggraver le contexte humanitaire préexistant.

Plusieurs villages se sont vidés de leurs habitants en raison des combats. De timide mouvements de retour ont toutefois été constatés dans les localités visitées par la mission. A Itende, un village au pied de la montagne d'o=F9 avait été délogé le chef Mayï Mayï Werason et ses hommes, seule la moitié des 1000 habitants de la localité sont revenus. A Biambwe, 744 ménages sur les 2600 enregistrés sont revenus il y a deux semaines après s'être réfugiés pendant deux mois dans la forêt.

Le retour de ces familles s'effectue dans le dénuement le plus total. Les pillages systématiques des récoltes et des habitations, la destruction des infrastructures communautaires, comme les centres de santé, les habitations, les écoles, ont crée des besoins humanitaires urgents dans tous les domaines. Ils concernent en priorité la santé et la prise en charge des victimes de violence sexuelle, les biens non alimentaires ainsi que la nutrition et la sécurité alimentaire.

A l'heure actuelle, les FARDC sont parvenus à sécuriser 80 % de l'axe Butembo / Maguredjipa. Ils ont reçu l'ordre de stopper leur avancée à hauteur de Njiyapanda, à une vingtaine de kilomètres de Manguredjipa. Cet arrêt de l'opération de sécurisation a par ailleurs incité les habitants de cette dernière ville, encore sous influence Mayï Mayï, à se déplacer et à rechercher la protection des FARDC, espérant que ceux-ci achèvent de sécuriser l'axe.

Ils seraient ainsi 325 ménages déplacés à Njiyapanda, selon la Croix Rouge locale alors qu'à Masisi I et Masisi II (6 à 7 km de Njiyapanda) 834 personnes et 1242 familles ont été respectivement identifiées. Les chiffres ne sont pour l'instant que provisoires, l'enregistrement se poursuit.

La présence de trois groupes armés aux alentours de Manguredjipa empêche toute possibilité de retour, d'autant plus que certains déplacés ont indiqué à la mission craindre des représailles de leur part s'ils décidaient de revenir.

Le tableau humanitaire dans ces localités d'accueil ne diffère pas des autres dépeints sur l'axe. La pression démographique que fait peser ces déplacés sur la population locale ajoute de surcroît à l'urgence d'une intervention humanitaire. La seule localité de Masisi II est ainsi passée de 50 à 1292 ménages.

Un début de réponse humanitaire se prépare. L'ONG Première Urgence effectue depuis le 9 novembre une mission sur l'axe en vue de la réhabilitation de la route. Elle prévoit également de fournir des intrants agricoles à la population pour la prochaine saison culturale. Le Programme Alimentaire Mondial (PAM) à Goma étudie une possible distribution de vivres. Solidarités est disposé à fournir des biens non alimentaires, moyennant un recensement préalable des bénéficiaires. Les ONG MAD, AIOD et CTOL se chargeront de procéder rapidement à l'enregistrement de tous les déplacés sur l'axe, pour permettre à d'autres organisations de planifier une assistance. L'ONG MERLIN, prévoit une assistance médicale en soutenant dans un premier temps le centre de santé de Njiyapanda. L'ONG PPSSP collaborera enfin avec les structures locales pour la sensibilisation contre les violences sexuelles et la prise en charge médicale et psychologique des victimes.