RDC: Les réfugiés congolais pris en charge par les humanitaires dans le site de transit

Tous les réfugiés congolais, bloqués depuis jeudi dernier dans la zone neutre à la frontière de Uvira, ont rejoint mardi et sans incident le site de transit dans le centre de la ville. Leur retour avait en effet entraîné un soulèvement de la population qui avait érigé des barricades pour empêcher.

Selon le service d'émigration, 1618 personnes ont été accueillies dans le site Est Agrico. 33 réfugiés ont toutefois été retenus à la frontière. Huit d'entre eux ont déclaré être d'anciens militaires, 25 autres ont été soupçonnés de l'être.

La réponse humanitaire dans le site de transit

Dans l'attente du retour dans les localités d'origine, l'assistance humanitaire dans le site s'organise. La gestion du site a été confiée à l'ONG AVREO. La désignation d'un point focal devant assurer la liaison entre les réfugiés et les autorités locales a également été demandée. La MONUC est chargée d'assurer la sécurité à l'intérieur du site alors qu'un cordon militaire composé d'éléments des Forces Armées de la RDC a été placé à l'extérieur du site.

Des bâches, des sceaux, des jerrycans ont été fournis par l'UNICEF. La MONUC a assuré dès hier un approvisionnement en eau. La Regideso a en outre accepté de fournir gratuitement 14 000 litres d'eau par jour qui seront transportés par les camions citernes. Deux réservoirs d'eau, apportés par l'UNICEF, sont en train d'être installés par le l'ONG TEAR FUND avec le soutien des ingénieurs chinois de la mission onusienne. Une trentaine de latrines seront construites aujourd'hui par la Croix rouge nationale et Tear Fund. Ces deux partenaires sont également en charge de la gestion des déchets. Une évaluation complémentaire des biens non alimentaires est effectuée par ACF.

Concernant les vivres, le PAM s'apprête à effectuer une évaluation des besoins si la situation devait se prolonger. Caritas devrait toutefois mettre à disposition les vivres que le gouvernement avait entreposées à DATCO, après les événements de juin à Bukavu. L'ONG UGEAFI fournit pour sa part, de la nourriture et du charbon, alors que Acted apporte un soutien logistique général aux différentes intiatives.

La prise en charge des malades est assurée par l'ONG AMI avec le soutien de la Croix Rouge locale. Les cas les plus graves, sont transférés à l'hôpital de référence de Uvira qui bénéficie de l'aide du CICR. Ce dernier et la section des Droits de l'Homme de la MONUC s'occupent du domaine de la protection.

Transfert sous haute sécurité

La sécurité du transfert a relevé de la responsabilité des FARDC. La MONUC a, quant à elle, accompagné et supervisé - avec les autorités provinciales- cette opération.

La communauté humanitaire avait en effet indiqué que la principale urgence concernait la nécessité d'assurer la protection de ces réfugiés. Même si la tension populaire avait diminué, il demeurait cependant des poches d'instabilité.

OCHA avait rappelé à cet égard aux autorités politiques la nécessité de préparer ces retours en effectuant une sensibilisation et un plaidoyer auprès des populations à Uvira, notamment celles qui sont proches du camp, et celles dans les localités de retour.

Si une sensibilisation des populations à Uvira en vue de ce transfert, a été menée par les autorités, les sociétés civiles, les confessions religieuses et en général par toutes les forces vives, il reste nécessaire de répéter cette campagne dans les lieux d'origine de ces rapatriés. Une stratégie en ce sens est en cours d'élaboration.

Les réfugiés ont en effet exprimé le souhait, partagé par l'ensemble des acteurs à Uvira, de regagner au plus vite leurs localités.

Bloqués à la frontière depuis jeudi

Ce groupe de réfugiés congolais, essentiellement composé d'enfants, de femmes et de personnes âgées, était bloqué dans la zone neutre de la frontière congolo-burundaise, depuis jeudi. Les autorités congolaises de Uvira avaient estimé devoir bénéficier de sept jours pour sensibiliser la population, compte tenu des émeutes qu'avait provoqué une première vague de retour de réfugiés banyamulenge le 24 septembre. Dans cette seconde vague figurait en effet environ 500 Banyamulenge du camp de Gatumba au Burundi, où 160 personnes avaient été massacrées le 13 août. Les autres réfugiés étaient des Bashi, des Bafulero et Bavira en provenance du camp de Karurama, dans la province de Cibitoke, nord-ouest du Burundi.

Les vives tensions avaient rendu très difficile toute assistance dans la zone neutre. Toutefois après plusieurs tentatives au cours du week-end, la coopération entre les équipes humanitaires inter Agences du Burundi et de Uvira a permis de fournir lundi une aide dans la zone neutre. Le HCR a ainsi distribué 300 bâches au comité de réfugiés, des jerrycans et du savon. L'ONG burundaise Ebenezer a procédé à une distribution d'huile, de sucre, de charbon et de nourriture. Un approvisionnement en eau a été assuré par la MONUC, du côté congolais, et par l'UNOB du côté burundais.