RDC: La maison humanitaire à Kayna, un relais pour une réponse d'urgence

La localité de Kayna, dans la province du Nord Kivu à l'est de la République Démocratique du Congo (RDC) sera dotée au cours de la première semaine de janvier d'une maison humanitaire. Initiée par le Bureau des Nations Unies pour la Coordination des Affaires Humanitaires (OCHA), cette maison aura pour but de faciliter le travail de tous les acteurs humanitaires auprès des personnes vulnérables de la zone à la suite des récents affrontements.  
Les combats qui ont opposé entre le 11 et le 20 décembre 2004 des troupes des Forces Armées de la RDC (FARDC) à des éléments ex-ANC dans la région de Kanyabayonga ont déplacé des dizaines de milliers de civils. L'immense majorité de la population vivant sur l'axe Kanyabayonga / Alimbongo avait alors fui les combats et les exactions perpétrées par des militaires.

Cette maison humanitaire installée pour une période initiale de deux mois se présente en fait comme le relais de l'antenne humanitaire créée à Lubero le 10 septembre pour une durée de six mois. Ces deux entités provisoires répondent à la politique de proximité voulue par OCHA dans le dessein d'améliorer à la fois la coordination et la facilitation des opérations humanitaires dans des zones isolées frappées par des crises.

L'emplacement géographique de l'antenne et de la maison humanitaire permettra aux organisations d'assistance de bénéficier de deux bases humanitaires de part et d'autre de la ligne de front à hauteur de Kirumba. L'antenne humanitaire de Lubero coordonne ainsi d'ores et déjà les interventions à partir du nord, sous contrôle des FARDC. La maison de Kayna facilitera le rayonnement des partenaires sur l'axe sud, sous contrôle d'éléments ex-ANC. La zone comprend notamment les localités de Kirumba à Kanyabayonga.

L'accalmie de la situation militaire a permis aux humanitaires de commencer à répondre aux nombreux besoins. Un cessez-le-feu a été obtenu le 20 décembre par l'intervention du gouverneur du Nord Kivu, Eugène Serufuli. La MONUC, la mission des Nations Unies en RDC, s'est interposée entre les deux belligérants en créant dès le 21 décembre une zone tampon entièrement démilitarisée. Celle-ci s'étend pour le moment de la dernière maison de Mighobwe à la dernière habitation de Kirumba.

Le calme apparent n'a cependant pas engendré un retour généralisé et massif des déplacés. Beaucoup parmi eux préfèrent rester dans les localités du nord vers Lubero ou à l'est de l'axe Kanyabayonga / Lubero en direction du lac Edouard. D'autres encore demeurent cachés dans les forêts.

Compte tenu de cette situation, la stratégie d'assistance se déroulera en deux phases. La première phase, d'urgence, qui a déjà commencé concerne une aide en vivres, en soin de santé, et en biens non alimentaires. La nature des distributions s'adapte par ailleurs aux différents scénarios possibles de retour : la localité est vide, un retour partiel, un retour de jour seulement, un retour massif, et une assistance dans la localité même de déplacement.

Cette aide humanitaire devrait inciter les familles déplacées à regagner leurs milieux d'origine et à percevoir alors une assistance de plus grande ampleur après identification précise de leurs besoins. Les actions préparatoires à cette phase sont actuellement en cours.

La présence des deux pôles de coordination OCHA à Lubero et à Kayna pourra de la sorte faciliter les actions humanitaires et attirer la venue de nouveaux partenaires en vue de répondre à des besoins qui ne feront que s'amplifier avec le retour progressif des déplacés.

Le bon déroulement des opérations humanitaires demeure néanmoins fondamentalement lié à la sécurité des bénéficiaires ainsi qu'à celle du personnel humanitaire. Les pillages et autres exactions graves dont sont encore une fois victimes les populations civiles ont amené OCHA à mener une importante campagne de plaidoyer auprès de tous les officiers militaires déployés sur le terrain entre Lubero et Kanyabayonga. L'objectif est de leur rappeler les règles essentielles en matière de protection des civils mais aussi celles relatives au libre droit d'accès des humanitaires aux personnes dans le besoin.

Le maximum est entrepris par la communauté humanitaire pour venir en aide à près de 150.000 déplacés, selon des estimations les plus réalistes. Cette période de trouble ne doit pas passer aux oubliettes les principes élémentaires d'humanité. La population civile, trop souvent prise en otage d'intérêts qui les dépassent, aspire à un minimum de dignité, que la communauté humanitaire tente aujourd'hui de lui restituer.