Allocution de la Sous-Secrétaire générale des Nations unies pour les Affaires humanitaires et Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence, Ursula Mueller, Audience avec le Gouvernement de la République du Niger

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Niamey, 10 décembre 2019

Votre Excellence, Monsieur le Premier Ministre, mesdames et messieurs les ministres, mesdames et messieurs les représentants des autorités nigériennes,

Chers collègues chefs d’agences des Nations unies, mesdames et messieurs membres de la presse, chers partenaires,

Je remercie Monsieur le Premier ministre et son Gouvernement pour l’opportunité remarquable qui m’est offerte aujourd’hui d’échanger avec vous, de mieux saisir les priorités du Gouvernement, de mesurer l’importance des défis auxquels le pays est confronté, et de m’informer des actions entreprises par les autorités pour y faire face. Je vous remercie également pour l’excellente collaboration dont vous avez toujours fait preuve ainsi que pour l’accueil chaleureux que vous m’avez réservé ici au Niger.

Les Nations unies sont extrêmement préoccupées par les multiples crises qui affectent la République du Niger. Les attaques croissantes des groupes armés et les violences intercommunautaires au Burkina Faso, au Mali et au Nigeria, ainsi que les chocs climatiques, affectent de plus en plus de personnes au Niger.

A l’heure actuelle, 2,3 millions de personnes, c’est-à-dire plus d’une personne sur dix, ont besoin d’assistance humanitaire. L’année prochaine ; le nombre de personnes ayant besoin d’aide d’urgence risque d’atteindre environ 2,9 millions.

De nombreux secteurs déterminant pour l’avenir du pays risquent d’être mis en péril. Dans certaines régions en proie aux conséquences de la violence dans les pays voisins, de nombreuses écoles sont maintenant fermées, mettant à mal l’avenir de dizaines de milliers d’enfants, y compris de nombreux déplacés internes. L’insécurité alimentaire et la malnutrition chroniques contre lesquelles lutte le gouvernement restent un défi majeur. Les services médicaux sont également lourdement affectés.

Les civils et les humanitaires sont de plus en plus la cible d’attaques perpétrées par des groupes armés non étatiques. J’en profite pour en appeler à tous les acteurs impliqués dans les diverses crises qui affectent le Niger à épargner et protéger les civils ; à respecter la neutralité des acteurs humanitaires ; et à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour garantir un accès libre et sans danger à l’aide humanitaire pour toutes les personnes ayant besoin d’assistance d’urgence.

Je remercie d’ailleurs Monsieur le Président, ainsi que Monsieur le Premier Ministre et le Gouvernement d’être sensibles aux sollicitations des humanitaires et de travailler avec nous pour trouver les modalités qui nous permettront d’atteindre les personnes les plus vulnérables dans le respect des principes humanitaires qui doivent impérativement sous-tendre nos actions.

Face à ces défis, je salue les efforts des autorités nigériennes et également la générosité des communautés d’accueil, qui font eux-mêmes partie des personnes les plus vulnérables au monde, étant affectées par la sécheresse, les intempéries ravageuses et les changements climatiques ruinant les cultures et décimant le bétail.

A la générosité remarquable dont fait preuve le peuple nigérien, malgré l’adversité, nous nous devons de répondre par un soutien accru afin de renforcer leurs efforts et d’éviter que les crises ne prennent des proportions incontrôlables dans une région déjà lourdement affectée.

Les Nations unies et les ONG partenaires ont développé, en collaboration avec le Gouvernement, un plan de réponse humanitaire visant à apporter l’aide vitale nécessaire à 1,9 millions de personnes parmi les plus vulnérables.

Des résultats importants ont été atteints par les acteurs humanitaires depuis le début de l’année. Ils ne peuvent être tous mentionnés mais je souhaiterais souligner que, depuis le début de l’année, plus de 400,000 enfants de moins de 5 ans confrontés à la malnutrition ont reçu l’assistance d’urgence dont ils avaient besoin. Près de 600,000 personnes ont bénéficié d’un accès à l’eau potable ou à des services d’hygiène et d’assainissement.

Mais le plan de réponse humanitaire, dont le budget s’élevait à 407 millions de dollars pour 2019, n’est toujours financé qu’à hauteur de 59 pour cent. Au-delà des chiffres, cela signifie que 4 personnes sur 10 n’ont pas reçu l’aide humanitaire dont ils ont besoin pour survivre.

Avec les nouvelles urgences auxquelles est confronté le pays dans les régions de Tillabéry ou de Maradi, nous nous devons d’accroître encore plus l’assistance que nous apportons afin d’éviter que la déstabilisation que nous voyons dans les pays voisins ne gagne le Niger.

Aujourd’hui, plus que jamais, le soutien des Nations unies, des acteurs humanitaires, des acteurs de développement et de la communauté internationale est essentiel.

Le Niger est un acteur clé, non seulement pour la zone du bassin du Lac Tchad, mais aussi pour toute la région du Sahel et bien au-delà, y compris pour l’Europe.

Le Niger présente également de nombreuses opportunités de développement, avec un Gouvernement solidement favorable aux partenariats et à la collaboration en vue de l’amélioration des conditions de vie des citoyens et des personnes qu’il accueille, qu’elles soient réfugiées ou migrantes.

Il est primordial que la communauté internationale offre un niveau de soutien plus élevé et un appui plus important et plus diversifié au Niger, afin d’aider les autorités à répondre de la meilleure façon possible aux urgences humanitaires, mais également et surtout à renforcer les projets de développement initiés par le gouvernement en particulier dans les régions les plus fragiles.

Je vous remercie pour votre attention.