RDC : Kinshasa - Kisangani - Lubumbashi, un rêve humanitaire bientôt réalisé

La récente réhabilitation de la ligne ferroviaire entre Kisangani et Ubundu, dans la province Orientale, au nord-est de la République Démocratique du Congo (RDC), permettra dans un proche avenir de relier par voies terrestres et fluviales Kinshasa, à l'extrême ouest du pays, à Lubumbashi au sud-est.
Un projet global de grande ampleur

Initiée par les acteurs humanitaires et la Société Nationale des Chemins de fer Congolais (SNCC), soutenue par les autorités nationales, la réalisation de ce projet s'inscrit dans le prolongement de l'opération « Kambelembele ». Celle-ci avait permis de ressusciter la ligne ferrée entre Lubumbashi et Kindu au mois de juin. Aujourd'hui, les Nations Unies dont le Bureau de Coordination des Affaires Humanitaires (OCHA) multiplient les contacts pour réactiver les barges allant d'Ubundu à Kindu. La réhabilitation de ce dernier tronçon offrira alors de rejoindre Kinshasa à Kisangani par le fleuve Congo ; Kinsagani, Ubundu par le train ; Ubundu, Kindu par les barges, puis finalement Kindu, Lubumbashi par le train.

Dans un pays morcelé par plusieurs années de guerre, des provinces avec des potentialités économies ont périclité du fait de leur enclavement. La situation humanitaire des populations n'a cessé de se détériorer en raison des difficultés d'accès. La renaissance de ces voies de communication apparaît donc comme fondamentale pour réduire la vulnérabilité des populations vivant le long de ces axes. Trait d'union entre les communautés, elles sont aussi des vecteurs pour la réconciliation de différents groupes que la guerre a séparés ou déchirés. L'acheminement de l'aide humanitaire est rendu plus aisé, moins onéreux et permet donc de répondre à plus de besoins. Au-delà des aspects humanitaires ces réhabilitations sont des facteurs de relance des échanges économiques et d'amélioration des conditions de vie qui à terme conduiront les populations à l'autosuffisance.

Dix trains humanitaires programmés

La réhabilitation du chemin de fer entre Kisangani et Ubundu fera l'objet d'une inauguration officielle par les autorités congolaises le 10 novembre. La fête populaire n'aura lieu cependant qu'à la fin du mois lorsque le premier des dix trains humanitaires prévus commencera à livrer aux 100.000 bénéficiaires directs 1000 tonnes d'assistances humanitaires. Ces personnes vulnérables sont celles couvertes par les projets de l'ONG International Refugee Committee (IRC), du Programme Alimentaire Mondial (PAM) et de l'Organisation pour l'Agriculture et l'Alimentation (FAO). A terme, tous les habitants de la zone desservis par la voie ferrée percevront les fruits de cette réalisation. Près de 2.200.000 de personnes habitent le district de Kisangani, ils sont environ 205. 000 dans le territoire de Ubundu.

La guerre et l'enclavement de la région avaient laissé une situation humanitaire inquiétante. Les populations n'avaient pratiquement plus accès aux soins de santé primaire de base. Des maladies comme la lèpre ou le tétanos, autrefois éradiquées, ont ressurgi. Le taux de couverture vaccinale atteint des niveaux très bas. Les carences en eau potable sont à l'origine de nombreuses maladies hydriques.

Le manque d'outils aratoires ainsi que de semences vivrières et maraîchères a affecté les capacités agricoles et entraîné la région dans l'insécurité alimentaire. Des violences sexuelles ont également été commises durant la guerre et dans une moindre mesure après sans d'aucune prise en charge médicale et psychologique ne puissent être apportées aux victimes. Enfin, un nombre important d'anciens enfants soldats méritent d'être intégrés dans les programmes de Désarmement Démobilisation et Réinsertion, alors que le retour des déplacés de guerre, facilité par le train, devra être préparé.

Impulsée par le PAM, IRC, la Section des Affaires Humanitaires de la MONUC et OCHA, la réhabilitation des 125 km de voies ferrées aura été le résultat d'une synergie des efforts de tous les partenaires impliqués. IRC a assuré la coordination et la gestion du projet ainsi qu'une partie du financement du budget. OCHA a coordonné pour sa part les différents acteurs humanitaires lors de la préparation et la mise en œuvre du projet. Il a également financé 60 % du montant total du budget qui s'élevait à 160.000 dollars. OTI/ USAID dans le cadre du projet SE'CA a débloqué des fonds additionnels pour la réhabilitation des gares d'Ubundu et de Kisangani ainsi que pour d'autres coûts annexes. Ils ont également doté les installations d'équipements de communication et de groupes électrogènes en cas de coupures d'électricité. La FAO a notamment fourni une partie des outils nécessaires au nettoyage et à l'entretien de la voie, alors que le PAM a livré des vivres aux 600 travailleurs dans le cadre du programme Vivres contre Travail. La MONUC s'est chargée du transport des nouveaux moteurs et des pièces détachées des locomotives de Lubumbashi à Kisangani. La SNCC a elle, mobilisé ses agents techniques pour la réouverture de la voie et les petites réparations.