RDC Walikale: Les combats de septembre laissent une situation humanitaire précaire

Les affrontements à Walikale, zone minière importante à l'est de la République Démocratique du Congo, ont déplacé au mois de juin et de septembre 18.000 personnes selon les estimations données par l'administrateur du territoire aux membres d'une mission d'évaluation inter Agence, le 13 octobre.
Un timide retour a néanmoins été constaté depuis quelques semaines. Près de 4.000 personnes sont revenues depuis le déploiement de la MONUC il y a trois semaines. Les écoles ont ouvert à nouveau leurs portes le 11 octobre mais seuls 400 élèves sur les 3.000 inscrits l'année dernière s'y sont présentés.

La MONUC et l'UNICEF prévoient toutefois de soutenir des projets de réhabilitation d'établissements scolaires et de fournir du matériel didactique. Le Conseil Norvégien pour les Réfugiés (NRC) envisage également la reconstruction de classes d'école si les conditions sécuritaires le permettent.

Malgré la présence dissuasive des forces onusiennes, les conditions sécuritaires ne semblent pas être favorables à un retour massif. Certains habitants viennent le jour et repartent se réfugier la nuit dans la brousse.

Les affrontements du 10 au 24 septembre entre les Mayï-Mayï et les ex ANC pour le contrôle stratégique du chef-lieu de ce territoire au Nord Kivu, ont laissé une présence armée importante en ville. Les militaires se nourrissent sur les maigres récoltes des paysans. Des cas de harcèlement et d'enlèvements ont aussi été rapportés aux membres de la mission inter Agence. 54 personnes ont de plus été enlevées le 12 septembre à Masisi par des militaires. Selon les informations recueillies sur place, certains ont été intégrés de force dans l'armée, d'autres serviraient de cuisinier ou travailleraient dans les carrières minières pour le compte de ce commandant. La mission a recommandé à OCHA de plaider en vue d'obtenir la libération de ces personnes et pour la protection des civils.

Au niveau sanitaire, l'OMS a signalé des épidémies de choléra et de rougeole dans le territoire. La campagne nationale de vaccination contre la rougeole n'a pu débuter dans le territoire en raison de l'insécurité. Il a été toutefois décidé qu'une équipe composée de l'OMS, de l'UNICEF et de l'Inspection Provinciale de la Santé organisera une mission supplémentaire pour préparer cette campagne. Le nombre de personnes atteintes de maladies sexuellement transmissibles deviendrait inquiétant. Plus de 25 femmes auraient par ailleurs été violées par les soldats des deux camps lors des combats.

La situation humanitaire des 14.000 familles restantes, cachées dans la brousse, n'est guerre préférable. Des témoignages de retournés rapportent qu' : « Ils vivent sous de gros arbres ou dans des abris de pailles. La plupart d'entre eux ont été pillés par les militaires lors de leur fuite. Ils pratiquent la chasse et la cueillette pour survivre, se nourrissent de feuilles, de racines et d'écorces des arbres. Ils boivent l'eau stagnante et quand ils tombent malades se soignent avec des feuilles et des plantes ».