RDC: Objectif 2005: Passer le CAP des 70%

Kinshasa 19/11/2004 Le lancement de l'Appel Global (CAP) 2005 en République Démocratique du Congo (RDC) au cours du mois de novembre constitue une occasion privilégiée d'analyser les grandes lignes du financement de l'action humanitaire en 2004 et d'en tirer des enseignements pour l'année à venir.
De manière générale, la hausse des niveaux de financements humanitaires constatés en RDC démarque ce pays par rapport à une réduction drastique des montants débloqués au niveau mondial.

Des activités humanitaires mieux financées

Alors que l'aide humanitaire globale a enregistré une baisse vertigineuse en passant de 6,6 milliards en 2003 à 3,3 milliards en 2004, les sommes allouées à la RDC sont passées de 168 millions de dollars en 2003 à 189 millions au 17 novembre de 2004, selon les informations communiquées par les acteurs concernés.

Près de 101 millions de ce montant ont été accordés dans le cadre du CAP, les 88 autres millions provenant de financements hors CAP. Les financements hors CAP n'ont fait qu'augmenter depuis trois ans. Ils étaient de 38 millions en 2002 et de 61 millions en 2003.

Si les sommes allouées dans le CAP ont, dans les masses, légèrement diminué (107 millions de dollars en 2003, 101 millions en 2004) le pourcentage de financement par rapport au montant sollicité a augmenté. Le CAP de la RDC en 2003 avait ainsi bénéficié d'une couverture financière de 47%. Elle est de 54 % en novembre 2004.

Ce pourcentage se situe donc au dessus de la moyenne mondiale de financement, qui est de 52%. Il positionne la RDC à la 13ème place des pays les plus financés.

Une complémentarité relative entre les sources de financement

Force est également de constater une complémentarité relative entre ces deux sources de financement. Bien que les données fournies soient difficiles à comparer avec précision, en l'absence d'une nomenclature uniformisée, il se dégage globalement une logique d'un financement inversement proportionnel. Les secteurs d'intervention peu ou non financés dans le CAP, ont ainsi bénéficié de financements hors CAP et vice versa.

Dans le cadre du CAP, le secteur de l'eau et de l'assainissement ainsi que celui des abris et des biens non alimentaires n'ont pas reçu de fonds en 2004. En bas de tableau figurent, le secteur de l'éducation avec un financement de 3,5%, ceux de la relance économique et des infrastructures, puis de la lutte contre les mines à moins de 3%. Ils sont suivis de l'aide alimentaire avec un pourcentage de financement de 50%, et des secteurs multisectoriel, de la sécurité, de l'agriculture. Le domaine de la coordination arrive enfin en tête avec une couverture financière de 87,5 % des sommes sollicitées. Certaines Agences du Système des Nations Unies ont peu ou pas été financées par le biais du CAP. Il conviendra d'en analyser les causes et les conséquences.

A l'inverse, les secteurs marginalisés financièrement dans le CAP ont bénéficié d'un plus grand intérêt de la part des bailleurs de fonds hors CAP. Les sommes ainsi accordées ne sont cependant pas toujours affectées à un seul secteur. Il est par conséquent difficile de connaître avec précision la part consacrée à chaque domaine.

Pour autant, le domaine de la protection au sens large arriverait en première position (environ 23 millions de dollars, ou 26% par rapport aux financements hors CAP), suivi de la santé (20 millions ou 22%). La couverture financière des secteurs de l'eau et de l'assainissement, des biens non alimentaires et les infrastructures s'élèverait respectivement à hauteur de 3,7%, 5,1 %, 5% par rapport au montant total des financements hors CAP.

En totalisant les financements hors CAP et les sommes allouées dans le CAP, l'aide alimentaire a été la mieux financée (48,3 millions de dollars), suivi de la protection (24,5 millions), et de la santé. Les secteurs des infrastructures et l'éducation semblent ne pas avoir éveillé l'intérêt des bailleurs de fonds.

Un financement encore insuffisant

Toutefois et malgré les largesses dont ont bénéficié les actions humanitaires au Congo comparativement aux tendances mondiales, les financements n'ont pas été à la hauteur de toutes les espérances. Le domaine stratégique de la réhabilitation des infrastructures souffre énormément d'un manque de soutien financier. Il est pourtant essentiel pour la communauté humanitaire d'ouvrir les axes routiers, afin d'accéder à des zones nouvellement accessibles, d'identifier des besoins nouveaux et d'acheminer l'assistance plus aisément.

Dans le contexte particulier de la RDC, des besoins énormes existent du fait des nombreuses guerres et de catastrophes naturelles, auxquelles se greffent de nouvelles urgences en raison d'une situation sécuritaire précaire.

Les besoins identifiés et les activités proposées dans le CAP 2005 ont été recentrés vers les urgences et organisés selon des priorités et des objectifs réalistes. Ces derniers ont été établis de manière à rationaliser les activités humanitaires en tenant compte des limites d'accès et des capacités de réponse des ONG partenaires. Son montant de 185 millions de dollars est par conséquent un peu moins important que celui de l'année dernière et s'inscrit dans le mouvement descendant des sommes requises depuis 2003.

Le CAP 2005 se présente comme un outil mieux adapté par rapport aux années précédentes et dont la mise en œuvre participera à l'allègement des souffrances humaines. L'objectif en 2005 est d'obtenir plus de 70% des financements requis dans le CAP.

L'accession de la population congolaise à une vie plus digne ne dépend cependant pas uniquement de l'assistance humanitaire. « Il n'est pas de crises humanitaires. Il n'est que des conséquences humanitaires de crises politiques et de conflits », a estimé Jahal de Méritens, chef d'OCHA en RDC à l'occasion du lancement du CAP 2005 en RDC, le jeudi 18 novembre à Kinshasa. « Il est par conséquent important de se pencher sur les véritables causes du malaise congolais afin de réduire les vulnérabilités et conduire cette population sur la voie du développement durable », a ajouté M. de Méritens.