RDC : Faisons encore plus pour sauver des millions de Congolais

Kinshasa,14 Août 2006 : Réunie à Bruxelles le 13 février 2006, la communauté humanitaire lançait le Plan d'Action Humanitaire pour la République du Congo, une stratégie multisectorielle visant à alléger les souffrances de près de 10 millions de Congolais. Avec une enveloppe totale de 668 millions dollars - soit 18 cents US par jour

  • ces populations pourraient recevoir de la nourriture, boire de l'eau potable, accéder à des soins de santé primaire, retrouver les bancs de l'école, et se protéger physiquement des groupes armés.

    A ce jour, grâce à la générosité de certains donateurs, 235, 734,196 millions de dollars US ont été recueillis et immédiatement utilisés par les agences des Nations Unies et les ONG internationales pour sauver des milliers de vie dans la Province Orientale, le Nord-Kivu, le Sud-Kivu, au Katanga, où la crise humanitaire sévit avec acuité.

Cependant six mois plus tard, cette somme ne représente que 35 % de l'enveloppe totale.

« Tous les acteurs humanitaires en RDC saluent les contributions déjà faites, mais nous avons besoin d'encore plus pour être plus efficaces », a déclaré à Kinshasa le Coordonnateur Humanitaire, Ross Mountain.

Les besoins financiers restent énormes dans tous les domaines : le secteur vital de la santé n'a recueilli que 19% du montant requis en six mois ; les secteurs tels que l'abri et les vivres n'ont reçu que 5%. Les financements sont également en deçà des besoins pour la protection des femmes contre les abus sexuels et celle des enfants contre le recrutement dans les groupes armés. Ce manque de ressources continue de pérenniser la souffrance et la précarité de la vie des centaines de milliers de Congolais qui vivent déjà dans une situation d'extrême vulnérabilité.

Nonobstant les gros efforts déployés par la communauté internationale dans le processus électoral Congolais et les foyers de tension à travers le pays, la crise humanitaire en RDC demeure la plus meurtrière avec notamment, entre autres, un taux de mortalité infantile 34 fois plus élevé que dans les pays développés, 1,66 millions de personnes déplacées, 1,68 millions de Congolais retournés des pays voisins.

Dans ce pays aux terres fertiles, l'accès à la nourriture est souvent rendu impossible du fait de l'insécurité, entraînant la pauvreté des agriculteurs et la malnutrition de leurs communautés, caractérisée particulièrement par la mort de 4 enfants sur 10.000 par jour, soit deux fois plus que le niveau d'alerte humanitaire. Selon un rapport produit par l'ONG internationale Caritas, le taux de malnutrition sévère dans la province du Katanga est passé de 5 à plus de 8 %. 197.500 personnes déplacées au Sud-Kivu, 151.000 autres déplacés au Katanga, et 150.000 déplacés en Ituri, sont également menacées de famine.

Le manque d'accès à l'eau potable, les épidémies de maladies facilement traitables tels que le paludisme, les maladies respiratoires et les diarrhées, continuent de décimer des familles entières. Au Nord-Kivu, le paludisme tue 4 personnes par jour, notamment parmi les 106.000 personnes nouvellement déplacées qui vivent dans des familles d'accueil et des églises. Plusieurs foyers de choléra ont été déclarés dans plusieurs localités dans l'est du pays où la maladie est endémique.

Le faible taux de financement ne permet pas aux humanitaires de fournir à tous ces hommes, femmes et enfants l'aide requise. Et au rythme actuel, les acteurs humanitaires n'auront recueilli qu'environ 40% de l'enveloppe totale d'ici la fin de l'année.

La situation financière des acteurs humanitaires est si alarmante que, par exemple, le Programme Alimentaire Mondial a dû réduire ses rations alimentaires de 30 jours à 15 jours. Le PAM a également recouru, à la mi-juillet, à l'appui logistique des ONG internationales pour transporter l'aide alimentaire à près de 45.000 déplacés internes vivant présentement à Geti.

« Il ne nous reste plus que 50 tonnes de haricots pour 12.000 personnes déplacées » dit François Djissou, le Chef du Bureau du Programme Alimentaire Mondial à Bunia, le chef-lieu du district. « Le PAM a besoin de 1300 tonnes de nourriture par mois pour la population de déplacés de l'Ituri. »

« La communauté internationale a consenti de nombreux efforts afin d'alléger la crise humanitaire. Ne perdons pas la dynamique qui est en marche. Afin de redonner espoir à l'ensemble de Congolais sans exclusive après les élections historiques, la solidarité internationale devra se matérialiser rapidement pour permettre aux populations vulnérables de se joindre aux efforts de reconstruction du Congo », a déclaré M. Mountain.