Haiti: Les Nations Unies lancent un appel en faveur de l'etablissement d'un couloir humanitaire

Port-au-Prince, 13 février 2004 - Les Nations Unies ont exprimé vendredi leur préoccupation suite au constat d'une sévère crise humanitaire en Haïti, due particulièrement à une détérioration accélérée de la situation politique dans le pays ces dernières semaines, et lancé un appel à l'endroit de toutes les parties haïtiennes en vue de l'établissement d'un couloir humanitaire qui doit permettre l'accès de l'aide humanitaire aux populations et communautés vulnérables dans plusieurs départements du pays.
L'appel de l'ONU a été lancé par le Coordonnateur Résident des Nations Unies en Haïti, Adama Guindo, qui s'exprimait dans le cadre d'une conférence de presse, donnée ce vendredi 13 février au local du Programme des Nations Unies pour le Développement, à Port-au-Prince.

"Au nom du Secrétaire Général, Kofi A. Annan, je lance un appel à l'endroit des toutes les parties haïtiennes pour qu'elles facilitent et coopèrent à l'ouverture d'un couloir humanitaire reliant Port-au-Prince et les trois départements de la région Nord via la ville des Gonaïves. Nous en appelons à toutes les parties pour qu'elles respectent les principes humanitaires relatifs à la protection de civils et le caractère inviolable des centres hospitaliers. Je réitère l'appel des Nations Unies pour qu'un accès aux personnes en situation d'urgence soit garanti à travers le pays", a déclaré Adama Guindo.

Le Coordonnateur a poursuivi : "Nous sommes préoccupés par la carence en essence dans le nord, craignant les conséquences de cette situation sur le fonctionnement régulier des centres hospitaliers et l'approvisionnement en eau potable. Nous avons aussi des inquiétudes concernant un manque de médicaments de base auxGonaïves et dans le nord".

Le Coordonnateur a rappelé aux journalistes l'appel lancé en avril 2003 par le Système des Nations Unies en Haïti (SNU), de concert avec ses nombreux partenaires, en vue de la mobilisation de $84 millions afin de répondre aux besoins urgents des populations et communautés vulnérables en Haïti. Cet appel, suivi à environ 40%, était une conséquence de la détérioration accélérée des conditions de vie des couches vulnérables dans le pays. Malheureusement, la situation humanitaire ne s'est pas amélioré et a même empiré.

La recrudescence de l'insécurité a mis sérieusement à mal le processus de distribution de la nourriture dans le pays et la plupart des centres d'approvisionnements sont déjà en rupture de stocks.

A mesure que la violence se répand à travers le pays, il devient de plus en plus difficile pour les enfants, qui figurent déjà parmi les groupes les plus vulnérables de la population, d'avoir accès aux soins de santé, à la nourriture, au logement, et à l'éducation. Sur le plan éducationnel, les écoles, à 80% privées, fonctionnent de façon intermittente et accusent un fort taux de désertion en raison principalement du climat délétère qui menace même de perturber l'année académique.

La situation est telle que la neutralité d'hôpitaux a été violée dans la capitale (Port-au-Prince) et dans plusieurs autres villes du pays, tandis que le personnel médical est victime de l'insécurité. Face à cette situation, il y a de réelles craintes que certaines personnes vivant avec le VIH ne soient obligées d'interrompre leur traitement.

En réponse à la violence armée, oeuvre de gangs et autres groupes armés dans le pays, les Nations Unies sont en train d'appuyer les efforts en cours dans le cadre d'un programme de désarmement, indispensable dans la recherche d'une issue pacifique à la crise actuelle que connaît le pays.

Une mission spéciale inter-agence des Nations Unies, conduite par le Bureau de Coordination pour les Affaires Humanitaires (OCHA), séjourne depuis le 8 février en Haïti en vue de faire une évaluation de la situation humanitaire dans le pays. La mission a exprimé vendredi sa préoccupation concernant l'accès aux populations civiles vulnérables rendues de plus en plus difficiles ainsi qu'en ce qui a trait à l'insécurité grandissante et à la progression de la crise politique dans le pays.

Suite à la récente dégradation de la situation socio-politique en Haïti et la carence en ressources pour permettre au pays de répondre éventuellement à notamment à des désastres naturels, l'équipe de pays des Nations Unies reste préoccupée et en appelle de nouveau à la collaboration de la communauté des bailleurs dans la perspective d'un plan de contingence en faveur des populations vulnérables d'Haïti.

Pour plus d'information, veuillez contacter M. Roromme Chantal, Responsable de l'information et de la communication au bureau du Programme des Nations Unies en Haïti aux numéros de téléphone suivants : Tél. : (509) 244-9361 à 65. Email : roromme.chantal@undp.org