Conférence de presse du Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d'urgence sur l'organisation de l'aide en Haïti

Quatre jours après le séisme qui a dévasté une partie de la capitale Port-au-Prince et des localités environnantes, l'Appel éclair que le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) devrait officiellement lancer cet après-midi s'élève à 560 millions de dollars.

C'est ce qu'a annoncé aujourd'hui au cours de la conférence de presse qu'il tient tous les jours depuis le séisme en Haïti, le Chef d'OCHA et Coordonnateur des secours d'urgence, M. John Holmes.

La moitié de ce montant, « comme souvent dans ce genre de catastrophe », sera consacrée à l'aide alimentaire, a précisé M. Holmes, en ajoutant que le reste des fonds serait réparti en fonction des besoins urgents en eau, en médicaments et en abris.

Le Coordonnateur des secours d'urgence a expliqué que les fonds financeraient une aide à plus de 3 millions de personnes pendant une période de six mois. À ce stade, les promesses de contributions faites par les Etats Membres s'élèvent à 360 millions de dollars, une partie étant destinée à l'Appel éclair, une autre étant fournie bilatéralement pour soutenir les premiers efforts de reconstruction.

« Trente pour cent des bâtiments de Port-au-Prince ont été endommagés plus ou moins gravement », a noté M. Holmes, en invoquant des images satellites. Les cartes satellitaires, a-t-il dit, sont utilisées pour permettre un accès plus rapide des secours à partir de l'aéroport de la capitale vers les zones sinistrées et faciliter la distribution de l'aide par camions.

Le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires a aussi indiqué que l'aéroport, pour saturé qu'il soit, continuait de fonctionner nuit et jour pour accueillir les biens et les équipes de secours ainsi que les avions du Programme alimentaire mondial (PAM), du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), de Médecins sans frontières et d'autres agences.

Il a annoncé que les routes étaient peu à peu rouvertes mais que le port ne fonctionnait toujours pas. « Des avions ont pu transiter par la République dominicaine et le Panama pour se ravitailler ou embarquer d'autres biens », a-t-il ajouté.

M. Holmes a indiqué que, depuis hier, l'UNICEF et OXFAM distribuaient de l'eau et des rations alimentaires sous escorte des Casques bleus; le Gouvernement haïtien et l'ONU ayant établi ensemble 15 points de distribution à l'intérieur et autour de Port-au-Prince.

« Le cas échéant, nous pourrions réquisitionner les baraquements des contingents jordaniens situés près de l'aéroport pour stocker les réserves alimentaires,», a-t-il encore indiqué.

M. Holmes, qui n'a pas confirmé les scènes de pillage dans la capitale, a dit comprendre l'impatience « et même la colère » de la population. Il a assuré que les équipes sur le terrain travaillaient sans relâche pour surmonter les « indéniables » difficultés logistiques auxquelles elles se heurtent.

Il a par ailleurs confirmé que des camps de réfugiés seraient établis dès que possible dans les espaces ouverts, comme les terrains de sport et les parcs, pour permettre aux habitants de Port-au-Prince et de Jacmel, « livrés à eux-mêmes », de dormir en lieu sûr.

Le Coordonnateur des secours d'urgence a avoué qu'il ne disposait pas encore d'un bilan précis du nombre de victimes, mortes ou blessées. « La Croix-Rouge fait savoir que, pendant la seule journée d'hier, 9 000 corps ont été ramassés et regroupés dans des morgues de fortune, ce qui donne une idée de l'ampleur des pertes en vies humaines à laquelle nous devons nous attendre », a-t-il dit.

S'agissant de la situation sur le site en grande partie détruit, du quartier général de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), et où sont toujours piégés une centaine de membres du personnel de l'ONU, le Porte-parole du Secrétaire général, Martin Nesirky, a fait savoir que les équipes sur le terrain, en accord avec la direction de la Mission, prendrait « sous peu » la décision de passer à la phase de déblaiement.

« Nous savons qu'après 72 heures, les chances de retrouver des survivants baissent dramatiquement », a repris M. Holmes.

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