RDC Shinkolobwe : Pas de contamination radioactive mais la mine doit rester fermée

L'effondrement, le 8 juillet 2004, de deux galeries minières à Shinkolobwe près de Likasi, dans la province du Katanga, au sud-est de la République Démocratique du Congo (RDC), n'a pas provoqué de contamination radioactive, ont estimé les experts d'une mission pluridisciplinaire après s'être rendue sur le site du 27 au 30 octobre 2004.
Cet accident avait fait couler beaucoup d'encre à l'époque. La mine avait en effet été exploitée industriellement entre 1921 et 1959 pour son radium et son uranium avant d'être complètement fermée en 1961.

Au début des années 2000 cependant, des creuseurs entament une exploitation artisanale du cuivre et de l'hétérogénite, un minerai contenant du cobalt. Le gisement était particulièrement riche. Selon le responsable de la société Congo Minerals (COMIN), 12000 tonnes d'hétérogénite pouvaient être extraites tous les mois. Cette activité représentait par ailleurs une source de revenu largement supérieur à la moyenne des salaires en RDC pour les 6000 creuseurs de Shinkolobwe.

Bien que lucrative, les conditions de travail demeuraient pénibles et dangereuses. Les mineurs évoluaient dans des boyaux de 1 à 1,5 m de diamètre et d'une profondeur de 10 mètres. Ils extrayaient le minerai accroupis, sans protection aucune, avec des outils rudimentaires, puis remontaient manuellement le minerai à la surface.

Cette exploitation anarchique au détriment des règles de sécurité ainsi que le risque d'exposition de la population à des rayonnements ionisants avaient abouti à la l'interdiction, par décret présidentiel du 28 janvier 2004, de toute activité minière artisanale à Shinkolobwe.

Les travaux dans la mine ont toutefois continué jusqu'à l'accident du 8 juillet qui a coûté la vie à huit personnes. Les autorités ont alors entrepris d'appliquer la mesure présidentielle. Les 15.000 habitants de Shinkolobwe ont été sommés de quitter la localité. Le village a été brûlé ensuite par les autorités afin d'empêcher toute volonté de retour sur le site.

Il est en effet essentiel de prévenir toute exploitation artisanale de la mine. L'effondrement d'une partie de la mine n'a certes pas développé un taux de radioactivité anormal pour ce type d'endroit. En revanche, une exposition plus longue pourrait causer des problèmes de santé de manière chronique. Des échantillons de végétaux, de sols et de poussières sont par ailleurs actuellement examinés pour mesurer les effets d'une possible contamination par les métaux lourds sur la population et l'environnement.

Les fissures constatées par les experts, et la nature du sol rendent selon eux inévitables d'autres éboulements dans l'hypothèse d'une reprise anarchique de l'exploitation. Outre les conséquences humaines d'une telle catastrophe, ces effondrements pourraient cette fois-ci mettre à nu le minerai radioactif et accroître de façon significative la contamination du site.

L'accident de Shinkolobwe a été placé sous les feux des projecteurs en raison de l'utilisation de l'uranium de cette mine pour la confection des deux premières bombes atomiques qui ont été lancées sur Hiroshima et Nagasaki. Pourtant, au-delà de cette référence historique, ce sont les dangers implicites des exploitations artisanales minières à travers tout le Congo, que cet accident a révélé.