RDC Ituri : Une ville rendue accessible dévoile l'étendue de ses besoins humanitaires

Aru, ville de l'extrême nord est de la République Démocratique du Congo (RDC), a dévoilé sa préoccupante situation humanitaire sous fond de violations graves des droits de l'homme.
La première mission inter Agences et multi disciplinaires autorisée en raison du déploiement d'une compagnie népalaise de casques bleus dans cette localité les 15 et 16 septembre, a en effet constaté du 1er au 4 octobre, l'étendue des besoins humanitaires auxquels une poignée d'organisations seulement tente de répondre.

Des besoins dans tous les domaines majeurs d'intervention

Le territoire de Aru a été le théâtre d'importants mouvements de population en raison des affrontements entre les groupes armés. Aux 90.000 anciens déplacés des mois de juin à août, se succèdent aujourd'hui les difficultés créées par le refoulement des congolais de l'Ouganda.

Bien que certains d'entre eux soient hébergés dans des familles d'accueil plusieurs centaines sont sans domicile. Selon l'ONG Agro Action Allemande (AAA), plus de 5.000 ménages auraient ainsi besoin d'une assistance en vivres et en non vivres. Des distributions de nourriture sont organisées par cette ONG, mais les stocks viennent à manquer.

La rencontre avec les acteurs civils et politiques locaux a également permis de souligner les problèmes liés au manque d'eau potable sur l'ensemble du territoire. L'ONG locale CIDRI intervient certes dans l'aménagement de sources mais rien n'est entrepris à l'heure actuelle dans le traitement de l'eau.

La sécurité alimentaire demeure quant à elle précaire. Les productions vivrières sont en effet minimes. La principale culture concerne celle du tabac et s'étend sur toute l'année avant d'être vendue. Les carences alimentaires sont par conséquent élevées et touchent majoritairement les enfants. Aucun partenaire n'intervient en ce domaine.

Les intervenants en matière de santé ont souligné le manque d'organisation et la multiplication des marchants illégaux de produits pharmaceutiques.

L'absence de politique de sensibilisation au VIH/Sida engendre des taux de prévalence vertigineux et suscitent de sérieuses inquiétudes.

Des violations graves des Droits l'Homme ont, par ailleurs, été rapportées aux membres de la mission. Des exécutions sommaires ont notamment été rapportées, dans un territoire dépourvu de l'autorité étatique.

Le diagnostic provisoire de cette mission n'a concerné que la ville de Aru. Le déploiement récent de la brigade onusienne n'a pas permis de disposer des moyens logistiques pour parcourir d'autres endroits stratégiques du territoire. Une situation humanitaire semblable, voire pire, risque cependant de se révéler lorsque l'accès sera possible.

Dans ce contexte, aggravé par l'état déplorable des infrastructures routières, une intervention humanitaire internationale de plus grande envergure s'avèrera indispensable pour répondre aux besoins des plus vulnérables et protéger les droits fondamentaux de la personne humaine.