RDC Nord Kivu: 4.500 familles attendent les conditions propices à leur retour

Près de 4.500 familles déplacées dans le Nord Kivu et le Masisi ont majoritairement affirmé vouloir rentrer rapidement chez-elles si les conditions sécuritaires leurs sont garanties, ont rapporté deux missions Inter-Agences d'évaluation humanitaire, effectuées les 16 et 23 septembre. Ces personnes ont principalement trouvé refuge à Ngungu, mais aussi à Luzirantaka, Lwizi, Murambi et Kasake, des zones contrôlées par la 8ième région militaire.
Ces congolais rwandophones originaires du Sud Kivu ont fui leurs habitations à partir du 10 septembre par craintes d'éventuelles exactions dues à l'avancée des troupes de la 10ième région militaire. Le traumatisme d'avoir été témoin de plusieurs tueries au mois de juillet sur les Hauts Plateaux de Kalehe a été à la base de ces déplacements, ont affirmé des déplacés. Bien que ces personnes n'aient pas été confrontées physiquement aux militaires de la 10ième, certaines d'entre elles ont néanmoins témoigné aux membres de la mission d'évaluation, avoir vu des soldats mettre le feu à des habitations au moment de leur départ en septembre.

Plaidoyer humanitaire pour la protection des civils

Les civils sont une nouvelle fois victimes de la terreur générée par les hommes en armes. Les antécédents en la matière les poussent aujourd'hui à quitter leurs villages à titre préventif.

Pareille situation bafoue les règles fondamentales relatives à la protection des civils. Les autorités politiques locales et nationales se sont toutefois engagées, à la suite d'une mission sur les lieux de déplacement, à assurer la protection des civils et à prendre les mesures nécessaires afin de garantir un retour sécurisé.

Dans l'attente d'un retour, les ONG, Norwegian Refugee Council (NRC) et Save the Children devraient cependant dès cette semaine effectuer le suivi des droits des déplacés afin d'éviter et de dénoncer tout abus. Dans le but de faciliter le retour, OCHA organisera pour sa part, avec la participation de NRC, un séminaire de sensibilisation sur les « Principes Directeurs relatifs au Déplacement de Personnes à l'Intérieur de leur Propre Pays », qui s'adressera aux responsables civils et militaires.

Pour l'heure, l'aide humanitaire s'organise pour répondre aux besoins les plus urgents et ceux à venir si la situation devait perdurer.

La réponse humanitaire

A Ngungu, une borne fontaine située à proximité du site de déplacement, dans le camp DDRRR/GTZ offre pour le moment un approvisionnement suffisant en eau. Des réservoirs d'eau supplémentaires devraient être installés par Oxfam / GB en prévision d'un rassemblement, à Ngungu, d'autres familles déplacées actuellement dans des localités périphériques.

L'urgence dans ce site concerne essentiellement les latrines. Une trentaine a été construite alors que le nombre de personnes présentes en nécessiterait 150. Les organisations humanitaires solliciteront les comités de déplacés afin de leur faire construire, eux-mêmes, les latrines restantes, l'UNICEF leur fournissant les bâches nécessaires. Une demande similaire concernera le creusement de tranchées pour le drainage de l'eau en prévision de la saison des pluies qui s'annonce.

Dans la collectivité de Luzirantaka et dans la localité de Lwisi, l'eau trouble de certaines sources est responsable de gastroentérites. A Ngungu, un poste de santé a été installé. Des missions sont par ailleurs prévues afin de récolter plus d'informations sur la situation médicale.

Les besoins en bâches, en jerricans, en savon touchent tous les sites de déplacement, bien que certains déplacés sont venus avec quelques biens qui pour certains leurs avaient été distribués à la fin du mois d'août à Numbi, Shanje et Ciamilongue.

En matière alimentaire, l'urgence n'est pas encore avérée. Les déplacés ont emmené avec eux du bétail et des vivres. Le PAM et WV assureront le suivi de la situation quant à l'utilisation des stocks de nourriture à disposition des déplacés; une attention particulière sera apportée à la situation nutritionnelle des enfants de Ngungu. Des distributions de nourriture, par Caritas, pourraient débuter en fin de semaine.