Dans la corne de l'Afrique, les crises atteignent un niveau d'urgence

Nairobi, le 2 juillet 2008 - De vastes régions de la Corne de l'Afrique font face - ou risquent de bientôt faire face - à un état d'urgence humanitaire, alors que plus de 14 millions de personnes auront un besoin urgent de secours alimentaires et d'autres formes d'aide humanitaire au cours des prochains mois.

Un combinaison de conditions propices à la sécheresse et l'augmentation du prix des aliments contribue à la crise, qui sévit au niveau de populations déjà vulnérables à cause des conflits, des déplacements et d'une baisse de la production alimentaire. Dans toutes les régions, cet état d'urgence est exacerbé par l'érosion des moyens de subsistance des populations pastorales sans terre, déplacées à l'interne, et des pauvres des milieux urbains. Dans les zones touchées par la sécheresse, des épidémies alimentées par des services d'hygiène et sanitaires déficients, ainsi qu'une pénurie de soins en matière de santé et de nutrition, créent des risques supplémentaires pour les mères et leurs enfants.

Alarmés par la situation, des membres de l'équipe régionale du Partenariat humanitaire, à Nairobi - le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU (BCAH), le Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR), le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) l'Organisation mondiale de la santé (OMS) le Programme alimentaire mondial (PAM), l'Organisation internationale de perspective mondiale, CARE International et Handicap international - demande aux gouvernements de la région et à tous leurs partenaires humanitaires, y compris les donateurs, d'agir sans retard afin de sauver des vies et de prévenir une escalade de la crise.

En Éthiopie, une évaluation conjointe réalisée par le gouvernement et les partenaires humanitaire indique que 4,6 millions de personnes ont besoin de secours alimentaires d'urgence - une augmentation de 2,2 millions de janvier à mars 2008. Selon le PAM, 5,7 millions d'autres personnes touchées par la sécheresse, dans les régions visées par le Productive Safety Net Programme (PSNP), nécessiteront une aide étendue (alimentaire ou monétaire) à la suite de la sécheresse. La sécheresse et les conflits en cours dans la région somalienne de l'Éthiopie ont créé un défi complexe pour le gouvernement et pour les agences humanitaires. Le ministère fédéral de la Santé estime que 75 000 enfants gravement dénutris vivent dans la région touchée ; l'UNICEF, qui a averti qu'encore beaucoup plus d'enfants seront à risque au cours des trois prochains mois, a formé un pont aérien pour faire parvenir des aliments à Addis-Abeba. Des maladies telles que la diarrhée aigue, la méningite et la rougeole, rendent la situation encore plus difficile. Parallèlement, la Central Statistics Authority soutient que l'inflation du prix des aliments atteint désormais 29,6 pour cent.

La crise alimentaire et des moyens de subsistance, en Somalie, est déjà critique après une quasi absence de pluie dans les régions centrales et du sud du pays, combinée à la violence et à la difficulté d'entrer en contact avec les populations touchées. Le prix du riz importé, par exemple, a augmenté dans plusieurs marchés de 350 pour cent de janvier 2007 à août 2008. Par conséquent, le nombre de personnes vulnérables ayant besoin d'aide humanitaire a augmenté de 40 pour cent depuis janvier 2008 ; elles sont maintenant 2,6 millions de personnes, soit 35 pour cent de la population totale. Ce nouveau chiffre comprend 600 000 pauvres des milieux urbains, un groupe de plus en plus vulnérable à cause du prix record des aliments. La dernière évaluation en matière de nutrition présente des niveaux de GAM (Global Acute Malnutrition) variant de 18,4 à 24,1 pour cent. La situation va probablement se détériorer au cours des prochaines mois, et 3,5 millions de personnes feront alors face à une urgence humanitaire.

L'insécurité alimentaire est très répandue au Kenya, où 1,2 millions de personnes ont besoin d'aide alimentaire ; on estime que 70 pour cent de l'ensemble de la population est touchée par l'augmentation du prix des aliments. L'augmentation de 30 à 50 pour cent, au cours de l'an dernier, du prix des aliments de base fait que plusieurs groupes risquent désormais la famine. D'autre part, l'inflation atteint maintenant 26,6 pour cent. Un des causes principales de la hausse des prix est la baisse de production alimentaire causée par les déplacements, en janvier et février 2008, qui ont suivi l'élection, principalement dans la province de Rift Valley, important centre de production alimentaire. Selon la Société kényane de la Croix-Rouge, au 1er juillet 68 519 personnes déplacées demeurent toujours dans une centaine de camps. On estime qu'un nombre tout aussi élevé de personnes déplacées vivent à l'extérieur des camps établis. La situation se complique du fait que la peste des petits ruminants (PPR) risque de se répandre dans les districts pastoraux. Le taux de mortalité de la PPR varie de 60 à 80 pour cent.

En Uganda, le district du nord-est de la région de Karamoja connaît une période sèche et des maladies de cultures en plus des conflits et du sous-développement. On craint sérieusement qu'une troisième année consécutive de mauvaises récoltes, qui menace la région, constituerait alors le pire des scénarios au niveau alimentaire. Le PAM distribuera des rations de secours à quelque 707 000 habitants de Karamoja, soit à 64 pour cent de la population de la région, jusqu'aux prochaines récoltes de septembre. D'autre part, des preuves empiriques font état d'augmentations du prix des aliments variant de 20 à 50 pour cent dans certaines régions du pays, même si on s'attend à ce que l'isolation relative et la capacité de production locale du marché minimisent quelque peu l'impact local de la crise alimentaire mondiale.

En Érythrée, les possibilités de sécheresse au cours de la prochaine saison des récoltes est élevée. Les pluies bahri, d'octobre 2007 à février 2008, ne se sont pas matérialisées de même que la majorité des cultures secondaires, qui comblent 20 pour cent des besoins en céréales du pays. Les pluies azmera, de mars à mai 2008, se sont avérées inférieures à la normale à l'exception des pluies d'avril. On garde prudemment espoir au niveau des pluies saisonnières kremiti, de juin à septembre. Toutefois, même à l'occasion de bonnes récoltes, la production alimentaire domestique répond au plus à 60 pour cent de la consommation annuelle. La combinaison de la sécheresse et des ses effets au niveau de l'augmentations des prix pourrait toucher une partie importante de la population.

À Djibouti, des chutes de pluie inférieures de 50% à la normale ont particulièrement nui aux moyens de subsistance des milieux pastoraux. Un total de 80 000 personnes connaissent une crise aigue au niveau de l'alimentation et des moyens de subsistance, tandis que le taux GAM de malnutrition des enfants de moins de cinq ans atteint 17 pour cent en général, et 25 pour cent dans le nord-ouest.

Pour de plus amples informations, communiquez avec :

Jens Laerke, agent d'information publique, Bureau régional du BCAH de l'ONU pour l'Afrique centrale et orientale, Nairobi. Courriel : laerke@un.org, téléphone : +254 (20) 762 2119, mobile : +254 (0)7 22 513 503

Beatrice M. Spadacini, responsable des communications et des médias de CARE International pour l'Afrique centrale et orientale, Nairobi : mobile: +254 (0) 725 22 10 36, Skype id: beaspada, email spadacini@ci.or.ke.

Michael Arunga, conseiller en communications d'urgence, World Vision Africa, + 254-20-883652, mobile : +254-721-213236, Skype : michael_arunga, courriel : Michael_Arunga@wvi.org

Peter Smerdon, agent sénior des affaires publiques, Programme alimentaire mondial, Nairobi: +254 207 622 179, mobile : +254 733 528 911, courriel : peter.smerdon@wfp.org