Situation humanitaire en République Démocratique du Congo : Note d'information à la presse, 24 février 2010

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Province de l'Equateur

- La grande majorité de la population déplacée dans le District du Sud-Ubangi est retournée dans son milieu d'origine. Ainsi, le nombre de déplacés internes est passé d'à peu près 60 000 à un peu plus de 30 000 personnes. Sur l'axe Bobito - Bozene - Kungu - Gemena et les environs de la localité de Bokonzi, la quasi-totalité des déplacés est retournée, tandis qu'à Dongo et Gosuma les retours sont encore timides. La plupart des habitants de ces deux localités se trouvent encore dans le département de la Likouala, en République du Congo.

- En République du Congo, un total de 50 309 réfugiés a été enregistré depuis le début des opérations le 16 janvier sur les deux axes fluviaux de Betou. Pour répondre à la situation des milliers de Congolais ayant fui les conflits intercommunautaires dans la province de l'Equateur, un budget de 58,8 millions de dollars américains a été adopté, dont 30,5 millions de dollars pour l'aide alimentaire du Programme alimentaire mondial (PAM) et 20,4 millions de dollars pour l'assistance multisectorielle du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).

Province du Katanga

- L'Administrateur du Territoire de Nyunzu signale la présence de 1 282 ménages déplacés dans sa juridiction. L'information n'est pour l'instant confirmée par aucune autre source.

- Dans le District du Tanganyika, quatre zones de santé signalent cette semaine des cas de choléra. A Kalemie, 52 cas sans décès ont été notifiés alors qu'un total de cinq décès a été enregistré dans la zone de santé de Kiambi. Une équipe mixte associant le district sanitaire et Médecins du Monde-France effectuera prochainement une mission d'évaluation dans la zone.

Province du Nord-Kivu

- Les problèmes de protection contre les populations civiles continuent à être signalés dans la province. En particulier, les déplacés du camp de Bihito, dans la région de Masisi Centre sont souvent victimes d'extorsion d'argent, biens de valeur et de réquisition forcée pour le transport des effets militaires. Les victimes pointent du doigt les militaires FARDC. A Masoya, dans le Territoire de Lubero, les populations se sont déplacées vers Butembo et Kitovu pour échapper aux abus des militaires des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC).

Province Orientale

- Dans le District de l'Ituri, les populations de 13 des 27 villages dans le Territoire d'Irumu encore sous contrôle des milices font l'objet d'incessantes exactions, selon une mission interorganisations qui s'est rendue du 15 au 18 février à Bukiringi, à environ 85 km au sud de Bunia.

- Médecins sans frontières - Suisse (MSF-CH) a mis fin, le 5 février, à son intervention d'urgence à la prison centrale de Bunia. Cette action, commencée le 3 décembre, faisait suite au fort taux de mortalité enregistré dans cet établissement pénitentiaire. Le taux a été réduit et 600 prisonniers ont pu bénéficier de cette assistance.

- MSF-CH mettra un terme, à partir du 12 avril 2010, aux admissions des enfants de moins de cinq ans à son hôpital Bon Marché à Bunia avant de fermer la pédiatrie générale le 19 avril. Les enfants malades devront se rendre en premier lieu au centre de santé le plus proche et seront, après examens, soit traités sur place, soit référés vers l'Hôpital général de Bunia. MSF-Ch appuie directement les centres de santé Central, Lembabo, Mudzipela, Saio, Simbiliabo et Chary ainsi que l'Hôpital général de référence (HGR) de Bunia. Cet appui consiste en la réhabilitation des infrastructures, l'approvisionnement en médicaments, la dotation en équipement et matériel médical, la formation et l'accompagnement du personnel soignant.

Province du Sud-Kivu

- Malgré la trêve observée entre les FARDC et les groupes armés, des déplacements de populations sont toujours observés, des hauts plateaux de Minembwe et d'Uvira vers les centres urbains, par crainte de représailles de la part des hommes en armes. D'autre part, l'amélioration de la sécurité dans la zone d'Itombwe pousse certains déplacés à retourner dans leurs milieux d'origine. Les acteurs humanitaires envisagent de reprendre leurs activités dans la zone.

- Environ 3 500 ménages ont été déplacés et une cinquantaine de maisons incendiées entre les 11 et 13 février à Lubuga, dans les hauts plateaux d'Uvira à la suite des représailles organisées par les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR). Les populations déplacées se sont dirigées vers le nord, dans les villages de Bibangwa, Kitembe, Kitoga et Rudefu.

- La protection des civils est une source de préoccupation dans les hauts plateaux d'Itombwe, en Territoire de Fizi, zones contrôlées par les FARDC. La population est régulièrement contrainte à transporter les effets des militaires. Par ailleurs, une recrudescence des violences sexuelles est signalée : 10 cas ont été reçus à l'Hôpital général de référence (HGR) de Mikenge. D'autres cas non encore vérifiés sont signalés à Mutanoga. En outre, quinze femmes ont été kidnappées le 10 février par les FDLR dans la zone d'Itombwe. Les corps de huit d'entre elles ont été retrouvés.

- Un camion loué par l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) pour le transport de matériel de construction d'une caserne temporaire destinée à la Police d'intervention rapide de Kigulube, dans le Territoire de Shabunda, a été attaqué le dimanche 21 février par des militaires FARDC voulant le réquisitionner. Lors de l'échange de tirs, deux militaires FARDC ont été tués ainsi qu'un civil qui était l'aide chauffeur du camion.

- Le nombre de cas de choléra à Sange, en Territoire d'Uvira, est passé de 70 la semaine précédente à 20 cette semaine. Il n'est donc plus question d'épidémie. Les mesures d'urgence seront toutefois maintenues pendant les trois prochaines semaines.

- Les pluies des 15 et 16 février ont causé des dégâts humains et matériels à Kalunga et Kamanyola, à 82 km au nord d'Uvira. Deux morts sont signalés. Les pluies torrentielles ont fait des dégâts importants dans la région au cours des derniers mois, laissant de nombreux habitants sans toit.