Mali : Note d’informations humanitaires sur la région de Ménaka - Rapport de situation #1 - 15 juin 2022

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Ce rapport est produit par OCHA Mali en collaboration avec les partenaires humanitaires. Il couvre la période du 1er au 15 juin 2022.

Faits saillants

  • Attaques de villages suivis d’incursions et d’affrontements entre des groupes armés provoquant des mouvements de populations ;
  • Plus de 50 000 personnes déplacées internes et 16 000 réfugiés nigériens à Ménaka-centre ;
  • Nouveaux affrontements armés le 3 juin dans le village d’Anderamboukane, déjà confronté à des contraintes d’accès ;
  • Retrait de Barkane de Menaka ce 13 juin. Un bataillon des FAMa occupe ses anciennes installations.

Aperçu de la situation

La multiplication des foyers de tension entre les groupes armés antagonistes dans la Région de Ménaka a des incidences sur la protection des civils. Suite aux conflits armés éclatés depuis mars 2022, les populations sont en perpétuel déplacement en quête d’un lieu de refuge sûr. En toile de fonds de ces incertitudes se trouvent la rupture de l’accord entre les groupes signataires de l’accord et les mouvements islamiques, le départ des forces Barkhane et le lancement des opérations de ratissage des groupes armés non signataires par les forces nationales. A cette question s’ajoute la faible présence étatique dans la Région.

Ces affrontements entre des groupes armés ont entraîné des mouvements de population, essentiellement d’autres localités vers le chef- lieu de la région, Ménaka. La ville a accueilli plusieurs vagues successives des personnes déplacées internes (PDI).

Plus de 55 902 personnes déplacées et 15 967 réfugiés nigériens, installés sur des sites spontanés créés dans les périphéries de Ménaka, dans des familles d’accueil mais aussi dans des bâtiments administratifs. L’on note également la présence de plusieurs PDI dans les villages situés sur l’axe Ménaka-Inékar. Ces PDI vivent, selon des sources humanitaires, dans des conditions critique malgré les réponses humanitaires apportées depuis mars 2022.

Réponse humanitaire et gaps

L’Etat a octroyé un espace de 10 hectares au Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR), en vue de l’installation des réfugiés nigériens et, en partie, des PDI qui voudraient s’y installer de façon volontaire. En partenariat avec le HCR, le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC) est en train de monter 118 abris type unité de logement pour les réfugiés (RHU) sur ce camp. Six blocs de latrines ont été déjà construits par le NRC avec l’appui financier du HCR. NRC envisage de construire cinq blocs de latrines supplémentaires. Il est prévu la construction des points d’eau, d’un dispensaire et d’autres bâtiments à usage public.

Au total, sept évaluations des besoins ont été menées. Elles ont été suivies de fourniture d’assistance (abris et biens non alimentaires, assistance alimentaire, eau, hygiène et assainissement, santé, ...) en nature ou à travers le transfert monétaire (cash). International Rescue Committee (IRC) a fait des appuis multisectoriels (NFI, vivres et kits covid) à 2027 PDI dont 48% en avril et 52% en mai 2022 tandis que le HCR a distribué en mai 2022, 353 kits NFI aux PDI.

Selon tous les acteurs, l’accès à l’eau constitue une priorité aussi bien pour les déplacées que pour les communautés hôtes. Il existe des forages défectueux nécessitant une réhabilitation, sans oublier les besoins de construire des points d’eaux supplémentaires. L’UNICEF, à travers une entreprise locale, est en train de construire deux forages dans la ville de Ménaka. Sur le plan de la santé, Médecins du Monde (MdM) soutient 27 structures de santé communautaires dans les cercles d’Anderamboukane, d’Inékar et de Tidermène. Avec l’obstruction de l’accès humanitaire, cette organisation conduit des cliniques mobiles sur les lieux de regroupement des PDI à Ménaka-centre. Par ailleurs, MdM et un autre partenaire appuient les centres de santé communautaires dans une logique de complémentarité. Cependant, il est important de mentionner que les activités de MdM en dehors de la ville sont suspendues depuis trois semaines à cause du contexte sécuritaire. UNICEF appuie une équipe mobile qui organise de la vaccination et de la consultation dans les localités périphéries tandis que l’OMS renforce la surveillance épidémiologique à travers les relais communautaires identifiés dans les localités périphériques. Toutefois des gaps importants restent à combler notamment en termes d’accès à l’eau, des vivres, d’abris et articles non alimentaires.

Coordination générale

Le 13 juin, OCHA et NRC ont co-facilité une séance de travail avec d’autres organisations humanitaires (IRC, GARI, HCR, MdM-Be, AMSS) en vue de la mise en place d’un Groupe de travail accès régional (GTA-R) pour la gestion de la complexité de l’espace humanitaire qui se rétrécie progressivement au gré des épisodes conflictuels. Ce GTA se veut être un cadre de réflexion et d’analyses communes devant éclairer le Groupe Inter-Agences de coordination (GIAC) local dans la recherche des solutions au défi d’accès humanitaire. Il est composé de 11 organisations (ONG nationales et internationales, deux agences des Nations Unies, un observateur) avec OCHA et NRC respectivement comme lead et co-lead). Le GTA-R Ménaka prévoit de se réunir toutes les deux semaines.

Accès humanitaire et défis

Il y a une forte demande d’accès aux localités d’Anderamboukane et d’Inékar de la part des humanitaires. La mission Accès/CMCoord en cours dans la région, poursuit les contacts à tous les niveaux en vue de faciliter l’accès humanitaire à ces localités. Les partenaires font face à des graves difficultés de transport de stocks humanitaire de Gao à Ménaka. Le prix à payer aux transporteurs privés pour un accès sans risque devient de plus en plus exorbitant. L’option de s’appuyer sur les escortes (dernier recourt) ne réduirait pas les risques d’engins explosifs sur l’axe et exposerait davantage les opérations humanitaires. L’installation d’un entrepôt mobile à Menaka serait une solution à explorer en vue du prépositionnement des intrants en prélude de la saison pluvieuse qui s’annonce.

L’accès des PDI à l’assistance humanitaire dans la ville de Ménaka est obstrué en raison de la multiplicité des acteurs intervenant dans les évaluations et l’identification des bénéficiaires. Il y a un risque que plusieurs déplacés ne soient pas enregistrés en vue d’accéder à l’aide humanitaire ou que des populations hôtes figurent sur les listes des PDI. Des discussions sont en cours en vue d’une approche commune de suivi et harmonisée pour toutes les catégories vulnérables.

Les mouvements sont dynamiques. Les anciennes PDI (arrivées en mars 2022) et les nouvelles souffrent des mêmes vulnérabilités et présentent les mêmes besoins. Le RRM/IRC a conduit du 8 au 13 juin, une évaluation globale incluant la localisation des dernières arrivées dans les différents endroits de la ville de Ménaka. Les conclusions de cette évaluation seront intégrées dans le plan opérationnel finalisé avec l’aide des clusters et acteurs présents à Ménaka.

Pour plus d’informations, veuillez contacter :
Sylvain Batianga-Kinzi, Chef de Sous-Bureau OCHA Gao-Kidal-Ménaka, batianga-kinzi@un.org, Tél : +223 82604094 Amy Martin, Chef de bureau OCHA Mali, martin23@un.org, Tél : +223 92414450
Ibrahima Koné, Chargé de l’information publique et du plaidoyer, OCHA Mali, kone65@un.org, Tél : +223 75995581 Les produits d’informations sur la situation humanitaire au Mali sont disponibles sur www.reliefweb.int/country/mli; www.humanitarianresponse.info/fr/operations/mali/; www.unocha.org/mali/
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